Ulrich Léopold (CRP Henri Tudor) (Photo: David Laurent/Wide)

Ulrich Léopold (CRP Henri Tudor) (Photo: David Laurent/Wide)

Le CRP Henri Tudor travaille sur la création d’un outil Internet de mise à disposition de toutes les données relatives à la consommation énergétique des villes et les potentiels de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Réduire les émissions de CO2, réduire la consommation d’énergies fossiles, s’inscrire dans un réel développement durable est devenu un enjeu que plus personne ne conteste et qui concerne tous les secteurs. L’urbanisme, et toutes les activités au sein de la ville, est particulièrement en ligne de mire, d’autant plus que l’Union européenne s’est fixée pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici 2020. Les moyens et méthodes de mesure sont multiples et on les connaît: énergie solaire et éolienne, géothermie, photovoltaïque, comptabilité énergétique…

Encore faut-il ne pas simplement additionner ces moyens pour arriver à un résultat. Pour trouver l’effi­cacité, il faut au contraire dépasser cette superposition et les contraintes de la politique locale pour s’inscrire, en matière d’urbanisme, dans une approche globale, innovante et qui implique toutes les parties prenantes.

D’où le projet Music, soutenu par le programme européen Interreg IVB et dont le CRP Henri Tudor est l’un des partenaires. Ce projet qui sera bientôt présenté officiellement, a débuté en novembre dernier et se prolongera jusqu’à mi-2014.

Si le nom tinte joliment aux oreilles, il n’a pour seul lien avec la musique que celui d’un environnement où il fait bon vivre. «Music est l’acronyme de Mitigation (actions en vue de réduire l’émission de CO2, ndlr.) in Urban areas and create Solutions for Innovative Cities, explique Ulrich Léopold, responsable du projet au CRP Henri Tudor. Notre objectif est ambitieux: réduire de 50%, d’ici 2030, les émissions de CO2 dans les villes concernées, tout en devenant un modèle pour toutes les autres agglomérations urbaines, par la mise à disposition de modèles d’intégration de concepts et de données.»

Projet collaboratif

Ce projet Music rassemble les villes de Rotterdam (Pays-Bas), Gand (Belgique), Montreuil (France), Aberdeen (Ecosse) et Ludwigsburg (Allemagne), ainsi que les instituts de recherche Drift (Dutch Research Institue for Transitions) et le CRP Henri Tudor. Pourquoi ces cinq villes? «Parce qu’elles ont toutes déjà une démarche très proactive en matière de politiques de réduction des émissions de CO2, y compris dans le cadre d’une réflexion globale sur l’urbanisme, explique M. Léopold. Et ces villes sont dési­reuses de disposer d’outils IT et cartographiques sur Internet pour développer et mettre en œuvre leurs politiques environnementales tout en suivant leurs progrès. Avec ce projet Music, elles le font en collaboration, en intégrant toutes leurs données au sein d’une base Internet.»

Ces données, répertoriées dans un système cartographique géospatial, passent bien sûr d’abord par un état des lieux complet (consommation des bâtiments privés comme publics, de l’industrie, par les déplacements, types d’urbanisation, etc.) et ensuite par le potentiel de réduction, là encore à tous niveaux.

Le rôle du CRP, dans ce projet, est, d’abord, de recueillir toutes les informations disponibles pour les intégrer dans une base de données accessible, tant aux autorités de ces villes que, à terme, au grand public. «Ensuite, nous développerons des concepts et méthodes pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Ceci se fera toujours via une interface web, avec un choix de scénarios et en visualisant le tout sur des cartes», ajoute M. Léopold. Il s’agira bien sûr uniquement de propositions, la décision finale revenant évidemment aux politiques.

Le projet Music ne se limite pas aux cinq villes concernées. Toute autre cité nord-européenne aura accès à cette banque de données et à ces outils. Elle pourra ainsi, elle-même, y injecter ses propres données et disposer alors d’une palette de propositions efficientes en matière de réduction des émissions de CO2. Music s’affiche donc comme un projet-pilote de première importance en vue d’une politique globale de qualité environnementale.