Parmi les 19 domaines, le Luxembourg domine les États-Unis dans quatre, parmi lesquels l'accès aux emprunts. (Photo: Licence C.C.)

Parmi les 19 domaines, le Luxembourg domine les États-Unis dans quatre, parmi lesquels l'accès aux emprunts. (Photo: Licence C.C.)

La comparaison globale porte notamment sur les indicateurs de compétitivité collectés par le «World Economic Forum» (WEF) dans le cadre de son ouvrage annuel de référence, le «Global competitiveness report», qui répertorie plus de 140 pays – dont les États-Unis et les 19 pays membres de la zone euro – et dont les faits saillants sont synthétisés au tableau ci-dessous. Ce tableau constitue une innovation en soi, puisque les États-Unis y sont comparés à une sorte de «zone euro synthétique». Les indicateurs correspondant à cette zone ont été recalculés par Idea à partir des indicateurs nationaux du WEF, ces derniers étant pondérés en fonction du niveau des PIB respectifs. La base de données du WEF renferme plus de 100 indicateurs. N’ont été rapportées au tableau que les variables pour lesquelles il existe une forte différence entre ces deux ensembles géographiques (soit une différence supérieure à 1 point dans un sens ou dans l’autre, les indices du WEF pouvant varier entre les valeurs 1 (minimum) et 7 (meilleure performance possible). Afin de ne pas dénaturer la signification des indicateurs du WEF, le tableau est directement reproduit dans la langue de Shakespeare.

Il convient certes de se garder de tout fétichisme des «benchmarks» internationaux. Ces derniers ne sont pas exempts de certains biais méthodologiques (choix des indicateurs, pondération de ces derniers…) et ils soulèvent parfois des interrogations (signification précise de certains indicateurs notamment). Toujours est-il que ce type d’analyse, surtout si le verdict est parlant et qu’un pays domine un autre sur quasiment toutes les dimensions, permet effectivement d’attirer l’attention sur diverses faiblesses et de contribuer de la sorte à affiner les priorités de l’action publique.

L’enquête 2014-2015 du WEF correspond à ce dernier cas de figure: parmi les indicateurs repris au tableau ci-dessous, la zone euro ne domine pratiquement jamais les États-Unis.

Tableau: Principales différences entre la zone euro et les États-Unis selon le World Economic Forum

(Cliquez sur le tableau pour l'agrandir)

Les 19 indicateurs concernés peuvent être groupés en cinq grandes catégories:
  1. les aspects relevant de la sécurité juridique et du poids des réglementations (droits légaux, nombre de jours pour lancer une entreprise);
  2. le marché du travail et les salaires, qui est très représenté parmi les indicateurs «à charge» (5 sur 18 à charge);
  3. le financement des entreprises, y compris les plus innovantes d’entre elles (pas moins de 4 indicateurs sur 18);
  4. par rapport aux États-Unis, l’attraction et la rétention des talents est apparemment un considérable problème dans la zone euro, qui paraît peu à même d’attirer les talents, de les retenir et de les valoriser;
  5. l’innovation, y compris la collaboration entre entreprises et universités et l’accès à internet dans les écoles, qui révèle une «culture» encore peu développée en la matière en comparaison aux États-Unis.
La zone euro paraît en outre fractionnée, sur un plan économique et financier, par rapport aux États-Unis et le Marché unique demeure incomplet.

Les quatre dernières colonnes du tableau permettent de mettre en évidence la forte disparité prévalant au sein de la zone euro («best» et «worse performers» au sein de la zone euro). Deux remarques s’imposent à ce propos. Premièrement, dans la moitié des cas, les États-Unis affichent de meilleures performances que le pays le mieux classé parmi les 19 États de la zone euro et les États-Unis se situent invariablement «à des années-lumière» du pays le moins bien classé – sauf en ce qui concerne le coût du terrorisme. Deuxièmement, aucun État de la zone euro ne se démarque en apparaissant systématiquement en tête de la zone, de sorte qu’aucun d’entre eux ne peut prétendre rivaliser avec les États-Unis sur un plan général. Les «best performers» au sein de la zone sont la Finlande, en tête pour sept indicateurs, et l’Estonie, qui occupe cinq fois (sur 19) la «pole position».

Le Luxembourg est quant à lui en tête de la zone euro pour trois critères, mais il est dépassé par les États-Unis pour l’un de ces trois indicateurs, à savoir la capacité à attirer des talents. En tout et pour tout, le Luxembourg ne domine les États-Unis que dans quatre cas et est dominé – du moins selon le WEF – dans les 15 autres cas.

À l’aune de ce classement, il y a encore «du pain sur la planche» pour la zone euro (et même pour le Luxembourg). Dans une perspective résolument européenne complétant utilement les analyses «traditionnelles», qui présentent le plus souvent un caractère national (sinon nationaliste…) assez accusé, 10 pistes de réforme sont avancées dans l’Idée du mois n°8 de la Fondation Idea. Nous laissons le soin aux lecteurs de les découvrir…