Pour multiplier les possibilités de trouver une voiture, la Ville va investir 2,8 millions d’euros supplémentaires en deux ans. (Photo: shuterstock)

Pour multiplier les possibilités de trouver une voiture, la Ville va investir 2,8 millions d’euros supplémentaires en deux ans. (Photo: shuterstock)

L’autopartage a-t-il un avenir au Luxembourg, où le nombre de voitures pour 1.000 habitants atteint le record européen de 670 et où 2018 s’est achevée sur un record de nouvelles immatriculations?

Oui, est convaincue la Ville de Luxembourg, qui procédera avant l’été à une augmentation de capital de 2,8 millions d’euros de Carloh, son service de carsharing lancé fin 2015.

Selon le manager de Carloh, Patrick Hein, cela permettra de tripler le nombre de «stations» (26) et de voitures mises à disposition (52). «Ça peut prendre un peu de temps», explique-t-il à Paperjam. «Il y a les questions légales et de procédure. Ensuite, nous devons trouver des emplacements de stationnement à l’extérieur, conformes au Code de la route. Puis nous lancerons l’appel d’offres pour acheter les voitures. Mais la Ville entend clairement accélérer le déploiement du service.»

Utilisation plus faible que prévu

Contre la voiture, signe extérieur de richesse et de réussite sociale, l’autopartage doit être simple, facilement accessible et bon marché. 

Même si officiellement, on se félicite de compter 670 clients, dont 450 réguliers, l’utilisation des voitures est inférieure de 50% à ce que prédisait l’étude de marché de 2012: les clients prennent la voiture pour 5 heures et 40 kilomètres en moyenne.

«Luxembourg n’est pas une ville comme Sarrebruck ou Aix-la-Chapelle», explique M. Hein. «Ni dans la symbolique liée à la voiture ni dans le maillage des transports publics. Sur le territoire de la capitale, vous avez le bus, le vélo ou le tram pour aller d’un point à l’autre et cela fonctionne.» 

«L’autopartage n’a pas été mis sur pied pour gagner des millions d’euros, mais pour offrir une solution de mobilité supplémentaire.» Le manager de Carloh appelle même à la prudence avec la notion de rentabilité ou de profitabilité. «Personne ne sait s’il faudra 5, 10 ou 15 ans. Notre partenaire technologique, Cambio Carsharing, a mis 15 ans à stabiliser les choses dans certaines villes comparables. L’autopartage doit entrer dans les mentalités. Nous avons même des clients potentiels qui nous disent ne pas vouloir s’assoir sur un siège utilisé par d’autres conducteurs… et qui préfèreront prendre leur véhicule personnel…»

Même prudence chez Flex

Même prudence chez l’autre service d’autopartage, Flex, lancé par les CFL il y a un an. Avec 30 stations, adossées aux gares du pays, et 80 véhicules à disposition, «nous avons enregistré 1.100 clients», précise le directeur de Flex, Jürgen Berg.

«Certains n’ont même pas encore utilisé le service une fois. D’autres en ont probablement profité pour essayer une voiture électrique avec l’idée d’en acheter une. Nous voyons qu’il y a un intérêt par le nombre d’appels et de mails que nous recevons. À nous de prouver que le système est fiable pour offrir une solution de dépannage, surtout à des expats qui ont l’habitude du carsharing et des jeunes confrontés à la problématique de la rareté des places de parking.»

À une trentaine d’euros chez les deux opérateurs, pour 5 heures et 40 kilomètres et face à la gratuité promise des transports publics en 2020, l’autopartage restera une solution d’appoint. Pour aller à la frontière belge dans un grand magasin de meubles à monter soi-même, faire ses grosses courses mensuelles ou aller à un événement sans avoir à se soucier du transport.