Jean-Marie Spaus (ici à gauche aux côtés de Nico Binsfeld): «Exporter le savoir-faire luxembourgeois en matière d’ICT.» (Photo: Maison Moderne Studio)

Jean-Marie Spaus (ici à gauche aux côtés de Nico Binsfeld): «Exporter le savoir-faire luxembourgeois en matière d’ICT.» (Photo: Maison Moderne Studio)

Adieu Netcore, bonjour Post Telecom PSF. Depuis ce 3 mars, l’intégration opérationnelle de Netcore (déjà filiale à 100% de Post Luxembourg) au sein de sa maison mère est effective. Plus qu’un changement de nom, c’est aussi un profond changement stratégique qui se réalise, dans le contexte des grandes réflexions menées depuis l’arrivée, au printemps 2012, de Claude Strasser à la tête de Post Luxembourg. 

«Post Telecom a toujours été perçu, prioritairement, comme un opérateur téléphonique. Or, le futur réside clairement dans les services», explique Jean-Marie Spaus, directeur général adjoint de Post Group et directeur de Post Telecom. «Prenez le protocole Ipv6. Beaucoup croient qu’il ne se limite qu’à offrir davantage de possibilités d’adresses internet. Mais il s’agit d’un protocole beaucoup plus vaste qui inclut une multitude de fonctionnalités. Beaucoup de clients ont déjà investi dans de nouveaux équipements compatibles. Si un opérateur et un intégrateur développent ensemble des solutions, un grand nombre de nouveaux services jusqu’alors inexistants peut être mis en place.»

Netcore fait partie depuis 2005 des filiales de ce qui s’appelait encore l’Entreprise des P&T. D’abord de 51%, puis de 75%, le contrôle de la société est passé à 100% fin 2012. Cette intégration opérationnelle n’est donc pas, en soi, surprenante. «Netcore a évidemment un rôle important à jouer dans cette stratégie de développement de services complets ICT», insiste M. Spaus.

Change management

Depuis septembre dernier, les grandes manœuvres ont commencé, avec le déménagement des équipes administratives et commerciales de Netcore vers la Cloche d’Or où siège Post Telecom. Les équipes techniques (environ 70 des 130 personnes que comptait la société), elles, sont restées sur le site historique de Mamer. Elles y ont été rejointes par une cinquantaine de techniciens venus de Post Telecom. Ils contribuent activement à la mise en place d’un security operation center, qui permettra à la société de superviser tout autant ses propres infrastructures que celles de ses clients.

«Il s’agit d’un véritable projet de change management», résume M. Spaus. «Chacun en interne doit travailler pour développer la vision de ce projet d’entreprise. Il ne s’agit plus de tenir un discours connectivité/réseau, mais plutôt d’accompagner le client à devenir plus performant dans son métier et à développer avec lui des solutions ‘end-to-end’. Nous avons ces dernières années beaucoup investi dans les infrastructures. Nous arrivons à un stade où nous souhaitons développer des couches supérieures de services, avec de la créativité, du savoir-faire, ce qui est plus complexe.»

Pour l’ex-Netcore, il s’agit évidemment d’un sacré bond en avant, en particulier dans la perspective de développer l’activité PSF qui, pour l’heure, ne représente qu’un tiers des revenus de la société. «Ce volet PSF devient désormais clairement notre cœur de métier», explique Nico Binsfeld, qui était le CEO de Netcore et conserve sa fonction au sein de Post Telecom PSF. Nous étions une petite entreprise familiale qui n’a pas trop mal fonctionné et qui avait une bonne réputation, mais qui n’avait évidemment pas les ressources pour se développer, comme nous pouvons désormais l’envisager au sein de Post Telecom. Nous avons désormais accès à un marché plus large et nous pouvons envisager de nouveaux projets.»

«Être les premiers»

Avec quelque 230 personnes dédiées au marché B2B et à l’activité PSF (sans compter les supports d’autres filiales du groupe comme Ebrc pour les data centers), Post Telecom PSF joue désormais dans la cour des grands sur le segment de l’intégration ICT dominé, pour l’heure, par Telindus et Dimension Data.

«Dans un délai de 18 mois, nous voulons être les premiers en termes de parts de marché», prévient M. Spaus, dont les ambitions ne s’arrêtent pas aux seules frontières du Luxembourg. «Nous disposons déjà d’une forte interconnexion avec plusieurs villes européennes (Amsterdam, Bruxelles, Londres, Slough, Paris, Francfort, Kehl et Strasbourg, ndlr) via le réseau de fibres optiques Teralink. Nous avons désormais une masse critique qui nous permet de nous positionner sur des appels d’offres internationaux, notamment européens. Nous ambitionnons d’exporter le savoir-faire luxembourgeois en matière d’ICT.»

En parallèle, la société planche, depuis quelques semaines, avec le CRP Henri Tudor, pour la mise en place d’une certification Iso 27000 relative au management de la sécurité de l'information. «Cela nous occupera certainement une bonne partie de l’année, mais le changement d’organisation constitue évidemment le bon moment pour le faire», indique M. Binsfeld.

En 2012, Netcore avait réalisé un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros. Le résultat 2013, qui n’est pas encore connu, devrait être à peu près du même niveau. «Nous n’avons pas enregistré de croissance particulière, sur un marché de toute façon très difficile. Nous avons surtout beaucoup travaillé sur cette intégration opérationnelle», explique Nico Binsfeld.