Laurent Rouach et Jean-François Champigny (PwC): «On observe une progression de la sensibilité des entreprises à ces questions.» (Photo : © 2011 PricewaterhouseCoopers S.à r.l)

Laurent Rouach et Jean-François Champigny (PwC): «On observe une progression de la sensibilité des entreprises à ces questions.» (Photo : © 2011 PricewaterhouseCoopers S.à r.l)

Messieurs, comment va se dérouler cette deuxième édition du Sustainability Day ? Quelle est sa particularité ?

« Lors de la première édition, en décembre dernier, nous avions décelé chez les chefs d’entreprises luxembourgeois une vraie appétence pour aller plus loin dans ces thématiques, mais en sortant des termes très généraux, comme le rapport Brundtland (du nom d’une ancienne ministre norvégienne de l’Environnement, qui a posé les fondamentaux du développement durable, ndlr.). Nous avons senti que notre public attendait de nous des choses concrètes. Nous allons donc présenter des outils concrets de mise en œuvre et de reporting de développement durable. L’Alfi nous fera également partager sa vision quant à un repositionnement de la place financière. Nous entendrons enfin le gouvernement, par la voix de Claude Wiseler, ministre du Développement durable et des Infrastructures. Nous visons à la fois la place financière (fonds d’investissement) et les sociétés industrielles et opérationnelles, qui s’intéressent à ces questions pour des raisons de gestion des risques, de réputation, voire pour se différencier de la concurrence.

Quels outils concrets sont à la disposition des entreprises pour se conformer à ces problématiques de développement durable ?

« Un sujet d’actualité concerne le reporting de données extra-financières, comme la dimension carbone, ou bien ce qui relève de la sphère sociale, du droit de travail, des droits de l’homme. Plusieurs législations commencent à poindre en Europe autour de cela. En tout, une quinzaine de pays ont légiféré sur ce thème. Le Luxembourg n’en fait pas partie, mais des réflexions sont conduites actuellement. Nous même, PwC Luxembourg, avons pris le parti de publier un rapport sur le développement durable. Nous sommes la première société de services à le faire, sur une base volontaire et suivant les lignes directrices de communication émises par le GRI (association sans but lucratif établie aux Pays-Bas).

La crise actuelle est-elle vraiment propice aux problématiques de développement durable, alors que beaucoup d’entreprises cherchent d'abord à survivre ?

« On observe une progression de la sensibilité des entreprises à ces questions. 85 % voire 90 % des gens savent désormais de quoi on parle, comme l’indiquent les résultats d’une enquête que nous allons publier jeudi. Les chefs d’entreprises sont convaincus qu’il y a tout à gagner à avoir une vision responsable et de long terme du business. Mais, il faut des outils concrets et les moyens de prouver qu’il y a un retour sur investissement. Cette crise a aussi montré la nécessité de transparence, en particulier dans le secteur financier et de vision à long terme. Elle a aussi montré les limites de l’auto-régulation. De plus en plus d’investisseurs souhaitent donc investir dans des supports financiers qui soient durables. Par ailleurs, les régulateurs sont sérieusement en train de se mêler de ces problématiques. C’est notamment le cas en France et au Danemark. À très court terme, ce n’est sans doute pas la première priorité. Mais, cela va très vite devenir un must. »