Philippe Richert, qui n'avait pas caché son hostilité à la fusion de l'Alsace avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne, s'est plié au réalisme politique. (Photo: UMP 67)

Philippe Richert, qui n'avait pas caché son hostilité à la fusion de l'Alsace avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne, s'est plié au réalisme politique. (Photo: UMP 67)

Sans surprise, l'élu des Républicains (droite) a remporté la présidence avec 102 voix sur 148 suffrages exprimés, devant Florian Philippot (FN) qui a recueilli les 46 voix de ses élus. Les conseillers socialistes ont voté blanc ou nul.

Dans son discours d'investiture, Philippe Richert a dit vouloir être «le président du rassemblement», à la fois pour les habitants des trois régions initiales et pour les différentes couleurs politiques représentées au nouveau conseil régional. Il a annoncé un bureau exécutif à ses côtés avec un élu de chaque région, ainsi que l'octroi d'une vice-présidence à chacun des 10 départements de la nouvelle région Acal (plus un vice-président pour les départements comptant plus de 700.000 habitants).

Voulant marquer sa différence, le nouveau président a d'ores et déjà indiqué qu'il se consacrerait à ce seul mandat – tout en exhortant les autres élus à faire de même. Les indemnités des élus seront de 20% inférieures à l'indemnité maximale autorisée par la loi – soit environ 2.128 euros. Les élus seront sanctionnés financièrement en cas d'assiduité insuffisante. Et un «déontologue» sera nommé afin de veiller à déceler les conflits d'intérêts potentiels des élus.

Il n'y a qu'une bonne politique locale: celle qui sert le territoire.

Philippe Richert, président de la région Alsace Champagne-Ardenne Lorraine

Philippe Richert a également insisté sur l'ouverture de sa majorité aux «idées constructives de l'opposition» et indiqué qu'il proposerait «à la gauche de s'associer à la gouvernance régionale sans se compromettre», écartant de facto l'extrême droite. Il va même jusqu'à envisager de «consulter les minorités non représentées» – donc toujours pas le FN. Réaction de Florian Philippot, tête de liste FN et numéro 2 du parti au niveau national, reprise par Les Dernières Nouvelles d'Alsace: «Philippe Richert oublie les 800.000 électeurs de notre liste.» Toutefois, aucune vice-présidence n'a été offerte aux sensibilités de l'opposition.

«Il n'y a pas de bonne politique locale de gauche ou de droite, il n'y a qu'une bonne politique locale: celle qui sert le territoire», assure Philippe Richert en reprenant les mots de feu Philippe Séguin, ancien ministre et député-maire d'Épinal durant 14 ans. Pour le nouveau président, quatre axes doivent mener l'action du conseil régional pour les six prochaines années: efficacité, responsabilité, proximité, ambition.

Vers un fonds souverain régional pour l'emploi

Fixant le développement économique et l'emploi comme sa priorité principale, le président a indiqué que l'une de ses premières mesures serait de créer un fonds souverain régional de 100 à 300 millions d'euros afin de financer le développement et l'innovation dans les PME et PMI ainsi que la création d'entreprises.

Les commissions dont les vice-présidents ont été élus lundi se réuniront à partir du mois de février, ouvrant la voie à un travail de découverte pour les élus habitués à des contours régionaux plus réduits. Car la région Acal compte 5,5 millions d'habitants et s'étend sur 55.000 km2, soit presque deux fois la Belgique. C'est aussi une région hétérogène avec une densité de population quatre fois supérieure en Alsace (224 habitants/km2) par rapport à la Champagne-Ardenne (52 habitants/km2).

Si la nouvelle région enregistre un PIB de 146 milliards d’euros en 2014, soit autant que la moyenne nationale hors Île-de-France, des écarts importants persistent entre les trois régions aux points forts et faibles différents. En 2013, le PIB a reculé de 0,6% en Lorraine alors qu'il augmentait de 0,1% en Alsace et de 2,3% en Champagne-Ardenne. Autant de disparités qui compliquent la tâche des élus régionaux officiellement intronisés lundi.