Fabrice Poncé, directeur général d’Adecco Group  (Photo: Julien Becker)

Fabrice Poncé, directeur général d’Adecco Group  (Photo: Julien Becker)

Ses premiers pas professionnels, Fabrice Poncé les a faits à Paris, dans le milieu bancaire, avant d’intégrer huit ans plus tard Ecco (groupe français qui fusionnera avec le suisse Adia, en 1996, donnant naissance à Adecco), en tant que chef d’agence puis directeur de secteur. Alors à Paris, il se vit proposer un poste au sein d’Adecco Luxembourg en 2001. Désireux de donner une nouvelle orientation à sa carrière, il accepta et s’assit ainsi sur le siège de district manager d’Adecco Travail Temporaire Luxembourg. Il devint business lines manager en 2007 et enfin directeur général d’Adecco Group le 1er avril 2011.

Durant ces dernières années, Fabrice Poncé a connu des hauts – «L’année 2007 a été exceptionnelle à tous points de vue» – et des bas – «L’année 2009 a très certainement été l’année la plus noire qu’il fût». Les turbulences de la crise ont effectivement touché le secteur de l’intérim dans son ensemble et Adecco en particulier. «Nous avons été atteints à partir d’octobre 2008. L’activité a ensuite chuté à vue d’œil avant un tassement courant septembre-octobre 2009.» Pour pallier cette situation, Adecco a mis en place un plan de restructuration impliquant une réduction des effectifs (de 10% environ) associée à une réduction du temps de travail pour le personnel restant (chacun travaillant à 90%).

Un marché de niche

La croissance, d’abord hésitante, s’est faite plus soutenue en 2010. «Mais nous ne nous estimons pas encore sortis de la période trouble, estime le directeur d’Adecco. Le marché est encore incertain. L’actualité du Japon et la situation économique de plusieurs pays européens confortent cette incertitude.»

Cette période difficile s’avère toutefois enrichissante à plus d’un titre, car elle remet en cause les process, les acquis et «demande encore plus de curiosité qu’auparavant, ainsi qu’une proximité plus étroite avec la clientèle et nos candidats».

D’autre part, le marché s’oriente de plus en plus vers un besoin de personnel qualifié, voire hautement qualifié. «Mais force est de constater que l’Europe forme moins de personnes très qualifiées que d’autres pays tels l’Inde», tempère-t-il. Toujours est-il que la main-d’œuvre reste d’ordre général et, pour l’heure, mieux qualifiée en Europe que dans d’autres régions du globe. De ce fait, certaines entreprises ayant délocalisé par le passé revoient leurs objectifs et envisagent sérieusement un retour sur leurs anciennes terres. La fiscalité, très attrayante du Luxembourg, n’est pas non plus étrangère à cette volte-face.

Les sociétés d’intérim et de recrutement doivent tenir compte de ces nouvelles orientations, tout comme elles doivent épouser les nouveaux besoins du marché du travail, qui se dirige vers un marché de niche. Ces besoins, de plus en plus pointus, exigent des formations différentes et personnalisées.

Le marché change énormément et la directive européenne d’assouplissement des mesures d’utilisation et d’encadrement de l’intérim, en cours de transposition, va participer à ce changement. «Cet assouplissement est une échéance importante pour nous. Il nécessite une approche légale et juridique qu’il faut pouvoir traiter avec nos partenaires», précise le directeur d’Adecco.

Fabrice Poncé voit avec excitation ces nouvelles orientations, fort de son expérience et enrichi des qualités de certains managers du groupe dont, plus spécifiquement, Philippe Marcel (directeur d’Adecco France jusqu’en 2008) et Patrick De Maesenaire (CEO du groupe). Du premier nommé, il considère «que c’est une personne qui a su faire évoluer le groupe de manière significative en y intégrant une approche humaine visionnaire». Quant au second, il loue sa carrière qui «démontre que quand on veut, on peut». Des méthodes dont Fabrice Poncé aime s’inspirer.