Alexis Tsipras a multiplié les contacts bilatéraux, en particulier avec l'Allemagne et la France. (Photo: Conseil européen)

Alexis Tsipras a multiplié les contacts bilatéraux, en particulier avec l'Allemagne et la France. (Photo: Conseil européen)

Si Marathon n’était pas une ville grecque en plus d'être la distance reine de la course à pied, l’image aurait pu être évitée. Mais les négociations en cours depuis ce week-end à Bruxelles font tantôt penser à une course de fond, tantôt à un sprint pour obtenir un accord à l’arraché. 

Réunis depuis dimanche 16 heures dans un sommet annoncé comme celui de la dernière chance pour éviter un Grexit, les chefs d’État et de gouvernement de la zone euro ne sont pas encore parvenus à s'entendre autour d’un plan d’aides financières à accorder à la Grèce. Un plan dont le montant oscillerait entre 82 et 86 milliards d’euros.

Les discussions ont repris ce matin aux alentours de 4 heures.

 

Ces discussions tournent autour d’une feuille de route dessinée samedi à l’issue d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro. Outre le strict suivi des mesures proposées par le gouvernement d’Alexis Tsipras et validées par le Parlement grec dans la nuit de vendredi à samedi, l’Eurogroupe a réclamé des garanties supplémentaires, dont un mouvement de privatisation d’entreprises publiques et une modernisation de l'administration grecque.

D’après Le Monde, les discussions bloquent principalement sur deux points:

  • les modalités d’intervention du Fonds monétaire international. Les ministres des Finances de la zone euro souhaitent que l’institution qui fait partie des créanciers de la Grèce continue d’être une partie prenante. Mais Christine Lagarde ne voulait pas forcément continuer à s’engager après un défaut de paiement grec.
  • la mise en place d’un fonds au Luxembourg pour gérer des actifs grecs. Ce fonds utiliserait les actifs en provenance des privatisations – à hauteur de 50 milliards d’euros – et serait géré par les autorités grecques, mais placé sous la supervision des autorités européennes. Une sorte de mise sous tutelle qui passe mal pour Alexis Tsipras. 

Un instrument déjà existant

L’instrument auquel fait référence le document de l’Eurogroupe est l’Institution for Growth in Greece, créé en avril 2014 à l’initiative de la Banque européenne d'investissement (BEI) et de la République hellénique.

«L'IfG a pour objet de promouvoir la croissance, l'innovation et l'emploi en fournissant des prêts à court ou moyen terme et des fonds propres à de petites et moyennes entreprises (PME) ainsi qu'aux promoteurs de projets d’infrastructure de petite dimension jugés nécessaires pour renforcer la compétitivité dans certains secteurs de l'économie grecque», précisait le communiqué de presse de l’époque. 

Cette institution non bancaire qui est davantage existante sur papier que via des actions concrètes jusqu'à présent pourrait donc être activée avec des missions élargies à l’ensemble de l’économie grecque.

D’un sommet aux rencontres bilatérales

Mais cette solution dépend de l’aboutissement d’un accord – ou non – des 19 représentants des pays de la zone euro, au sortir d’un week-end qui a plus que jamais révélé le manque de confiance de certains pays envers la Grèce. Une sortie temporaire de cinq ans, un Grexit, a été évoquée samedi, le temps pour la Grèce d'assainir sa situation.

Ce n’est d'ailleurs pas un hasard si le terme «trust» apparaissait en première ligne du document rédigé par l’Eurogroupe. Certains pays, dont l’Allemagne, se sont montrés inflexibles en réclamant un respect des engagements pris par Athènes et en demandant de nouvelles garanties pour débloquer une aide supplémentaire.

Ce qui devait être un sommet de l’Union européenne comme l’avaient annoncé Jean-Claude Juncker et Donald Tusk, s’est d’ailleurs mué en sommet de la zone euro, entrecoupé de discussions bilatérales, entre la France – affichant une position plus souple -, l’Allemagne et la Grèce.

 

Le sommet a été suspendu aux alentours de 6 heures pour des discussions finales.