Le centre de conférences du Kirchberg sera un des centres névralgiques de la présidence luxembourgeoise.  (Photo: luxcongress.lu)

Le centre de conférences du Kirchberg sera un des centres névralgiques de la présidence luxembourgeoise.  (Photo: luxcongress.lu)

Les premiers jours de la présidence luxembourgeoise seront certainement marqués du sceau de la crise grecque, qui s’est posée de manière assez brutale – mais tellement prévisible – sur le haut de la pile des dossiers à traiter. 

Mais les «sujets chauds» ne manqueront pas à l’agenda de ces six prochains mois. Migration, fiscalité, accords transatlantiques, marché des capitaux…: il y aura du travail au sein des commissions et autres réunions techniques qui seront organisées au Luxembourg. Un travail qui, dans sa grande majorité, sera donc déjà prémâché, sans que les acteurs politiques luxembourgeois puissent vraiment influer sur leur déroulement. 

La présidence est à la fois une affaire de prestige, mais également d’habileté politique et diplomatique.

 Serge de Cillia, CEO de l'ABBL

Cela n’empêche pas les décideurs économiques luxembourgeois d’espérer que le Grand-Duché fera honneur à sa réputation. «La présidence est à la fois une affaire de prestige, mais également d’habileté politique et diplomatique pour ménager les intérêts du pays tout en faisant preuve de la neutralité requise et qui incombe à la présidence», indique à Paperjam Serge de Cillia, le CEO de l’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL). «Les attentes vis-à-vis du Luxembourg sont grandes, mais les talents et l’expérience dans l’administration le sont également.»

«Une présidence neutre, sinon ouverte»

Le groupement des banquiers espère pouvoir compter sur «une présidence compétente et pour le moins neutre, sinon ouverte», indique M. de Cillia, particulièrement attentif à ce qui constituera l’un des dossiers majeurs de ces six prochains mois: la réforme de la structure bancaire, avec un projet de règlement destiné à s’appliquer aux banques systémiques, celles pour lesquelles une faillite aurait des répercussions majeures sur le système financier. 

«La proposition initiale de séparation de certaines de ces banques pourrait également avoir des répercussions sur les activités de la place financière», rappelle M. de Cillia. «Mais cela pourrait aussi toucher des activités qui sont moins présentes au Grand-Duché comme le trading pour compte propre ou le market-making. En tant que place bancaire internationale de renom, le Luxembourg compte la plupart des grands groupes financiers implantés au travers de filiales ou de succursales. D’autres groupes y ont établi leur siège pour l’Europe. Cette proposition ne laisse donc aucun des grands acteurs de la Place indifférent.»

Les entreprises au cœur

L’importance stratégique de cette présidence qui commence ne concernera évidemment pas que la place financière. Du côté de la Fedil, on sera également très attentif à tout ce qui va concerner le soutien et l’aide au développement des entreprises sur le Vieux Continent. «Ce sont elles qui détiennent la clé du succès de l’Europe et qui constituent notre richesse à travers leur innovation, leur productivité et leur recherche de l’excellence», rappelle Henri Wagener, conseiller affaires européennes à la Fedil et qui dirige le bureau de représentation de l’organisation patronale auprès de BusinessEurope à Bruxelles. «Les enjeux dépassent donc largement le cadre purement national et les solutions doivent être apportées par l’Europe pour créer un cadre dans lequel les entreprises peuvent générer de la croissance et créer des emplois.»

La présidence devra veiller à ce que les entreprises européennes ne fassent pas les frais d’une politique unilatérale.

Henri Wagener (Fedil)

Pour lui, pas de doute: la présidence luxembourgeoise détiendra un rôle clé de coordination de la position de l’Union européenne, «et elle devra veiller à ce que les entreprises européennes ne fassent pas les frais d’une politique unilatérale». 

Elle devra également faire encore davantage avancer les choses en matière d’accomplissement du marché intérieur, alors que les obstacles de taille et autres «chaînons manquants» subsistent. «Il s’agira d’inciter la Commission européenne à proposer des solutions à la fois ambitieuses et pragmatiques, afin d’apporter les bonnes solutions aux difficultés rencontrées par nos entreprises», estime M. Wagener.

Deux autres actions concrètes sont attendues par la Fedil au cours de ces six prochains mois: la mise sur les bons rails de la politique à mener en matière d’économie numérique et des avancées significatives sur le dossier de l’accord transatlantique TTIP, non seulement avec les parties concernées, mais aussi vis-à-vis de l’opinion. Car il s’agira, aux yeux de M. Wagener, «de convaincre l’opinion publique du bien-fondé de cet accord et de ses répercussions positives sur la croissance et l’emploi en Europe tout en assurant le maintien du niveau élevé de protection des consommateurs.»