François Tesch est administrateur délégué et président du comité de gestion de Luxempart. (Photo : archives paperJam)

François Tesch est administrateur délégué et président du comité de gestion de Luxempart. (Photo : archives paperJam)

L’épisode ressemble déjà, toutes proportions gardées, à une nouvelle affaire Parmalat, du nom de ce groupe laitier italien où une gigantesque fraude avait été découverte en 2003. Et Luxempart en est une des principales victimes. La société de participations luxembourgeoise, dirigée par François Tesch (CEO de Foyer), est en effet exposée à hauteur d’environ 56 millions d’euros à Pescanova, une société de pêche espagnole, au bord de la faillite, et soupçonnée d’avoir maquillé ses comptes.

En juillet 2011, Luxempart avait acquis une participation de 5,1% dans Pescanova (992.000 actions) pour 29,76 millions d’euros à Manuel Fernandez de Sousa Faro, le président et premier actionnaire de l'entreprise. «La société couvre toute la chaîne de création de valeur, de la pêche, l’élevage de poissons (aquaculture) à la commercialisation de produits de la mer», expliquait alors la filiale de l’assureur Foyer.

Augmentation de capital

Cette participation a été portée à 5,83% suite à une augmentation de capital réalisée l’été dernier et à laquelle elle avait souscrit à hauteur de 9 millions d’euros. Luxempart avait aussi souscrit à une émission d’obligations convertibles de la société pour un montant de 17 millions d’euros. Les obligations servent un rendement de 8,75% sur sept ans.

En tout, l’exposition de la société atteint donc 56 millions d’euros. «La situation est très délicate», confie-t-on aujourd’hui chez Luxempart, qui refuse toutefois d’en dire plus.

La valeur estimée du portefeuille de Luxempart est d’environ 900 millions d’euros dans une trentaine de sociétés. Sa capitalisation boursière atteint environ 570 millions d’euros.

Cotation suspendue

La somme concernée (environ 10% de la capitalisation boursière, donc) semble bien mal engagée aujourd’hui. La cotation de l’action Pescanova (environ 10.000 employés) a été suspendue le 12 mars à la Bourse de Madrid. Ce jour-là, elle s’affichait à 5,91 euros, en repli de 19,26%, après avoir abandonné 17,47% la veille. Le 1er mars, la cessation de paiement avait été annoncée, en même temps que le report de la publication des résultats 2012.

La Commission de surveillance de la Bourse espagnole (CNMV), qui vient d’analyser la situation, estime la dette de l’entreprise galicienne entre 2 et 2,5 milliards d’euros. Pescanova, dont François Tesch est administrateur, est soupçonnée d’avoir édité des fausses factures à des filiales (elle en aurait plus de 80 dans une vingtaine de pays dans le monde) pour minorer l’ampleur de cette dette. L’attention se porte aujourd’hui vers Novapesca, une filiale de l’entreprise qui aurait servi à dissimuler cette dette.

Troisième actionnaire

Luxempart est le troisième actionnaire de Pescanova. Les deux principales participations sont détenues par Manuel Fernandez de Sousa Faro, le président (14,42%) et Damm, un brasseur catalan (6,18%).

L’action Luxempart abandonne 1,54% ce lundi à la Bourse de Luxembourg. Depuis le pic de l’année atteint le 1er février (26,98 euros), le cours a reculé de près de 6%.

Au 1er mai 2012, Luxempart était détenue par Foyer Finance SA (43,5%), Bil (9,95%), Groupe Sofina (5,25%) et par des actionnaires publics et institutionnels (37,1%). Le reste (4,2%) était détenu en actions propres.