Le siège historique de l’avenue Monterey renferme, à lui seul, tout une partie de l’histoire de Post Luxembourg. (Photo: Mike Zenari / archives)

Le siège historique de l’avenue Monterey renferme, à lui seul, tout une partie de l’histoire de Post Luxembourg. (Photo: Mike Zenari / archives)

C’est avec quelques mois d’avance que Post Luxembourg célèbre conjointement, ce soir, deux dates anniversaires-clés dans son histoire. Les 175 ans, c’est pour l’arrêté royal grand-ducal du 20 août 1842 concernant l'organisation de l'Administration des Postes dans le Grand-Duché. Les 25 ans, c’est pour la loi du 10 août 1992 portant création de l'Entreprise des Postes et télécommunications.

Le lieu de cette cérémonie, lui, reste très symbolique, puisque c’est déjà à la Rockhal que l’Entreprise des P&T a présenté, officiellement le 15 juin 2013, son actuelle appellation «Post Luxembourg». La boucle est, en quelque sorte, bouclée. Accessoirement, la salle de concert d’Esch-sur-Alzette fait aussi partie des établissements de spectacle avec lesquels Post a noué un partenariat, au même titre que la Philharmonie, l’Atelier ou encore le Cube 521 à Marnach.

Lorsque l’Administration des Postes est créée, un peu plus de 1.200 jours se sont écoulés depuis la signature du traité de Londres ayant octroyé au Luxembourg son indépendance définitive. Le pays est donc en train de se doter progressivement de tous les institutions et rouages économiques utiles à son développement. La Chambre de commerce voit ainsi le jour en octobre 1841 et deux mois plus tard, l’Administration de l’enregistrement et des domaines est la toute première à être (ré)organisée (sachant qu’elle existait depuis octobre 1795 dans ce qui était alors le département français des Forêts).

En février 1842, le Luxembourg franchit une autre étape de son histoire, en entrant officiellement dans le Zoll- und Handelsverein allemand, s’extirpant ainsi d’un certain isolement économique.

Le triptyque complété en 1911

La structure de l’Administration des Postes, qui voit le jour en août 1842, est très simple: un directeur, «domicilié à Luxembourg», comme le stipule la loi, placé sous les ordres immédiats du gouverneur et du conseil de gouvernement; un contrôleur (résidant également à Luxembourg) pour la surveillance et la vérification de la comptabilité; un percepteur, un ou deux commis et deux facteurs à Luxembourg et trois perceptions simples (à Diekirch, Wiltz et Grevenmacher) avec un percepteur pour chacune. À cela s’ajoutent «sept ou huit distributions», et des facteurs ruraux, dont le nombre et la répartition sont déterminés par le conseil de gouvernement.

Il faut attendre 1852 pour que soient émis les premiers timbres-poste: libellés en centimes et en silbergroschen (la monnaie prussienne équivalente à 1/30 de Thaler), ils représentaient le roi grand-duc Guillaume III d’Orange, avec, en filigrane, la lettre W (pour Willem).

En 1861, au «P» de «Postes» vient s’ajouter le «T» de «Télégraphes», avec l’arrêté royal grand-ducal du 22 juillet 1861 décrétant l'établissement de télégraphes électriques pour compte de l'État sur les chemins de fer Guillaume-Luxembourg. L’activité des chèques postaux, elle, rejoint le navire en avril 1911, complétant ainsi le triptyque des métiers historiques de Post.

Une infrastructure efficace et variée…

Pendant un siècle et demi, donc, les P&T fonctionnent sous le régime d’une administration étatique. Mais les mouvements de libéralisation et d’avènement du marché communautaire secouent les économies européennes dans les années 80 et ont raison de cet état de fait. Si les intentions de l’exécutif en matière de changement du statut des P&T vers celui d’un établissement public placé sous la tutelle de l'État sont inscrits noir sur blanc dans le programme gouvernemental du 24 juillet 1989 (la deuxième équipe Santer (CSV)/Poos (LSAP)), le mouvement est déjà lancé dans le cadre du débat d'orientation sur l'évolution des services auprès des Postes et télécommunications qui se tient en 1985.

Dans un rapport daté du 4 juillet 1985, la commission des communications et de l'informatique propose déjà «la mise en œuvre de nouveaux moyens de concertation et d'orientation devant déboucher éventuellement sur un changement de statut des P&T», insistant sur le fait «qu'il est de toute première importance que notre économie nationale puisse se baser sur une infrastructure de communications efficace et variée. Il y va de l'avenir du pays et du bien-être de la génération qui nous succédera.»

Message reçu à 100% non seulement en ce qui concerne le statut même de cette administration, devenue établissement public par la loi du 10 août 1992 portant création de l'Entreprise des Postes et télécommunications, mais aussi pour ce qui est de «l’infrastructure de communications efficace et variée». Car si le Luxembourg est, aujourd’hui, en très bonne position sur l’échiquier mondial des technologies de l’information et des communications, il le doit en grande partie aux investissements décidés par l’État et réalisés via l’Entreprise des P&T, en particulier depuis la mise en œuvre de la stratégie «ultra-haut débit» de 2010. 

... et un maillage de participations qui ne l’est pas moins

Pour y parvenir, l’EPT – qui opère sous le nom de Post Luxembourg depuis juin 2013 – investit non seulement en direct, mais également via un maillage particulièrement efficace de participations stratégiques. Une politique accélérée depuis l’arrivée aux commandes de l’entreprise, en 2012, de Claude Strasser (alors âgé de 40 ans), le premier CEO nommé en dehors de la «filiale maison».

Nos diverses activités vont continuer à subir des changements en profondeur.

Claude Strasser, CEO de Post Luxembourg (dans le rapport annuel de 2015)

Télécoms/ICT (Post Telecom, Post Telecom PSF, ebrc, Visual Online, Join); Corporate services/Conseils (Intech, VBS…); Courrier express/Logistique (Michel Greco, TNT Express); Direct marketing/Bases de données (Editus; Infomail): la pieuvre Post étend ses tentacules dans les secteurs-clés liés à ses métiers historiques.

Porté par son plan «Déi nei Post» établi en 2013, l’entreprise se trouve face, aujourd’hui, à des défis sans cesse croissants. «Dans un contexte économique et technologique en perpétuelle évolution, nos diverses activités vont continuer à subir des changements en profondeur», prévient Claude Strasser dans le rapport annuel 2015 de Post. «Nous avons aussi pour objectif d’élargir notre gamme de produits et nos offres de services afin de garantir à terme une croissance forte et pérenne.»

En 2016, l’Entreprise des Postes a, pour la première fois, atteint la première place des plus grands employeurs du pays, selon les chiffres du Statec, avec un groupe employant 4.320 personnes au 1er janvier 2016.

La structure même de l’entreprise, qui conserve toujours au sein d’une direction unique ses trois métiers (télécoms, poste et finance), sera peut-être, à terme, à revoir, alors qu’aucun autre acteur historique en Europe n’a conservé cette configuration. Et ce sera sans doute là le plus titanesque chantier jamais envisagé en 175 ans d’histoire.