Claude Bizjak est prêt à discuter avec les syndicats. Mais la marge est étroite. (Photo: Confédération luxembourgeoise du commerce)

Claude Bizjak est prêt à discuter avec les syndicats. Mais la marge est étroite. (Photo: Confédération luxembourgeoise du commerce)

Faut-il revoir la législation sur les heures d’ouverture et de fermeture des commerces?

Claude Bizjak. – «Oui, pour la CLC, c’est absolument nécessaire. Nous sommes face à des règles complexes et pas du tout cohérentes. Les possibilités d’ouverture diffèrent selon les endroits, la semaine, le week-end… Les gens ne s’y retrouvent plus.

Quel est dès lors votre souhait?

«Que tout le monde puisse travailler selon les mêmes règles. Le commerce subit une évolution forte, notamment avec les arrivées d’Amazon et d’autres qui font ce qu’ils veulent quand ils veulent. Et pendant qu’eux travaillent, nos commerçants doivent fermer.

Pourquoi ne pas laisser chacun s’organiser comme il le veut? 

Claude Bizjak, Confédération luxembourgeoise du commerce

Quelle forme doit prendre cette évolution?

«Nous sommes pour une abolition totale des heures de fermeture et d’ouverture. On sait évidemment que tout le monde ne va pas ouvrir tout le temps. Mais c’est une approche qui n’a jamais été faite. Pourquoi ne pas laisser chacun s’organiser comme il le veut? Il faut cesser de ‘bidouiller’ les choses au coup par coup, cela crée de nouveaux problèmes, de nouvelles injustices.

Mais la libéralisation totale ne permettra qu’aux plus forts de survivre?

«Ce n’est pas en retirant de la flexibilité que l’on donnera une chance de survie aux autres! Les faillites sont nombreuses dans notre secteur. Le commerce doit évoluer. Soyons clairs: modifier les heures ne va pas tout révolutionner, mais c’est une mesure additionnelle importante.

Les syndicats avancent que la législation luxembourgeoise est déjà une des plus souples en Europe. Mais aussi que les commerçants n’en profitent pas pour ouvrir plus, signe que ce n’est pas intéressant pour eux?

«Le secteur du commerce est important, et donc intéressant à ‘syndicaliser’. Il est donc logique que les syndicats se positionnent négativement par rapport à une libéralisation. Ils sont dans leur rôle. Est-ce que cette libéralisation tuera l’un ou l’autre? On ne le sait pas. Par contre, on sait que le commerce connaît des problèmes et qu’il faut faire quelque chose.

Mais qu’apportera le fait de libéraliser plus?

«Cela donnera à chaque commerçant la possibilité d’organiser, par exemple, plus vite des événements comme des nocturnes, du shopping événementiel… Pour le moment, organiser un événement hors du commun à un horaire décalé demande des dérogations, des dossiers. Bref, cela décourage les commerçants. Si le Portugal gagne la Coupe du monde de foot, il faut que les commerçants puissent surfer sur la vague de suite et ne pas devoir attendre deux mois avant d’organiser un événement autour de cette actualité.

Certains contestent le lien entre une augmentation des heures d’ouverture et une hausse du chiffre d’affaires?

«En réalité, on n’a pas de chiffres sur ce sujet. Mais les commerçants se battent déjà pour simplement maintenir leur chiffre d’affaires. Leur loyer, il court aussi le dimanche.

Avant, le dimanche, on prenait l’apéritif, on mangeait du poulet et on allait faire une promenade en forêt. Ce n’est plus le cas.

Claude Bizjak, Confédération luxembourgeoise du commerce

La consommation a évolué dans sa forme?

«Fortement. Nos études démontrent que le dimanche est devenu le jour du shopping en famille. Avant, on prenait l’apéritif, on mangeait du poulet et on allait faire une promenade en forêt. Ce n’est plus le cas.

Le dimanche au magasin tue la famille?

«Moi, je pense plutôt que le commerce la solidifie. Une enquête TNS a mis en avant que 82% des gens étaient pour des ouvertures le dimanche.

Le ministre veut conclure pour 2020. C’est possible?

«Oui, car les aménagements légaux ne sont pas nombreux. On peut même aller plus vite en enlevant de la loi toutes les restrictions qui existent. Limiter le travail du dimanche à 4 heures, cela n’arrange personne, ni les employés ni les patrons.

Vous êtes prêts à discuter avec les syndicats?

«Oui, mais la marge de manœuvre est étroite. En tout cas, s’ils demandent une convention collective, ce sera la catastrophe. Nos commerces sont trop différents les uns des autres.

Et quelle sera votre demande, outre la libéralisation totale?

«On insiste sur le fait que la libéralisation des heures d’ouverture devra aussi engendrer une réflexion sur la mobilité, par exemple. Il faudra offrir un transport de qualité aux clients et aux employés.»