Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al-Thani ne peut pas reprocher un manque de rentabilité à «ses» banques luxembourgeoises. (Photo: Licence C.C.)

Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al-Thani ne peut pas reprocher un manque de rentabilité à «ses» banques luxembourgeoises. (Photo: Licence C.C.)

En quatre ans, Precision Capital, actionnaire à 89,9% de la Banque internationale à Luxembourg (Bil), a récolté 193 millions de dividendes de l’institution, avait calculé Paperjam.lu la semaine dernière. Un chiffre intéressant pour une mise de départ de 656 millions en 2012.

Mais l’actionnaire qatari a le nez fin. Actionnaire, à 99,9% cette fois, de KBL epb depuis 2012 également, il pourrait à nouveau voir ses dividendes s’épaissir ce mercredi après la divulgation des résultats annuels de la banque privée. L’acquisition s’était faite pour un peu plus d’un milliard d’euros. Un investissement qui lui a déjà rapporté 143 millions d’euros de dividendes sur les trois premiers exercices: 31,7 millions en 2013, 67 millions en 2014, et 45 millions en 2015.

Si les projecteurs sont actuellement tournés vers Precision Capital, c’est que la rumeur court – lancée par Bloomberg en fin de semaine dernière – que le véhicule lié à la famille royale du Qatar voudrait se séparer de la Bil. Une information qu’aucune des parties n’a, jusqu’à présent, souhaité commenter.

La dynastie Al-Thani

Aux sources de Precision Capital, on trouve le nom de Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al-Thani (58 ans), puissant membre du clan régnant sur le richissime émirat gazier. Il en a été le ministre des Affaires étrangères de 1992 à 2013, et le Premier ministre d’avril 2007 à juin 2013.

Investisseur à titre personnel, en même temps que responsable du fonds souverain qatari pendant de nombreuses années, on retrouve sa trace au Luxembourg dès 2006 lors de la constitution de la société Balestra Properties, au capital de 31.000 euros et montée par des sociétés logées au Panama. Il en est un des trois administrateurs, les deux autres étant domiciliés à la même adresse à Doha.

C'est cette société, transformée en Al Mirqab Finance SA (février 2011), puis en Precision Capital un mois plus tard, qui a repris les deux banques luxembourgeoises. Elle a ainsi procédé à deux augmentations de capital successives: 1,05 milliard d’euros en février 2012, et 800 millions en septembre de la même année.

La bouteille à encre

Il reste difficile de savoir ce que l’investisseur qatari fera réellement de ses participations dans ces sociétés luxembourgeoises. Propriétaire de nombreux biens immobiliers, notamment à Londres, et d’une part conséquente de l’actionnariat de Deutsche Bank, les intérêts des investisseurs privés du clan Al-Thani se confondent souvent avec les participations de l’État lui-même.

Ceci dit, on trouve à nouveau la trace de Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al-Thani dans la composition du conseil d’administration de la SA de droit luxembourgeois Opera Real Finance, créée en octobre 2013 avec un capital social de 31.000 euros. Un nouveau vaisseau pour de nouvelles aventures?