Daniel Christnach (Enovos): «Depuis octobre 2011, nous fournissons de l’énergie verte à l’ensemble de nos clients résidentiels.» (Photo: Blitz / archives)

Daniel Christnach (Enovos): «Depuis octobre 2011, nous fournissons de l’énergie verte à l’ensemble de nos clients résidentiels.» (Photo: Blitz / archives)

Monsieur Christnach, pouvez-vous nous expliquer les tenants et aboutissants de ce projet de centrale biomasse en Belgique ?

Il s’agit d’un investissement qui s’inscrit dans notre stratégie, qui veut que nous ne soyons pas seulement un fournisseur d’énergie verte, mais un producteur à part entière d’énergie renouvelable, avec nos propres outils de production à travers l’Europe de l’Ouest. C’est notre premier investissement du genre en Belgique, où nous nous positionnons également, depuis un an, comme fournisseur d’énergie. Cet investissement est donc complémentaire à notre déploiement chez nos voisins belges.

À Tongres, avec NPG Energy, un partenaire local, nous avons investi 11 millions d’euros pour développer cette centrale. Elle dispose d’une puissance de production électrique de 2,8 Mégawatt, permettant de générer 20,8 Gigawatts/heure d’électricité. Au-delà de la production électrique, le processus permet également, grâce à la chaleur qu’il dégage, de sécher la matière qui en est issue pour en faire un excellent engrais. Dès lors, les résidus de la biomasse peuvent retourner à la terre. On travaille donc sur un cycle fermé.

La biomasse constitue-t-elle un moyen de production d’énergie renouvelable plus intéressant que d’autres pour Enovos ?

Ce n’est pas la première fois que nous investissons dans la biomasse. Nous l’avons déjà fait à trois reprises en Allemagne, dans des centrales présentant des capacités de production plus importantes. La biomasse a plusieurs avantages. Elle permet, pour peu que l’on dispose d’un stock suffisant de matière première, une production continue d’énergie renouvelable. Avec elle, on peut donc compenser les fluctuations que connaissent les autres modes de production d’énergie verte comme l’éolien ou le photovoltaïque.

Au-delà de l’électricité produite par la combustion du biogaz, lui-même issu du processus de méthanisation des matières premières, se dégage de chaleur qui peut être à son tour valorisée. Enfin, cet outil a l’avantage de créer de l’emploi, une réelle activité économique, au niveau de la gestion de l’outil ou de la production agricole des matières premières. Si nous voulons nous appuyer sur diverses sources d’énergie renouvelable, comme l’éolien ou le solaire, la biomasse est un pilier de notre stratégie.

Comment évoluent l’offre et la demande du marché luxembourgeois en énergie renouvelable ?

Depuis octobre 2011, nous fournissons de l’énergie verte à l’ensemble de nos clients résidentiels. Aujourd’hui, 55 % de l’électricité que nous fournissons est verte, 45 % provient de centrales au gaz naturel. Nous n’avons plus recours à l’énergie nucléaire. L’objectif, désormais, est d’augmenter davantage la part d’énergie verte. Notre production en électricité verte, elle, ne permet pas de couvrir la demande. Nous devons donc en acheter sur les marchés.

L’enjeu est donc de réduire cette dépendance aux marchés, en développant nos propres outils de production. Nous avons investi dans le photovoltaïque en Italie, dans des parcs éoliens en Charente-Maritime, dans des projets en Allemagne. Au Luxembourg, nous investissons à travers la joint-venture SoLER. Des projets sont en cours de développement, comme celui d’établissement d’un parc éolien près de Verdun ou d’autres dont ne je peux pas encore vous parler à présent. Mais nous continuons à investir en Allemagne, en Belgique ou en France. Notamment dans des projets de centrales biomasse, mode de production sur lequel nous misons beaucoup.