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On ne présente plus l'entreprise Pierret System. En province et au-delà, dont au Luxembourg, chacun connaît la force de frappe d'une entreprise qui a su, en deux générations seulement, passer d'un fonctionnement artisanal à un développement industriel extrêmement pointu, qui la place maintenant en première position en Belgique.

Profitant allégrement de l'avènement du PVC, puis de l'évolution des technologies utilisant l'aluminium, l'entreprise de Transinne, dans le centre de la province de Luxembourg, a manifestement bien grandi. Ces dernières années, plusieurs investissements conséquents lui ont d'ailleurs permis de se positionner de manière plus qu'utile dans le peloton de tête des entreprises belges actives dans le secteur de la fenêtre.

Plus précisément, ces deux dernières années, Pierret System a même enchaîné les décisions stratégiques visant à augmenter sa capacité de production et à accroître son offre de produits. Et trois nouvelles étapes viennent d'être franchies dans la saga expansionniste du leader belge de la fenêtre, via l'acquisition d'un concurrent à Namur, l'installation d'une nouvelle unité de production à Bertrix et le rachat d'une entreprise soeur à Nancy (France). Explications...

Le bois aussi...

Intelligemment, au fil des ans, l'entreprise a su tisser sa toile commerciale en s'alliant à de petits distributeurs alors même qu'elle arpentait le marché via sa propre structure de vente. Un moment tentée par la délocalisation, l'entreprise a aussi souvent exploré les pistes les plus diverses pour rester à la pointe dans son métier.

En 2006, consciente de n'être pas présente sur le terrain bois, elle s'est tournée vers ce marché toujours florissant et a racheté les châssis Norma, l'un des principaux acteurs belges de la menuiserie extérieure bois. Par cette acquisition, Pierret System a non seulement consolidé son positionnement dans le secteur de la fenêtre, mais a aussi considérablement élargi son offre de produits, se plaçant utilement dans la course à la clientèle sur le marché émergeant (voire déjà en forte croissance) des fenêtres combinant le bois (à l'intérieur) et l'aluminium (côté extérieur).

Sur place, à Malonne, la centaine d'emplois concernés par ce rachat se félicite déjà des nouvelles perspectives nées de l'opération puisque les quatre millions d'euros investis consolident l'emploi et génèrent (déjà) une performance nouvelle dans le chef des lignes de production qui sont passées en quelques mois de un à sept châssis quotidiens par ouvrier.

L'alu débarque à Bertrix

Dans la foulée, Pierret System a aussi décidé que le moment était venu de passer à la vitesse supérieure dans la production de fenêtres en aluminium et en PVC, ses deux activités historiques. Afin de répondre à une demande accrue pour ses produits-phares, l'entreprise a décidé d'installer une nouvelle ligne de production de fenêtres alu dans un bâtiment de près de 7.000 mètres carrés situé à Bertrix (ancienne usine Crossfoam).

D'ici peu, si tout se passe comme prévu, cette nouvelle unité de production est destinée à quadrupler la production de fenêtres en aluminium, rien de moins. Ainsi, l'entreprise va non seulement perfectionner sa gamme de produits en alu, mais va également se doter d'un équipement dernier cri lui permettant d'assurer, dans les meilleures conditions, la phase de laquage des profilés. Grâce à cet investissement important - on parle tout de même de deux millions d'euros (plus un autre million dans les trois ans à venir) - Pierret System a aussi créé des emplois supplémentaires et a réduit de deux semaines le délai de production de ses produits aluminium.

Toujours à la pointe, l'usine luxembourgeoise compte même présenter son nouveau produit aluminium à haute isolation thermique au Salon Batimat de Paris, en novembre prochain.

Transinne, l'usine la plus rapide du continent européen

Départ oblige, l'usine de Transinne va donc connaître une réorganisation qui fera d'elle l'unité exclusive de production des châssis PVC. Dans la foulée, la ligne de production, pourtant déjà très compétitive, sera revue et améliorée pour la doter de machines innovantes, toujours plus compétitives.

Cette installation à la pointe de la technologie permettra, entre autres, la pose complètement automatisée du système de quincaillerie. Fin 2007, l'usine Pierret System de Transinne deviendra donc l'unité de production de fenêtres la plus rapide du continent européen.

Sur place, chrono en main, il ne faut pas plus de onze minutes pour produire une fenêtre, de la sortie de la matière première du stock au chargement du produit fini dans le camion de livraison. Evidemment, de telles performances coûtent cher: l'investissement sur le site de Transinne est estimé à deux millions et demi d'euros.

Rachat en France...

Régnant désormais sur une grande partie du marché national, Pierret System a aussi décidé d'asseoir son développement à l'étranger, notamment côté français. En mai dernier, cette décision précise du management s'est matérialisée par le rachat de l'entreprise Fermolor, près de Nancy.

Ce choix s'explique de plusieurs manières, il n'est d'abord pas exclu que l'exportation figure au programme de la vision stratégique de la maison. Pour l'heure, 45 % de la production est encore dédiée au marché national (25 % en Wallonie et 20 % en Flandre), mais le groupe exporte déjà plus de la moitié de sa production sur les marchés européens proches comme la Suisse, le Grand-Duché de Luxembourg et, surtout, la France.

Avec le rachat de Fermolor, Pierret System compte mettre les bouchées doubles sur le marché hexagonal et rayonner au-delà de la partie Est du territoire français. Dans les mois qui viennent, Pierret System devrait investir près d'un million d'euros pour doubler la productivité de son nouvel outil et permettre à la centaine de salariés d'approcher une production moyenne de trois cents unités par jour.

En deux ans, Pierret System a donc investi plus de dix millions d'euros dans ses quatre unités de production. C'est plutôt énorme pour une entreprise familiale qui est passée de sept emplois à 375 en moins d'un quart de siècle. Tout cela pour un chiffre d'affaires consolidé de près de 43 millions d'euros. Les 50 millions sont espérés pour cette année.