Pit Hentgen, cinquième du Paperjam Top 100 édition 2014. (Photo: Mike Zenari)

Pit Hentgen, cinquième du Paperjam Top 100 édition 2014. (Photo: Mike Zenari)

À la tête de l’une des principales compagnies d’assurance du Luxembourg – Lalux – et à peine sorti de son mandat de président de l’Association luxembourgeoise des compagnies d’assurance, Pit Hentgen, 53 ans, retrouve en 2014 une position dans le Top 10 des décideurs les plus influents qu’il n’avait plus connue depuis la première édition en 2006. Il fait même mieux, puisqu’il n’avait été «que» 10e cette année-là.
Une sorte de retour en grâce, donc, aux yeux des membres du jury (qui est différent à chaque édition, rappelons-le), quand bien même M. Hentgen a toujours conservé une constance dans sa présence. Il est par exemple toujours administrateur à la Banque centrale et membre de plusieurs autres conseils d’administration de sociétés, mais aussi de fondations œuvrant pour le bien public.
Le tout doublé d’une certaine élégance et d’une volonté permanente d’afficher un haut degré d’éthique et de probité. Et s’il a quitté, récemment, le conseil d’administration du groupe Saint-Paul, c’est uniquement pour prévenir tout risque de conflit d’intérêts potentiel après l’arrivée de Paul Peckels – son beau-frère – aux fonctions de directeur général du groupe.
«J’ai ma base – une compagnie d’assurance familiale – et des repères. Tout le reste se greffe dessus», explique Pit Hentgen, qui puise ses références dans les origines mêmes de la création de La Luxembourgeoise, au lendemain de la Première Guerre mondiale, «par des hommes ayant avant tout un objectif de reconstruction et d’entraide et non pas, de manière primaire, de lucre. Dans les différents mandats que j’ai, lorsque la question se pose, je ne vois pas uniquement les intérêts au niveau du business, mais j’essaie aussi de prendre en compte un intérêt plus large. Mon attitude responsable tient donc davantage à mes origines. Mais parfois les autres voient-ils cela d’une manière différente et interprètent d’une autre façon ce que l’on peut dire ou faire. Je m’en suis rendu compte au fil des années, ce qui nécessite dès lors une certaine prudence dans ma manière d’agir ou d’exprimer ce que je dis.»

«Le Luxembourg, généreux et ouvert»

Cela ne l’empêche évidemment pas d’avoir des avis tranchés sur la situation économique générale du pays et d’éprouver quelques regrets devant la direction prise par le paquet d’avenir dévoilé en octobre par le nouveau gouvernement: «Plutôt que les économies, c’est davantage la hausse des recettes qui a été privilégiée. On découvre aussi une mesure, la no 115, qui introduit un nouvel impôt sur l’assurance en vue de financer les services de secours. J’ai des doutes quant au motif d’intérêt public et je suis déçu que les principaux intéressés, les assureurs, n’aient pas vraiment été prévenus. Il faut vraiment que l’État trouve des économies là où il y a des gros postes de dépenses. Mais je ne sais pas comment et je suis content de ne pas être dans l’équipe du gouvernement… Pourtant, les Luxembourgeois, dans la vie quotidienne, sont généreux et ouverts. S’ils sont convaincus que les mesures et les sacrifices sont équitables, alors ils seront prêts à le faire.»
Pit Hentgen estime qu’au bout d’un an de coalition tricolore au pouvoir, le gouvernement arrive à un tournant devant permettre de réellement évaluer ce qu’il vaut. Mais il apprécie déjà, dans sa manière de travailler, la plus grande responsabilité qui est donnée au secteur privé dans l’élaboration des textes, à commencer par ceux touchant au secteur de l’assurance. Mais il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit d’une réelle avancée durable. «Le moment de vérité, ce sera lorsque le politique devra trancher sur un texte. Il se rendra alors compte d’un certain nombre de possibilités et devra ajuster sa décision. Je m’attends à ce que par moment il y ait certaines prises de conscience.»

Le jury dit de lui:

«Discret et souvent silencieux, son influence va bien au-delà de sa seule fonction de CEO: elle embrasse tout le secteur, la place financière, le social… Un bel exemple que proximité et qualité peuvent parfaitement tenir tête aux attaques des tout grands.»

Pit Hentgen

  • 53 ans
  • Président directeur général de Lalux
  • Administrateur à la Banque centrale du Luxembourg, de BIP Investment Partners, de Vauban Participations, de Lafayette
  • Administrateur de la Fondation Lalux, de la Fondation André Losch et de la Fondation Ste Zithe