Le Centre de compétences GTB, l'Isec, la Fédération des intégrateurs et la House of Training s'allient pour professionnaliser la formation ICT grand-ducale.  (Photo: Paperjam Studio)

Le Centre de compétences GTB, l'Isec, la Fédération des intégrateurs et la House of Training s'allient pour professionnaliser la formation ICT grand-ducale.  (Photo: Paperjam Studio)

Dans l’idée d’en finir avec la pénurie toujours plus importante de spécialistes ICT, quatre figures de la Place ont choisi de combiner leurs expertises pour monter un centre de compétences professionnel dédié au secteur et placé sous l’ombrelle de la Fédération des artisans et d’ICT Luxembourg. Ses statuts ont été déposés ce 23 novembre. «Il y a un manque criant de ressources en informatique, et ce à tous les niveaux, affirme Vincent Lekens, président de la Fédération des intégrateurs, qui fête ses 25 ans cette année. Les acteurs se piquent leurs ressources, ce qui crée une inflation énorme des salaires et engendre une perte de compétitivité pour nos entreprises. La formation continue est une des réponses à apporter.»

Étant donné l’importance du secteur, nous ne pouvons plus faire de bricolage.

Marc Ant, CdC GTB

Si aucun contenu n’a été spécifiquement développé pour le nouveau centre de compétences Information and Communication Technologies, il se chargera, dans un premier temps, de rationaliser l’existant. Les cours débuteront dès janvier 2016. «Notre premier objectif est de développer un système de formation professionnelle cohérent et structuré, ce qui faisait défaut jusqu’à présent, cadre Marc Ant, administrateur-délégué du Centre de compétences en génie technique du bâtiment. Nous ne voulons pas réinventer la roue ni créer de structure écrasante, mais rassembler et valoriser les meilleures initiatives et favoriser les méthodes virtuelles. Étant donné l’importance grandissante du secteur ICT, nous ne pouvons plus faire de bricolage.» Outre un accès complet aux formations existantes, en ayant recours au centre, les entreprises pourront opérer différentes économies d’échelle, notamment en n’envoyant plus leurs collaborateurs se former à l’étranger.

Ancrage de terrain

Allier théorie et pratique, tel sera le moteur du centre de compétence ICT, afin de répondre enfin aux besoins actuels des entreprises. Autre angle d’attaque: la reconversion de profils peu qualifiés ou au chômage. Le CdC ICT travaillera également avec l’Adem en ce sens.

L’ICT doit s’émanciper du secteur bancaire et aller au-delà.

Nico Binsfeld, HoT

Structurées selon le Cadre européen des certifications (CEC.EQF) pour plus de transparence, des formations de base associées aux métiers artisanaux et des modules qualifiants et certifiants seront proposés. Tout un écosystème est en train de se mettre en place autour du centre, qui bénéficiera du soutien logistique de la Chambre de commerce et la Chambre des métiers.

«Nous n’avons pas uniquement besoin de PhD, mais de ressources dans tous les métiers de l’IT. C’est surtout la couche en dessous qui manque», explique Nico Binsfeld, CEO de la House of Training, qui se positionne comme l’organisme de formation du patronat. «Notre but n’est pas de faire de la concurrence à l’Université du Luxembourg», le rejoint André Reuter, recteur et président d’Eufom Luxembourg, institution bientôt intégrée à l’Isec. «Nous souhaitons privilégier les connaissances directement utilisables sur le terrain. Ce faisant, nous allons équilibrer l’offre et la demande de profils. C’est ce qui fera notre force.» Une faculté Information and Communication Technologies devrait également voir le jour au sein de l’Institut supérieur d’économie.

Doper le secteur

Pour Nico Binsfeld, l’expansion du secteur est déjà freinée par le manque de compétences présentes au Luxembourg. «L’ICT doit s’émanciper du secteur bancaire et aller au-delà. Pour le moment, le pays s’est surtout centré sur l’infrastructure et les centres de données. Or la valeur est ailleurs, dans le monde applicatif ou les services. On n’a aujourd’hui pas les compétences requises pour les développer. 90% des travailleurs du secteur viennent de l’étranger, il est urgent de former localement. Plus que les avantages fiscaux, c’est le capital humain qui fera la différence.» Parmi les métiers particulièrement en pénurie: les analystes, chefs de projets, spécialistes du Big Data, en sécurité, ingénieurs réseau… «Il faut aller de plus en plus loin pour les trouver, ce qui pose différents problèmes en termes de langues, de rétention... C’est un phénomène qui nous touche tous», poursuit-il.

Le but des quatre fondateurs est aussi de sensibiliser à l’intérêt des carrières IT. «Nous voyons le centre comme un think tank, note encore Vincent Lekens. Nous voulons défendre le secteur dans son ensemble et montrer aux jeunes que les parcours dans l’IT peuvent être passionnants.» Et Marc Ant de terminer: «La vision de l’ICT a fondamentalement changé. De service, elle se dirige vers une notion de ressources intangible et différenciatrice. Nous nous inscrivons dans cette logique.» Au niveau du financement, le centre fonctionnera, non pas via des cotisations, mais grâce à des ressources propres dont la répartition est encore à définir. Un site web dédié est également en préparation.