Pierre Gramegna estime qu’on a exagéré la portée réelle du Brexit. (Photo: Lala La Photo)

Pierre Gramegna estime qu’on a exagéré la portée réelle du Brexit. (Photo: Lala La Photo)

En clôture des deux journées de l’Alfi European Asset Management Conference, Pierre Gramegna est venu, mercredi, délivrer un message optimiste. «Il ne faut pas paniquer, il faut avant tout discuter», a insisté le ministre des Finances visant les sujets d’inquiétude du moment: le Brexit et l’avenir du libre-échange après l’élection de Donald Trump.

Pierre Gramegna observe avec lucidité que les partis qui se positionnent contre la globalisation et le libre-échange sont en train de gagner des points. Mais il refuse la fatalité. «Nous devons débattre et expliquer les bénéfices aux citoyens. Nous devons prendre le temps de faire ce travail tout en faisant en sorte que les bénéfices de l’ouverture du commerce profitent à chacun.»

Ni drame, ni tragédie

À propos du retrait britannique de l’Union européenne, le ministre des Finances insiste aussi sur le besoin de relativiser l’événement. «En parlant d’un drame, d’une tragédie, tant les politiciens que les médias ont aggravé la portée du Brexit et de ses conséquences éventuelles.»

Il rappelle ainsi la position du Luxembourg qui est restée, depuis neuf mois, celle de continuer à privilégier les partenariats avec Londres plutôt que de faire un marketing agressif pour attirer du business. Une stratégie qui semble payante après les annonces de compagnies comme M&G Investments et AIG de s’implanter plus concrètement dans le pays. «Nous avons eu des succès et il y en aura d’autres», a lancé le ministre Gramegna.

Substance exigée

Dans la foulée, le ministre a aussi mis en avant le travail réalisé par la CSSF. Selon lui, le régulateur «est réceptif à l’innovation et se montrera flexible dans la mesure où les lois et régulations internationales le permettent. Le but, au final, est que les compagnies puissent servir le client au mieux.»

Pointant également le côté rigoureux du gendarme financier de la Place, il a mentionné la manière dont la CSSF analysait les structures internationales des 140 banques basées au Luxembourg. Un changement en lien avec les secousses provoquées par les Panama Papers. Pierre Gramegna a ainsi prévenu: «Les Sociétés qui voudront s’installer chez nous devront apporter de la substance, pas question de compagnies boîtes aux lettres. »

Il s’est également montré clair vis-à-vis du ministre des Affaires étrangères britannique, Boris Johnson, le prévenant qu’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, quitter l’Union européenne et préserver les avantages du marché unique. «Il y a des raisons logiques et légales à cela: le Royaume-Uni vivra avec des lois et des réglementations différentes.»

Le Royaume-Uni vivra avec des lois et des réglementations différentes.

Pierre Gramegna, ministre des Finances

Concernant les positions prises par le nouveau président américain sur le libre-échange, les mots de son discours de clôture se sont aussi voulus apaisants mais sans optimisme exagéré. «Jusqu’à présent rien n’a été fait!»

Cela ne veut pas pour autant dire que le libre-échange est garanti à long terme et, pour le ministre des Finances, c’est évidemment un sujet d’inquiétude pour le Luxembourg dont l’économie est orientée vers l’extérieur. «Mais nous travaillons dans un contexte de règles internationales et ça prendra du temps, même à la plus grande puissance mondiale, pour changer ces règles.»