Marie-Béatrice Noble et Katia Scheidecker: «Créer un cabinet d’avocats différent des autres» (Photo: Julien Becker)

Marie-Béatrice Noble et Katia Scheidecker: «Créer un cabinet d’avocats différent des autres» (Photo: Julien Becker)

Il est des moments dans la vie où tout s’accélère brutalement et où il faut réfléchir très vite. C’est ce qui s’est passé fin 2003 pour Marie-Béatrice Noble et Katia Scheidecker, lorsque le cabinet (issu d’une fusion préalable) dans lequel travaillaient les deux avocates risquait de voir son sort scellé par le départ de l’associé unique.

«La solution la plus simple était d’aller chercher un nouveau travail ailleurs, évoque Marie-Béatrice Noble. Mais il s’agissait d’une équipe de 25 personnes à laquelle nous tenions et nous avons décidé de poursuivre le projet, même si nous savions que nous prenions de gros risques». Le plus important étant sans doute, pour les deux femmes, celui de s’associer.

«Nous n’étions pas particulièrement amies à l’époque et nous avons des tempéraments très différents, poursuit Katia Scheidecker. Marie-Béatrice est ‘fonceuse’, tandis que je suis plus réfléchie, privilégiant l’approche globale». Mues par une volonté commune de continuer l’aventure du cabinet, les deux femmes sont cependant parvenues à puiser dans ces différences une véritable complémentarité, particulièrement efficace.

Dans les semaines qui ont précédé puis suivi la création du cabinet, en janvier 2004, les inquiétudes et les difficultés n’ont pas manqué: celles liées à la recherche de financements mais aussi à la mise en place «d’une démarche plus entrepreneuriale dans l’entreprise, pour cerner les valeurs du cabinet et ramener un niveau de rentabilité», qui a conduit au renouvellement de la moitié du personnel en un an et à de très nombreux recrutements.

60% de femmes

«Dès le départ, notre stratégie s’est appuyée sur la volonté de créer un cabinet d’avocats différent des autres», expliquent les deux associées. Une démarcation qui passe par de lourds investissements en marketing (identité visuelle, site Internet conséquent, etc.), une politique très active et innovante en matière de ressources humaines et la spécialisation du cabinet dans trois matières clés, le droit des sociétés, le droit du travail et les nouvelles technologies. 

Les deux avocates ont également joué à fond la carte d’une organisation atypique dans le milieu des cabinets d’affaires au Luxembourg, à savoir une structure paritaire homme-femme. «Nous avons triplé la taille du cabinet en cinq ans, passant de 25 à plus de 70 professionnels, mais les femmes y sont restées majoritaires: elles représentent 60% de l’effectif et trois des cinq associés du cabinet sont des femmes», précise Mme Noble.

Si Noble&Scheidecker est aujourd’hui l’un des cinq plus gros cabinets d’avocats d’affaires indépendants et figure dans le top 10 général au Luxembourg, il est aussi l’un de ceux qui offrent le plus de chances aux femmes de concilier vie privée et vie professionnelle, tout en leur donnant accès aux plus hautes responsabilités. «Il ne suffit pas que des femmes soient à la tête d’une organisation pour que les femmes s’y sentent bien...» assure Katia Scheidecker.

Un engagement en termes de responsabilité sociale que les deux associées ont étendu en dehors du cabinet, Marie-Béatrice Noble auprès d’ELSA (Employment Law Specialists Association Luxembourg), Katia Scheidecker auprès de l’IMS (Institut pour le Mouvement Sociétal), ainsi que dans d’autres organisations professionnelles.

Désormais, elles souhaitent également participer plus activement à la vie sociale luxembourgeoise, avec un projet — impliquant le personnel du cabinet — qui consiste à aider à la réinsertion socio-professionnelle de femmes en difficulté, en partenariat avec une association. Un projet qui pourrait être mis sur les rails très rapidement, grâce à la prime associée au Dexia Woman Business Award.