La guerre des opérateurs français, autour de SFR, touche le Luxembourg par ricochet. (Photo: Silicon)

La guerre des opérateurs français, autour de SFR, touche le Luxembourg par ricochet. (Photo: Silicon)

C’est la polémique économico-politique de cette fin de semaine en France. Et le ministre du redressement productif, un peu redresseur de torts à ses heures, Arnaud Montebourg (qui décidément ne fait que rimer parfaitement avec Luxembourg), brandit une fois de plus dans cette partie financière les fantômes de l’évasion des valeurs made in France.

L’enjeu de base, c’est le sort de SFR, opérateur télécom en passe de se faire avaler. Par qui? Tout est là et tout se jouait ce vendredi, au conseil d’administration de l’actuelle maison-mère de SFR, Vivendi.

Sur la table, deux offres. Bouygues, géant du béton qui s’est diversifié, dans la télé et les télécoms notamment, mettait 10,5 milliards d’euros. Numericable, cablo-opérateur en pleine expansion par le biais de rachats et d’extension de zones géographiques, se disait prêt à aller 11,75 milliards. Vivendi a d’ailleurs, en cours d'après-midi, fait part de sa décision d'entrer en négociation exclusive avec Numericable.

Altice, un acteur grand-ducal sur le front

Mais que viennent faire Montebourg et Luxembourg dans tout ça? Le ministre, qui a manifestement choisi son camp, a affirmé, sur les ondes d’Europe1, à quelques heures de la décision de Vivendi, que le groupe souhaitait aller «coûte que coûte» avec Numericable et a fustigé le fait que l’actionnaire de référence de Numericable, le fonds Altice, soit une structure luxembourgeoise. Au passage, il a servi l’éternel argument du «paradis fiscal», pointant aussi le statut de résident fiscal suisse du président Patrick Drahi.

Tous les médias français reprennent la passe d’armes! Altice, effectivement luxembourgeois, ce qui n’a rien de nouveau, fait pourtant valoir que Numericable, cotée en France où elle a son siège, donnerait lieu à un nouvel ensemble (SFR-Numericable), franco-français.

Parts de marché et titres boursiers

Mais il y a d’autres joueurs dans cette partie. Xavier Niel, fondateur de Iliad, qui détient l’opérateur Free, vient aussi à la rescousse de Bouygues. Il est ici question de parts de marché, d’alliés de circonstance sur un terrain à la concurrence féroce. Et d’emploi, chacun y allant de ses déclarations sur les effets supposés de telle ou telle option.

Cela étant, le marché est surtout une question de gros sous entre opérateurs et, surtout, détenteurs de groupes à la valorisation colossale. Les indicateurs boursiers se sont d’ailleurs montrés sensibles à la question: à Paris, en début d’après-midi, Bouygues et Iliad avaient tendance à plonger (aux alentours de -5%) alors que le titre Numericable tirait les marrons du feu, sans se brûler les ailes (+3,8 %).

Trois semaines

Le groupe français Vivendi a donc, sans réelle surprise et malgré l'agitation, choisi d'écarter l'offre concurrente de Bouygues. Tout n'est pas formellement joué pour autant. Dans un communiqué, Vivendi a expliqué sa décision d'entrer en négociations exclusives avec Altice pour une période de trois semaines. Les pressions se poursuivront-elles durant ce laps de temps?

En tout état de cause, la base des discussions entre Vivendi et Numericable-Altice est une offre qui prévoit un paiement de 11,75 milliards d'euros ainsi que l'attribution à Vivendi de 32% du capital de la future entité.