Un bureau d’audit souligne que l’initiative Objectif Plein Emploi, lancée par l’OGBL, a perçu trop d’aides de l’Etat. Il faudrait reverser quelque 4,5 millions au bailleur public. Mais OPE estime qu’elle est dans son bon droit le plus total, parce qu’elle a mené sa mission avec l’avance accordée.
L’automne luxembourgeois n’est pas un printemps arabe, et il n’y a pas de révolution dans l’air. Mais, après l’abl ProActif l’an passé à pareille époque, c’est Objectif Plein Emploi (OPE) qui se retrouve sur la sellette, pour avoir des comptes à rendre à l’Etat.
ProActif était née en son temps du giron du syndicat LCGB. Et OPE était, elle, sortie de la cuisse de l’OGBL. Ces initiatives d’insertion de travailleurs en difficulté poursuivent sensiblement les mêmes buts et sont, dans tous les cas, aidées par l’Etat.
Subventions en trop
Mais l’an passé, dans le sillage de quelques remous touchant le LCGB, l’affaire ProActif avait révélé des pratiques à la limite du hors-jeu, des soucis de surfacturation notamment, des transferts d’aides et, au final, un trop perçu vis-à-vis de l’Etat.
Un audit, diligenté par le ministre du Travail et de l’Emploi, avait mis de l’ordre dans les chiffres. Et le ministère avait annoncé poursuivre dans cette voie d’audits externes et indépendants, pour des associations et organismes similaires à ProActif. Le même bureau d’auditeurs et réviseurs d’entreprises, BST basé à Bruxelles, a donc continué à éplucher les comptes et données. Une des conclusions est limpide : OPE ne pourra pas remplir ses obligations sans de nouveaux moyens financiers ou des résultats nettement positifs.
Sur base des activités d’OPE entre 2005 et 2010, et de la convention entre l’initiative et le ministère de tutelle, BST estime que l’Etat a versé quelques millions d'euros de subventions de plus que prévu.
Une avance et des embauches
OPE se retrouve avec un déficit de fonds propres, de l’ordre de 6,5 millions. Mais elle va devoir, selon l’audit, rembourser à l’Etat quelque 4,5 millions d’euros.
Cela correspond à l’avance que le ministère avait consentie l’an passé, pour éviter à OPE une situation de faillite. Face à la montée du chômage, OPE avait recruté dans ses rangs, dès 2008. Mais le ministère n’avait pas donné son accord préalable pour que ces personnes bénéficient d’emplois aidés, subventionnés par l’Etat. Néanmoins, OPE, qui a réagi avec un long argumentaire, « ne peut être d’accord avec la conclusion que l’avance sur trésorerie de 4.500.000 euros, accordée en 2011, sera transformée en dette à charge d’OPE vis-à-vis du ministère du Travail et de l’Emploi ».
Bien au contraire : d’après son interprétation, « ce montant est dû par le MTE à OPE vu que les membres du réseau ont utilisé cette somme pour embaucher des personnes à la recherche d’un emploi. »
Manque de prudence
OPE s’étonne que l’on s’étonne de sa situation financière globale. Il évoque une « multitude de courriers, électroniques ou traditionnels, par lesquels le ministère a été rendu attentif à la situation alarmante, et ce depuis 2008, sans qu’il n’y ait eu une quelconque réaction de la part justement du ministère. Aucun dysfonctionnement n’a pu être constaté par l’auditeur dans la gestion journalière du réseau OPE et les emplois déclarés étaient réellement existants, il n’y a ni double financement provenant de fonds publics, ni conflits d’intérêts, ni enrichissements, ni gonflement des charges et produits, le seul reproche formulé par l’auditeur consiste dans un manque de prudence et de réalité applicable ».
L’année passée, au moment de l’affaire ProActif, le ministre Nicolas Schmit avait rappelé que « le citoyen a le droit de savoir comment sont gérés les impôts qu’il verse». Il avait déclenché une procédure de contrôle de l’asbl liée au LCGB. Et il avait aussi chargé le cabinet BST de deux autres audits, sur OPE (issu de l’OGBL) justement, ainsi que sur Forum pour l'Emploi (autre initiative lancée par le LCGB).