Anna Stupnytska , Global economist chez Fidelity International (Photo: Fidelity International)

Anna Stupnytska , Global economist chez Fidelity International (Photo: Fidelity International)

En effet, la normalisation des taux d’intérêt a bel et bien débuté dans le sillage des États-Unis, mais le rythme de ce processus sera probablement lent et progressif. Il pourrait prendre dix ans, voire davantage. Ce processus ne sera pas dénué de risques susceptibles de faire dérailler la croissance mondiale, notamment l’émergence d’une nouvelle crise en pleine période de normalisation.

Même si la situation des marchés émergents diffère de celles des marchés développés sur le front de la politique monétaire, ils seront également affectés de manière importante par cette normalisation. Dans leur quête de rendement ces dernières années, les investisseurs se sont rués sur les marchés émergents en y injectant des capitaux considérables. Selon nous, tant que le durcissement monétaire restera aussi lent, ces marchés pourraient afficher une belle résistance. Toutefois, bien souvent, les prix des classes d'actifs émergentes ne rémunèrent plus suffisamment les investisseurs pour le niveau de risque qu’ils prennent, ce qui accroît la vulnérabilité de certains de ces actifs à une inflexion brutale du sentiment.

La question la plus importante est peut-être la suivante : que se passera-t-il lors de la prochaine crise financière ? C’est une perspective difficile à imaginer, mais il est quasiment certain que la prochaine crise d’envergure se produira avant la fin du processus de normalisation.

La mission des banquiers centraux consiste à trouver le bon équilibre. Il leur faudra faire avancer suffisamment le processus de normalisation pour retrouver des munitions en vue de la prochaine crise (en d’autres termes, relever suffisamment les taux d’intérêt pendant la phase de reprise afin de pouvoir les abaisser à nouveau lors de la prochaine crise), tout en veillant à ne pas précipiter par mégarde cette crise, en intervenant trop rapidement et en faisant retomber l’économie mondiale en récession.

Quelles conséquences pour les investisseurs ? A court terme, les investisseurs doivent définir concrètement ce qu’ils recherchent dans les classes d'actifs qu’ils privilégient. Même si la quête de rendement reste pour eux une priorité dans le contexte actuel, ils ne doivent pas perdre de vue les différents risques. Le moment est venu de préparer les portefeuilles à une augmentation de la volatilité et à une éventuelle correction prononcée des actifs risqués au cours des 12 prochains mois.

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