Pierre Thein: «Au Luxembourg, il n’y a plus que 60 boulangers, contre 250 il y a 20 ans.» (Photo: Hein Group)

Pierre Thein: «Au Luxembourg, il n’y a plus que 60 boulangers, contre 250 il y a 20 ans.» (Photo: Hein Group)

Monsieur Thein, votre société est assez méconnue au Luxembourg. Pouvez-vous la décrire?

«Il y a une raison au fait que nous sommes peu connus au Luxembourg: les exportations représentent 99% de notre chiffres d’affaires, dont 42% en Belgique et 27% en Allemagne. Nous travaillons au Luxembourg depuis 130 ans. Nous sommes une entreprise familiale de cinquième génération fondée en 1882 par Nicolas Hein. A Strassen, nous fabriquons des fours de boulangerie. Cela va des petits fours de stations-service (nous sommes fournisseurs exclusifs pour Total, Shell, Aral) jusqu’aux fours de 80 tonnes pour les boulangeries industrielles. Nous avons quatre sociétés différentes et réalisons un chiffre d’affaires annuel de 20 millions d’euros. Nous employons 120 personnes au Luxembourg dans la production et 260 au total avec les services commerciaux à l’étranger. Nous nous sommes diversifiés récemment dans le ‘froid’ de la boulangerie qui représente désormais un tiers de notre chiffre d’affaires. Ces techniques innovantes permettent aux boulangers de limiter les heures de travail de nuit.

Vous mettez l’accent sur l’innovation. Pourquoi?

«Dans le monde, chaque année, il y a 3% ou 4% de boulangers en moins. Au Luxembourg, il n’y a plus que 60 boulangers, contre 250 il y a 20 ans. Nous devons donc nous adapter pour surmonter en plus un marché de plus en plus concurrentiel. Depuis dix ans, l’innovation est donc notre créneau numéro un pour continuer à aller de l’avant sans être trop victime de la guerre des prix et vendre un matériel de grande qualité. 5% de notre chiffre d’affaires est consacré à l’innovation. Nous avons notre propre équipe de recherche et développement. Ces derniers temps, nous avons reçu cinq grands prix d’innovation internationaux dans les plus grandes foires mondiales et trois prix luxembourgeois (Fedil, Chambre des métiers...). Les défis sont d’autant plus difficiles à relever que nous avons fait le choix de rester et d’investir au Luxembourg, ce qui pose des problèmes concurrentiels, en termes de coût de la main d’œuvre, d’indexation… Surtout que nous exportons 99% de notre production.

Percevez-vous les effets du ralentissement économique?

«Notre politique est très conservatrice. Nous restons sur une pente ascendante avec une augmentation de 2% à 3% par an de notre chiffre d’affaires et de nos effectifs. Actuellement, nous ne ressentons aucun ralentissement. Mais il est trop tôt pour s'en rendre compte, car les commandes sont généralement passées à un horizon de six mois.»