Madame Adas, comment le Banking Day va-t-il rendre compte des préoccupations actuelles des banquiers ?
« Les deux dernières années, nous avions invité des économistes. Cette année, nous aurons à la tribune un banquier : Jacques Ripoll, membre du comité exécutif de la Société Générale. Il donnera son avis sur la stratégie conduite par un groupe bancaire en temps de crise. Puisqu’il supervise entre autres les activités de la banque française au Grand-Duché, nous l’entendrons sur ce qu’il pense du Luxembourg, sur la place occupée par son groupe ici, mais d’un un point de vue extérieur.
Ensuite, parmi les panélistes, Ernst Wilhelm Contzen, en tant que représentant de la Deutsche Bank, partagera la perception d’une banque allemande. Les filiales des groupes allemands représentent un tiers des banques au Luxembourg. Ce n’est pas anodin. D’autant qu’elles souffrent considérablement en ce moment. M. Contzen évoquera aussi l’Union bancaire. Cette fois en tant que président de l’ABBL (Association des banques et banquiers, Luxembourg). Il s’agit d’un sujet qui lui tient à cœur.
Seule la banque privée aura voix au chapitre ?
« Non, Sébastien Danloy, directeur d’une grande banque dépositaire de la Place (RBC, ndlr.), partagera des challenges différents de ceux connus par les banques privées. Il s’attardera davantage sur Ucits V et VI, le rôle et les responsabilités de la banque dépositaire à l’avenir. Nous essayons de traiter des thèmes transversaux où chacun pourra s’exprimer en fonction de son métier. En envisageant la situation actuelle au Luxembourg, on envisagera ce qu’il faut faire pour demain.
Par exemple, François Pauly, de la BIL, partagera son point de vue sur la transparence, sur ce qui touche aux pays émergents, notamment dans le cadre de l’arrivée de Qataris. Enfin, Stanislas Peel apportera un éclairage intéressant sur la banque privée suisse qu’il représente au Luxembourg, Lombard Odier, et qui développe ses activités en Union européenne depuis ici.
Un parterre d’invités prestigieux donc. Mais pour ce qui concerne les représentants des autorités, quels seront les sujets des interventions de Luc Frieden et de Jean Guill ?
« Je ne peux pas anticiper précisément sur ce qui va être dit par les intéressés. Ils devraient tous les deux improviser en grande partie pour tenir compte, au mieux, de l’actualité. Le premier devrait notamment parler du conseil Ecofin qui s’est déroulé la semaine dernière.
Jean Guill, directeur de la CSSF (Commission de surveillance du secteur financier), avait une dizaine de thèmes en tête, mais il s’attardera surtout sur l’Union bancaire. Pour la première fois, le superviseur dévoilera sa position. Luc Frieden et Ernst Wilhelm Contzen s’étaient déjà exprimés sur le sujet en indiquant qu’il faudrait laisser quelques prérogatives de supervision bancaire au Luxembourg, notamment pour accorder les agréments.
Il faut savoir que la CSSF est aujourd’hui considérée comme un interlocuteur relativement facile d’accès. Les banquiers savent qu’on peut présenter un projet et en discuter avec eux. C’est un avantage compétitif et il est clair que le gouvernement voudra le garder.
Il s’exprimera également sur la transparence, particulièrement pour ce qui concerne l’échange d’information entre juridictions. Actuellement c’est un sujet de discussion majeur. Combien de temps les banquiers privés luxembourgeois ont-ils pour mettre de l’ordre dans les comptes ? Ils ont déjà bien avancé. Ils s’y préparent, mais cela reste un thème d’actualité. M. Guill abordera enfin les projets d’avenir au Grand-Duché.
Quelles seront les résolutions des banquiers pour la nouvelle année ?
« Il faut d’abord envisager le contexte actuel. La Banque centrale a prévu un ralentissement économique dans la zone euro en 2013. Les changements réglementaires sont nombreux. On peut citer Fatca, CRD IV (transposition de Bâle III, ndlr.), MifiD II ou encore Ucits V et VI pour ce qui concerne les dépositaires.
Le panel tentera d’évaluer dans quelle mesure les difficultés d’aujourd’hui représentent des opportunités de demain. Comment le Luxembourg pourra-t-il rester distinctif ? La question est un peu plus compliquée pour la banque privée que pour les fonds. Il va par exemple falloir calibrer un nouveau type de clientèle. Peut-être que le Luxembourg pourra se distinguer par son expertise... On observe par exemple une mouvance vers le family office.
On travaillera davantage sur des activités à forte valeur ajoutée et moins sur des back-offices. Ces législations vont nous obliger à repenser notre business model. AIFMD va représenter des opportunités certes, mais Ucits V et VI, en accroissant les responsabilités des banques dépositaires, pourraient faire du Luxembourg un centre d’expertise. Il faut transformer la banque luxembourgeoise d’aujourd’hui en quelque chose de distinctif en Europe pour demain. »