Les riverains, les cyclistes, les élus : tout le monde attend avec impatience l’ascenseur du Pfaffenthal. (Photo : Ville de Luxembourg)

Les riverains, les cyclistes, les élus : tout le monde attend avec impatience l’ascenseur du Pfaffenthal. (Photo : Ville de Luxembourg)

L’ascenseur du Pfaffenthal, liaison entre le vieux quartier et la ville haute de Luxembourg, est un projet contrarié. Il devrait être opérationnel. Mais il a été victime de malfaçons et d’une entreprise en faillite. On évoque désormais une mise en service… pour l’été 2014.

Un beau projet qui se transforme en Arlésienne, voire en monstre du Loch Ness : c’est un peu ce qui arrive avec l’ascenseur du Pfaffenthal. Et ce, au grand dam de la Ville de Luxembourg, des chantres de la mobilité douce entre quartiers à désenclaver, des habitants du bas de la ville…

Car, logiquement, piétons et cyclistes devraient déjà pouvoir utiliser ce système de liaison verticale entre la ville haute et le Pfaffenthal. Mais le chantier restait, ces derniers mois, désespérément fantomatique. L’espoir renaît et, avec lui, celui d’un projet opérationnel pour les beaux jours, dans deux ans…
Depuis août 2008

L’idée remonte déjà loin dans les décisions du conseil de la Ville de Luxembourg. Elle avait pris corps avec le projet étudié par le bureau INCA (Ingénieurs Conseils Associés). La réalisation d'une liaison entre le quartier du Pfaffenthal et la ville haute s’appuyait sur une tour en béton armé, d’environ 70 m de haut, dotée d’un ascenseur panoramique, et sur une passerelle de liaison métallique, pour rejoindre la terre ferme, sur le haut de la ville.

Concrètement, ce système doit permettre de désenclaver le vieux quartier de la vallée, en évitant aux cyclistes et aux piétons de s’enfiler la sportive montée du Pfaffenthal pour aller en ville. En plus, ce projet se greffait parfaitement à celui de prolongement ferroviaire, de la gare du Pont Rouge et de « funiculaire », sur l’autre versant de la vallée.

L’ascenseur de Pfaffenthal est censé amener à destination une soixantaine de personnes en trente secondes… Mais c’est en années que se compte la montée du chantier… Les ingénieurs avaient prévu le début des travaux pour août 2008 et une mise en service pour ce printemps 2012, pour un coût estimé à quelque 5,6 millions d’euros. Même si le projet avait finalement été adopté, par la Ville, en février 2009 seulement, l’ascenseur en question devrait au moins être dans sa dernière ligne droite.

Mais le chantier a connu plus de bas que de hauts…

Faillite de Mangen

La soumission avait mis l’entreprise Mangen dans la course. Selon les services de la Ville, cela ne s’est jamais vraiment bien passé. L’entrepreneur a « mal travaillé », entraînant un « retard regrettable » de près d'un an sur le chantier. Il semble que l’entreprise ait notamment commis des erreurs techniques, dès la réalisation des fondements. L’édifice devait s’appuyer, selon les ingénieurs qui ont calculé le projet, sur le « creusement d'une entaille dans la roche pour l'implantation de la tour et des locaux de service ».

Face aux problèmes qui s’accumulaient, jusqu’à l’arrêt du chantier, la Ville avait voulu rompre le contrat la liant avec l’entreprise. Après plusieurs mises en demeure, la procédure avait abouti, durant l’été 2011, à une intervention de la commission d'adjudication, pour mettre fin au contrat et, le cas échéant, engager une autre entreprise. La faillite de Mangen, survenue en février dernier, n’a rien arrangé dans l’imbroglio juridique.

À la rescousse

À la tête du conseil communal, le duo Xavier Bettel-François Bausch semble aujourd’hui voir l’horizon se dégager. Maintenant les travaux devraient reprendre. La société qui ne devait réaliser que la deuxième partie du projet, en l’occurrence la passerelle menant de la plate-forme de l’ascenseur au parc Pescatore, va terminer la première partie, en rectifiant les erreurs commises.

C’est donc CDCL qui arrive à la rescousse, pour mener le projet à bien. Les travaux doivent reprendre bientôt. Et l'ascenseur devrait, sauf nouveaux aléas, être fonctionnel pour l’été 2014.

Bataille juridique

L'entreprise va donc reprendre le terrassement. Une fois cette phase délicate menée à bien, la tour de béton pourra être rapidement coulée et la structure métallique, préparée en atelier, sera installée sur place. "Tout le monde aura perdu un an, au moins", déplore aussi Andrea De Cillia, ingénieur-conseil qui continue de suivre de près le projet chez INCA, où il a été élaboré et concu, avec le bureau d'architectes-urbanistes Steinmetz-Demeyer.

Quant à la Ville, elle devrait essayer de faire valoir ses droits. Une bataille juridique pourrait s'ensuivre, entre les conseils de la Ville de Luxembourg, la liquidation de Mangen, l'un ou l'autre sous-traitant utilisé par la société faillie en cours de route... Dans tous les cas, il est probable que le projet risque de coûter plus cher que l'estimation initiale.