Devant les députés, Xavier Bettel a réitéré sa volonté de n'entamer les négociations du départ du Royaume-Uni de l'UE qu'après le déclenchement de l'article 50 du traité de Lisbonne. (Photo: Christophe Olinger/archives)

Devant les députés, Xavier Bettel a réitéré sa volonté de n'entamer les négociations du départ du Royaume-Uni de l'UE qu'après le déclenchement de l'article 50 du traité de Lisbonne. (Photo: Christophe Olinger/archives)

«Le 23 juin est une date importante au Luxembourg, mais c’est aussi désormais une date importante pour l’histoire européenne.» Dès les premiers mots de son discours devant la Chambre des députés, jeudi après-midi, Xavier Bettel a posé le ton de son intervention réalisée au lendemain du premier sommet européen post-Brexit.

Dans la lignée de ses déclarations appelant à ne pas mettre en place «une Europe à la carte», le Premier ministre a une nouvelle fois plaidé pour «le respect de la procédure prévue», à savoir la nécessité pour Londres d’invoquer l’article 50 du traité de Lisbonne avant tout. En d’autres termes, de contraindre le gouvernement britannique «à respecter le choix des citoyens britanniques» et de «ne pas offrir la possibilité de pouvoir choisir les bonnes choses et rejeter les autres». Pour le locataire du ministère d’État, «c’est tout ou c’est rien».

Le Luxembourg est depuis longtemps sur le radar.

Xavier Bettel, Premier ministre

Déplorant un choix «dramatique» qui aboutit «à la perte d’un membre important du marché unique, du troisième contributeur au budget européen et d’un partenaire de choix de la Place», Xavier Bettel souhaite que des accords bilatéraux soient négociés et réfute toute intention du Luxembourg de tirer profit de la situation. «Tant que les négociations engagées suite à la mise en œuvre de l’article 50 n’ont pas abouti, le Royaume-Uni reste membre de l’Union européenne et, à ce titre, un partenaire.»

Une fois officiellement sorti de l’UE, les choses seront amenées à changer, vu que «le Luxembourg est depuis longtemps sur le radar des entreprises basées à Londres et bénéficie de bons réseaux et de bons contacts au Royaume-Uni». Mais, a prévenu le Premier ministre, les répercussions du Brexit «ne pourront se mesurer sur notre économie que dans 10 ou 15 ans».

Pour une relance du projet européen initial

À en croire Xavier Bettel, le vote du 23 juin «dépasse le simple cadre du Royaume-Uni» et démontre que «l’Europe n’est pas attractive pour beaucoup de citoyens», perçue davantage comme «une Europe de la finance» que comme «une Europe faite par les citoyens, pour les citoyens». En clair, que Bruxelles ne soit plus accusée de tous les maux afin de développer «des égocentrismes nationaux», bien loin du projet européen voulu par le traité de Rome, à savoir «un projet de paix pour l’ensemble du continent».

Désireux de relancer cette idée, le Premier ministre a appelé les citoyens à s’interroger «sur les apports sociétaux dont nous bénéficions grâce à l’Europe et que nous trouvons normaux» et à se demander quel serait l’avenir dans un éventuel «Luxit». Pour lui, la question ne se pose pas puisque, devant les députés, il a affirmé que «nous n’avons pas d’avenir sans l’Europe».