Mardi, Francine Closener a insisté sur l’importance de la créativité dans la vie de tous les jours.  (Photo: Runa Egilsdottir / Facebook)

Mardi, Francine Closener a insisté sur l’importance de la créativité dans la vie de tous les jours.  (Photo: Runa Egilsdottir / Facebook)

Les attentes des industries créatives sont grandes et diversifiées, à l’image d’un secteur qui compte essentiellement des entreprises d’une personne et des indépendants. Si la secrétaire d’État à l’Économie Francine Closener a insisté sur l’importance de la créativité dans la vie de tous les jours – «on ne s’en rend plus compte, mais on mange, on travaille, on voyage, on se divertit à travers des créations belles, modernes qui ont façonné notre quotidien» -, elle a surtout appelé de ses vœux la mobilisation d’un secteur disparate. «Nous avons plus besoin d’imagination que de savoir», martelait-elle encore avant de céder la parole aux invités internationaux.

Une définition unique a en effet du mal à être établie tant les domaines concernés sont larges. Une tentative pourrait être de dire que «ce sont des artistes qui se prennent pour des chefs d’entreprise et des entrepreneurs qui sont créatifs», comme le souligne Eberhard Schrempf, à la tête du groupement des industries créatives de la région de Styrie en Autriche. L’exemple de la ville de Graz est à ce titre assez éloquent quant au développement de la culture et de la créativité qui tire l’économie de la région.

Mais c’est très certainement le designer néerlandais Daan Roosegaarde qui a marqué l’audience par un discours engagé, des exemples marquants et des formules-chocs. Il estime ainsi qu’on a longtemps considéré les entrepreneurs créatifs comme «des hippies avec un business plan», mais que les liens entre l’industrie et le design entre les dirigeants et les créateurs ne peuvent qu’être des enrichissements pour les villes, les régions et les pays.

Établir un statut pour les créatifs en adaptant ce qui existe

Raymond Schadeck, président de Luxinnovation

Il a présenté plusieurs projets que son agence a développés: piste cyclable lumineuse inspirée par Van Gogh, autoroute intelligente qui récupère l’énergie, station d’épuration de l’air, installations pour visualiser les bienfaits de l’eau… Il a aussi fustigé l’attitude du «oui, mais» qui bloque toute créativité alors que «l’ouverture et la réflexion sans contrainte l’exacerbent et permettent d’envisager tous les possibles».

Réactions

Le public, où figuraient de nombreux acteurs du secteur, quelques politiques et des représentants des institutions concernées, a plutôt apprécié la soirée, en particulier ce dernier et inspirant orateur. La question que nous avons posée à diverses personnalités est de savoir quelle devrait être la première action menée par le cluster des industries créatives.

Raymond Schadeck, le président de Luxinnovation, espère «réussir à établir une gouvernance et trouver des porteurs d’idées pour rassembler ce secteur hétérogène». De son côté, Tania Brugnoni, à la tête du 1535° à Differdange, estime que la priorité est «d’établir un statut pour les créatifs en adaptant ce qui existe».

Plusieurs acteurs du secteur nous ont confié leurs attentes quant à la plateforme ou le portail qui doit mettre en relation l’ensemble des industries créatives. Ainsi, Frank Weber de Design Luxembourg pense qu’il faut prioritairement «répertorier ce qui existe, y compris les départements R&D au sein des grosses entreprises dont ce n’est pas le cœur de métier». Jérôme Labbé, qui représente la société de gaming Starbreeze, considère aussi qu’une «plateforme nous manque pour connaître les ressources qui existent».

Luxembourg a la chance de sa petite taille. Tout peut être plus facile, aller plus vite, avec plus de communication et plus de visibilité

Eberhard Schrempf, à la tête du groupement des industries créatives de la région de Styrie en Autriche

Dans le même ordre d’idées, Fred Baus de Realab aimerait voir la création d’un «label» qui permettrait la promotion du secteur à l’étranger, notamment lors des foires et salons ainsi que d’un soutien pour participer à ceux-ci «à l’image de ce que fait la France avec le label France Fintech».

Les intervenants de la soirée ont également leur idée sur la question. «Luxembourg a la chance de sa petite taille. Tout peut être plus facile, aller plus vite, avec plus de communication et plus de visibilité», considère Eberhard Schrempf, qui s’avoue «surpris» de voir que ce n’est qu’aujourd’hui que le Luxembourg se pose ces questions.

Daan Roosegaarde, quant à lui, lance une sorte de défi: «Mettre dans la même salle gouvernants et créatifs, les enfermer avec un challenge sur les questions de demain - déchets, mobilité, énergie – leur interdire les ‘oui, mais’ et ne les laisser sortir qu’avec des idées», lance-t-il. «On a plus besoin de propositions que d’opinions et il n’est pas trop tard pour se lancer.»