L’Islande est devenue le premier pays au monde à imposer l’égalité salariale hommes/femmes.  (Photo: Licence C.C.)

L’Islande est devenue le premier pays au monde à imposer l’égalité salariale hommes/femmes.  (Photo: Licence C.C.)

Le Premier ministre islandais, Bjarni Benediktsson, avait créé la surprise le 8 mars 2017, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, en soumettant le projet de l’égalité salariale, lors de la conférence HeforShe à New York. Le projet avait été ensuite présenté en avril à l’Althing, le Parlement islandais, où une parité parfaite est d’ailleurs presque atteinte.

Concrètement, les sociétés et les agences gouvernementales islandaises employant au minimum 25 travailleurs doivent dorénavant, sous peine d’amendes, disposer d’un document délivré par les autorités et certifiant cet équilibre salarial. Alors que dans tous les autres pays, comme le Luxembourg, c’est aux victimes de prouver que leur entreprise discrimine ses employées féminines, en Islande, les entreprises doivent désormais apporter la preuve de leur bonne foi.

Une première qui ne semble pas faire d’émule auprès du ministère de l’Égalité des chances luxembourgeois. «Alors qu’au Luxembourg, l’écart de salaire entre hommes et femmes était encore de 8,6% en 2015, il est de 5,4% aujourd’hui», déclare auprès de Paperjam la ministre Lydia Mutsch, qui se dit fière des résultats obtenus au niveau national. «C’est sans doute en partie en raison de l’incrimination de l’inégalité salariale, mais aussi en raison des nombreux efforts qui ont été entrepris en amont, à travers le programme des actions positives notamment, que ce progrès important a pu être atteint.»

Une amende allant de 251 à 25.000 euros

Le Luxembourg dispose en effet d’une loi sur l’égalité salariale, et ce depuis 2016. Par cette loi, l’inégalité salariale est dorénavant élevée au rang d’une infraction. Cela signifie qu’à partir du moment où une différence de salaire ne pourra plus se justifier pour des raisons objectives et qu’elle sera fondée sur des considérations de genre, l’employeur se verra infliger une amende allant de 251 à 25.000 euros. En cas de récidive dans le délai de deux ans, les peines prévues peuvent même être portées au double du maximum. L’employeur devra donc, pour un même travail ou un travail de valeur égale, allouer un même salaire à ses salariés, indépendamment de leur sexe.

Le Luxembourg a donc fait le choix d’encourager les entreprises à adopter une politique salariale égalitaire avec des outils fournis par le ministère, précise Lydia Mutsch: «Depuis 2009, le logiciel Logib-Lux permet à toute entreprise intéressée d’acquérir, au vu d’un rapport étoffé, des connaissances quant à sa structure salariale actuelle, et d’identifier les causes d’éventuelles inégalités salariales. Les données concernant le salaire, la qualification et le poste de travail des salariés servent de base au calcul.»

Le phénomène de l’inégalité salariale entre hommes et femmes n’est pas un geste intentionnel de la part des entreprises.

Lydia Mutsch, ministre en charge de l’Égalité des chances

Si l’Islande a opté pour une mesure plus radicale, le Luxembourg compte sur la bonne foi des employeurs avant de sortir le bâton. «En général, le phénomène de l’inégalité salariale entre hommes et femmes n’est pas un geste intentionnel de la part des entreprises, et donc, il faut dans un premier temps laisser la possibilité à l’employeur de remédier volontairement à cette situation», ajoute Lydia Mutsch. «Ce n’est que dans une deuxième phase que vont entrer en ligne de compte les contrôles et sanctions.»

La politique volontariste de l’Islande lui permet, depuis neuf ans, de figurer en tête du classement annuel «Global Gender Gap Index» du Forum économique mondial (WEF), qui mesure l’égalité des genres en matière, notamment, de participation économique, d’influence politique, de santé et d’éducation.