De gauche à droite: Joubin Bashiri (Tenzing Partners), Antoine Gatti, Martinho Santos Silva, Mme et M. Raymond Niessen et Terry Niessen. (Photo: Nader Ghavami)

De gauche à droite: Joubin Bashiri (Tenzing Partners), Antoine Gatti, Martinho Santos Silva, Mme et M. Raymond Niessen et Terry Niessen. (Photo: Nader Ghavami)

La transmission d’une entreprise est un cheminement. Et celui qu’a entamé Raymond Niesen il y a cinq ans lui permet de passer le relai sereinement, avec le sentiment d’avoir trouvé les bonnes personnes pour assurer le futur de Burotrend.

Le cofondateur de l’entreprise spécialisée dans le mobilier de bureau a choisi d’écrire un nouveau chapitre de sa vie, le professionnel et le privé étant étroitement liés. «J’ai compris qu’il fallait faire des changements et qu’ils ne pourraient se faire que si je n’étais pas là», déclare-t-il. Sur base de ce constat et après plusieurs décennies de dur labeur, le fondateur s’est mis à la recherche de candidats repreneurs, avec l’appui de la société Tenzing Partners, en faisant marcher son propre réseau, tant professionnel… que familial. 

Au fil des contacts, le profil de Martinho Santos Silva est apparu, lui qui souhaitait se lancer à la tête de sa propre entreprise. «Je le connaissais déjà, car nous avions conduit un projet ensemble, nous avons discuté pendant un an du processus de reprise», se souvient Raymond Niesen. Dans le même temps, le fils de Raymond, Terry (30 ans), se montrait intéressé à l’idée de prendre des responsabilités.

Des discussions autour d’une vision est née une nouvelle configuration de l’actionnariat qui a été récemment modifié et réparti entre Martinho Santos Silva (actionnaire majoritaire), Terry Niessen et Antoine Gatti, directeur commercial. Ce trio se retrouve dans la direction opérationnelle de l’entreprise. «Les choses se sont mises en place logiquement, sur base des forces de chacun», déclare Martinho Santos Silva, directeur général. 

Pour rechercher du succès vous devez développer un esprit d’entrepreneur.

Martinho Santos Silva, directeur général de Burotrend

À 44 ans, Martinho Santos Silva dispose d’un parcours d’une vingtaine d’années dans le secteur financier, dont une quinzaine comme consultant chez Kurt Salmon, ce qui lui a permis d’appréhender les notions d’organisation, de gestion et de management d’entreprises.

«Pour rechercher du succès vous devez développer un esprit d’entrepreneur, mais aussi trouver la bonne entreprise, les bonnes personnes et avoir de la chance. Ces éléments ne sont pas automatiquement synonymes de succès, mais ils permettent d’éventuellement d’atteindre les objectifs. Jusqu’ici, chez Burotrend, tout va plutôt dans la bonne direction», note Martinho Santos Silva. 

Un deuil nécessaire

Pour transformer l'essai de la transmission, la préparation est nécessaire, ainsi qu'une juste répartition des rôles. Au conseiller de préparer le chemin, au fondateur d’avancer dans sa réflexion et de faire le deuil de son entreprise. «Il y a un aspect émotionnel très fort et c’est normal», observe Joubin Bashiri, associé chez Tenzing Partners. Le cas de Burotrend est un exemple intéressant de transmission dans la continuité. «Il y a deux types de configuration, soit une grande société rachète la petite en imposant sa philosophie, ce qui était exclu ici, soit des repreneurs en personnes physiques qui s’intègrent dans l’existant. Les différents éléments et les personnes rassemblées ici pour reprendre font en sorte que l’intégration, la continuité et la pérennité sont garanties.»

Nous avons monté l’affaire avec l’aide financière d’amis en travaillant le soir, le week-end.

Raymond Niesen, cofondateur de Burotrend

De son côté, Raymond Niesen et son épouse Linda vont pouvoir prendre du champ, en restant disponibles pour un conseil, tout en demeurant actionnaires minoritaires, mais avec une sortie prévue à terme. Car on ne lâche pas du jour au lendemain un bébé mis au monde en 1984 avec un associé et ancien collègue, feu Guy Lamesch. «Les fournisseurs de notre précédent employeur nous avaient presque tous suivis, mais pas les banques au départ, se rappelle Raymond Niesen. Nous avons monté l’affaire avec l’aide financière d’amis, en travaillant beaucup, y compris le soir, le week-end.» 

Vendre du service, plus que des produits

L’entreprise a rythmé la vie des Niesen depuis une trentaine d’années, sans forcément conditionner les enfants à la reprise puisque leur fille est journaliste à Berlin et que Terry s’imaginait faire carrière à l’international.

«Je suis heureux de compter sur deux partenaires, c’est la meilleure configuration plutôt que devoir reprendre la société sans mon père et ma mère qui en ont été le cœur», ajoute Terry. «Je veux que la société continue d’être une entreprise familiale où tout le monde se connait, où il y a une bonne compréhension de l’être humain. Nous ne voulons pas doubler ou tripler pour être la plus grosse mais poursuivre un développement contrôlé, pouvoir servir et choisir nos clients», ajoute Martinho Santos Silva.

À l’heure du paperless, du télétravail, de la digitalisation ou des bureaux partagés, les fournisseurs du secteur doivent revoir leur approche, mais gardent une certaine marge de progression, ne fut-ce que pour répondre aux développements des entreprises, à leurs nouveaux projets immobiliers ou à l’arrivée d’acteurs au Luxembourg.

La difficulté n’est pas trop la digitalisation, la vraie difficulté vient du fait que nos clients peuvent aller en direct chez les fournisseurs.

Martinho Santos Silva, directeur général de Burotrend

«Quand mon père a commencé il y a 35 ans il vendait des bureaux et derrière il y avait un service. Aujourd’hui pour vous démarquer vous devez vendre un service avec des bureaux», résume Terry Niesen. «La difficulté n’est pas trop la digitalisation, la vraie difficulté vient du fait que nos clients peuvent aller en direct chez les fournisseurs, note Martinho Santos Silva. Nous devrons donc nous démarquer pour faire comprendre aux clients l’intérêt de passer par nous.» 

Burotrend réalise un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros, compte une trentaine d’employés, des surfaces de 700 mètres carrés à Hollerich et, depuis 2002, une enseigne «Beckstreetfive» tournée vers l’aménagement intérieur pour particuliers en centre-ville.

Autour de la table, chacun se sent armé pour atteindre de nouveaux objectifs, en respectant l’état d’esprit du fondateur, «pas le moins cher, mais en mettant en avant la qualité.» Autour de la table, chacun déclare croire au destin. Le leur est désormais étroitement lié à celui de l’entreprise.