Philippe Slendzak: «Les exigences salariales sont parfois démesurées.» (Photo: Julien Becker)

Philippe Slendzak: «Les exigences salariales sont parfois démesurées.» (Photo: Julien Becker)

Monsieur Slendzak, quel a été l’événement le plus marquant pour votre secteur d'activité au cours de ces derniers mois?

«Sans conteste, la fin du secret bancaire. Tout un pan de notre activité va disparaître alors que l’expertise-comptable et la domiciliation, entre autres, vont devoir être modifiées en profondeur. Nous nous tournons donc, et cela depuis quelques années déjà, vers un nouveau modèle de business basé sur le conseil fiscal haut de gamme, destiné à toute structure qui souhaite s’implanter au Luxembourg.

Quels seront alors les piliers de votre croissance?

«Aujourd’hui, notre équipe est essentiellement active sur la tenue de la comptabilité de PME et PMI luxembourgeoises, mais aussi de nouveaux arrivants en phase de création. Il nous faudra d’abord continuer à les servir. Ensuite, nous voulons développer notre département Fiduo Conseil, avec les services concernant l’optimisation fiscale pour le patrimoine ou pour des sociétés à caractère transfrontalier.

Dans ce contexte, certains profils sont-ils plus difficiles à recruter?

«Les profils sont bien présents sur le marché et nous constatons que le Luxembourg a toujours un fort pouvoir attractif auprès des jeunes universitaires étrangers. Mais, actuellement, nous sommes à la recherche de comptables expérimentés. Et, si les candidatures de qualité ne manquent pas, les exigences salariales sont démesurées. La concurrence est de plus en plus forte et certains cabinets n’hésitent pas proposer des tarifs défiant le bon sens. Là, il devient difficile d’être concurrentiel, à moins de jouer la surenchère.

Quel type de manager êtes-vous?

«Il faut pouvoir déléguer et bien s’entourer. J’ai tendance à énormément faire confiance et, au sein de mon équipe, j’ai rarement été déçu.

Quelles sont vos principales qualités?

«Dans un environnement professionnel, je pense avoir beaucoup de patience et d’écoute. J’aime également travailler dans un climat serein, sans tension, sans autoritarisme. Mon souhait est que chacun de mes collaborateurs prenne plaisir à venir travailler. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir une capacité de décision très importante.

Et vos principaux défauts?

«Le revers de mes qualités: faire trop confiance, donner parfois trop de liberté et en payer ensuite les conséquences. Il me faut travailler à un bon dosage.

Si vous aviez dû faire autre chose, qu’auriez-vous aimé faire?

«Tout ce qui touche à la voiture et à la moto m’a toujours intéressé. Je suis un passionné de voitures de course par exemple. Aussi, je me serais bien vu travailler dans la mécanique haut de gamme. Mais je n’ai jamais eu les compétences pour faire un bon mécanicien.

Comment voyez-vous votre société dans cinq ans?

«Cela fait 30 ans que je travaille au Luxembourg et je vous avoue que c’est la première fois que je suis inquiet. Auparavant, lorsque le pays cédait aux pressions extérieures, il avait d’autres cordes à son arc. Par exemple, quand la Commission européenne a remis en cause la Holding 1929, toutes les sociétés soumises à ce régime se sont muées en Soparfi. Aujourd’hui, il n’est pas sûr que l’on rebondisse aussi vite en matière de développement et que l’on trouve un autre chemin. Dans ce contexte que je pressens difficile, on ne peut qu’aller vers le haut. Pour les années à venir, je mise sur notre capital humain, qui doit être toujours plus formé, compétent et technique afin qu’il puisse fournir des conseils de haute qualité. J’ai également la volonté d’intégrer un réseau européen qui nous permettra d’apporter des services au-delà de nos frontières tout en préservant notre indépendance. Il faudra prendre son temps et choisir des partenaires ayant la même philosophie de travail.»