Claude Strasser, directeur général, et Serge Allegrezza regardent l’avenir avec le souci de maintenir la rentabilité de l’entreprise. (Photo: Lala La Photo)

Claude Strasser, directeur général, et Serge Allegrezza regardent l’avenir avec le souci de maintenir la rentabilité de l’entreprise. (Photo: Lala La Photo)

La présentation des résultats 2017 de Post Luxembourg, effectuée ce vendredi, s’opère dans un contexte pour le moins changeant pour l’entreprise paraétatique. Et ce dans tous ses métiers.

Dans le domaine des télécoms, la fin du roaming est ainsi évaluée entre 5 et 6 millions en résultat net. 

Le premier employeur du pays (4.371 employés) fait aussi face à une baisse de 4,2% du volume de lettres en 2017 et de 22 millions depuis 2014 selon les chiffres partagés ce matin. Le volume de paquets a, en revanche, augmenté de 15% l’an dernier. 

Pour l’année 2017, Post dégage un chiffre d’affaires en hausse de 41,5 millions d’euros par rapport à l’année précédente, s’élevant à 769,6 millions d’euros. La hausse s’explique par l’intégration de Elgon/Ainos ainsi que l’augmentation du chiffre d’affaires dans les trois métiers.

L’État recevra un dividende de 20 millions d’euros, planifié au budget 2018.

Le bénéfice après impôts réalisé est de 36,7 millions d’euros, contre 23 millions d’euros un an plus tôt. La vente de la participation dans Eutelsat a joué dans le résultat final du groupe.

Durant la présentation du premier rapport annuel intégré (chiffres financiers et dimension sociale et écologique), le directeur général Claude Strasser et le président du conseil d’administration Serge Allegrezza ont insisté sur la nécessité de continuer à maîtrise les coûts et à gagner en efficience dans des métiers hautement concurrentiels. 

Diversifier et moderniser

Pour pallier la baisse du volume de lettres envoyées, Post a continué d’investir dans la logistique en lien avec la croissance de l’e-commerce, notamment par une alliance avec Singpost conclue alors que la joint-venture avec TNT Luxembourg a pris fin l’an dernier. Plus d’un million de colis en provenance d’Asie ont été acheminés au Findel, dispatchés par Post et distribués en Europe.  

Sue le plan national, le service est repensé autour des stations de retrait de colis PackUp et de points de vente différemment répartis. De 98 en 2013, les bureaux sont passés à 63 en 2016 tandis que les points de vente ouverts par exemple chez Cactus sont passés, durant la même période, de 11 à 33.

L’évolution se poursuit dans d’autres branches d’activité afin de faire évoluer le groupe vers un opérateur technologique. Outre l’investissement dans Elgon/Ainos pour le Cloud l’an dernier, on notera la prise de participation dans Encevo réalisée début 2018. Post Luxembourg compte 24 filiales intégrées dans le bilan 2017.

Le cas join

Il fut aussi question de la participation de Post dans Join Experience depuis la création de l’opérateur en 2014 et dans laquelle le groupe détenu par l’État s’était engagé à hauteur de 50%.

Lancée par Pascal Koster, Frank Fischer et Claude Lüscher, Join comprend une structure commerciale, Join Experience, une structure liée à l’infrastructure technique, Join Infrastructure, et une structure commerciale en Belgique, Join Experience Belgique.

Pensé comme transfrontalier, l’opérateur Join visait l’Europe avec des offres adaptées, avant que la fin du roaming ne change la donne. Après des débuts prometteurs, les résultats commerciaux n’ont visiblement pas été au rendez-vous. Claude Strasser a toutefois démenti les rumeurs de faillite.

Précisions:

Vendredi matin, le directeur général de Post estimait à 50.000 le nombre de clients en Belgique et au Luxembourg. Après être monté à 68,57% dans le capital de l’opérateur, Post a consolidé les 31,4% restant dans ses résultats 2017. Il dispose d'une posssibilité, sous conditions, de reprendre ces parts pour disposer des 100% de Join. Le rapport annuel précise ainsi : «Un accord de restructuration prévoir une option d’achat sur 31,4% du capital social des sociétés Join au prix de EUR1 pouvant être exercé par Post Capital SA». Toutes les conditions ne sont toutefois pas encore remplies, a précisé Claude Strasser.

Éclairage

Durant la conférence de presse, Claude Strasser a indiqué que Join restera une marque indépendante. Serge Allegrezza est quant à lui intervenu pour temporiser en indiquant que le client final «souscrit un contrat de confiance pour le meilleur service possible. Le client ne verra rien.»

Cette voie vers une reprise éclaire quant à la nomination de Didier Rouma en janvier 2018 en tant que CEO, sans explications quant au devenir des trois fondateurs.

Si l’évolution du dossier s’est faite sans grand bruit, l’investissement dans Join illustre la nécessité pour les entreprises historiques de constamment rechercher de nouvelles opportunités, avec les risques encourus.