Le débat sur la valeur des vins de la cave de Nobles Crus ont semé le trouble sur la probité du fonds. (Photo: Licence CC)

Le débat sur la valeur des vins de la cave de Nobles Crus ont semé le trouble sur la probité du fonds. (Photo: Licence CC)

En organisant ce mercredi un lunch académique sur la pertinence de l’investissement dans le vin, l’Université du Luxembourg a rappelé au bon souvenir du fonds Nobles Crus investissant dans les grands vins. Depuis un an, la CSSF a suspendu toute entrée ou sortie de ce véhicule d’investissement luxembourgeois afin de permettre à ses gestionnaires, la société Elite Advisers, d’honorer les demandes de rachats formulées préalablement.

En effet, à l’automne 2012, une série d’articles mettant en doute la probité de la méthode de valorisation avait déjà incité nombre d’investisseurs à abandonner le navire. Au même moment une interprétation de l’autorité européenne des marchés financiers, l’Esma, de la directive OPCVM (Ucits en anglais) portait le coup de grâce en interdisant à certains organismes de placement collectif d’utiliser leur trash ratio, comme cela était fait traditionnellement, pour investir dans ce type de fonds. Ce à compter du 31 décembre 2013.

La goutte qui fait déborder la bouteille

La coupe était pleine. Les demandes de rachats ont afflué et ont conduit le promoteur, Elite Advisers, à vider substantiellement sa cave. Selon les chiffres de janvier publiés sur leur site, la valeur des actifs sous-jacents (des très bonnes bouteilles de vin donc) est passée de 83,727 millions d’euros au 31 décembre 2013 à 52,489 millions au 31 janvier 2014, soit une chute de 37%. La performance, légèrement négative en janvier (-0,29%), laisse cependant croire que les cessions de bouteille se sont déroulées sans casse.

Ces développements vont ainsi permettre à Miriam Wilson et Michel Tamisier, les deux fondateurs du fonds, d’envisager l’avenir avec un peu plus de sérénité… Une fois toutes les demandes de rachats honorées, le véhicule d’investissement sera remis sur les rails avec notamment une méthode de valorisation revue et externalisée pour faire taire toute polémique. C’était en tout cas ce qui était prévu quand la tempête a démarré. Les promoteurs ne souhaitent pas parler à la presse tant que la CSSF n’a pas levé la suspension.

2013 n’aura certainement pas été un bon millésime pour Nobles Crus (-4,86% de performance annuelle), mais l’année n’a pas été bien meilleure du côté du Liv-ex Fine Wine 100, l’index ayant clôturé l’exercice dans le rouge. Le vin n’en reste pas moins un investissement intéressant sur le long terme. Christophe Spaenjers, chercheur au département de HEC Paris, est venu le rappeler ce mercredi à la Luxembourg School of Finance.