«Oxi» ressemble à un oui mais veut bel et bien dire non. (Photo: SYS Images)

«Oxi» ressemble à un oui mais veut bel et bien dire non. (Photo: SYS Images)

Depuis peu, difficile d’ignorer que, en grec, «oxi» ressemble à oui, mais veut dire non.

Les touristes ou les hellénistes savaient déjà comment dire merci (efharisto) ou user du «parakalo» comme d’un «s’il vous plaît» ou un «je vous en prie».

Derrière les mots, ceux de la politesse, du respect ou de la négociation, il y a eu un «non». Au Luxembourg, on est sans doute mal placé pour commenter un refus marqué clairement par référendum (qui lui est un mot latin). Mais, avec l’Europe concentrée sur le territoire qui préside le Conseil de l’UE autant que sur le luxembourgeois qui occupe la tête de la Commission, on est bien placé, en revanche, pour prendre la mesure du «oxi» venu d’Athènes.

C’est un peu la mort du pays qui vit naître la démocratie. À moins que cela soit la seule chance de survie d'une nation qui survécut à la dictature des colonels?

Absurde? Déjà, les discours changent. Dans la mythologie grecque, Europe, princesse phénicienne, fut aimée de Zeus et lui donna un fils. Aujourd’hui, les dirigeants européens s’apprêtent à lâcher la Grèce ou à inventer une pirouette de l’extrême pour sauver ce qui peut l’être et imposer une fin moins chaotique. Une dernière course contre le chrono ou un dernier marathon?

Figure de rhétorique

Oxi… Occis... Mort. Oxymore?

En rhétorique – encore une invention grecque –, c'est une figure de style. Elle marque la rencontre, le clash même, entre ce qui est malin et ce qui est idiot. Ou plutôt consacre, en une formule bien troussée, la fausse contradiction, par exemple de ce qui serait spirituel, mais caché sous une apparente stupidité.

L'exemple classique parle d’une «obscure clarté». Mais l’oxymore – ou oxymoron – peut se délecter aussi d’une manie diplomatique selon laquelle, parfois, il est urgent d’attendre.

L’oxymore, dit le lexique, exprime ce qui est inconcevable, rend compte de l'absurde et crée donc une nouvelle réalité poétique.

Le non grec, qui part d’un ouï-dire et finit dans un non-dit, fait basculer l’idée européenne en faisant vaciller les certitudes.

On est en absurdie. On est dans une nouvelle réalité politique. Et c’était inconcevable jusqu’à ce qu’un peuple décide de saborder son présent pour espérer sauver son avenir.