Nico Castiglia affiche un parcours professionnel qui l'a fait souvent rencontrer les juges d'instruction. (Photo: Nico Castiglia/Facebook)

Nico Castiglia affiche un parcours professionnel qui l'a fait souvent rencontrer les juges d'instruction. (Photo: Nico Castiglia/Facebook)

Nico Castiglia, administrateur de sociétés, selon son profil Facebook, a donné rendez-vous à ses partisans le 25 avril prochain dans l’arrière-salle du café-restaurant du Casino syndical pour y constituer un nouveau parti populiste, le Sozial Democratesch Vollekspartei (SDV), qui puise son inspiration dans le Front national, mais dont la ligne idéologique reste assez confuse. La formation se veut socialement à gauche, mais prône la suppression du RMG. Idéologiquement, Castiglia se situe lui-même à droite en cherchant à défendre les Luxembourgeois et leur pays afin qu’ils puissent conserver leur voix.

Face à cette montée en puissance de l’idéologie xénophobe, du rejet des étrangers et de l’entre-soi, qui se détecte aussi dans les sondages d’opinion à deux mois du référendum sur le droit de vote des étrangers aux législatives et sous certaines conditions de résidence, les organisations de jeunes des quatre grandes formations politiques ont d’ailleurs réagi en publiant ce vendredi un manifeste appelant clairement à dire 'oui' au droit de vote.

Une fraction SDV

Nico Castiglia est un homme politiquement insondable, puisqu’avant d’avoir l’idée de fonder le SDV et de rêver d’envoyer un élu à la Chambre des députés et même d’y constituer une fraction – ce que la droite populiste de l’ADR n’a plus réussi à faire en octobre 2013 –, il a été candidat sur les listes du parti Pirate.

Son parcours professionnel à la fin des années 1990 et début 2000 l’a amené à plusieurs reprises devant les juges d’instruction luxembourgeois pour des infractions financières. Son nom fut cité en 2005 dans une affaire de blanchiment présumée liée à la compagnie aérienne néerlandaise Air Holland qui recyclait ses profits liés au trafic de stupéfiants entre l’Amérique latine et l’Europe dans la banque IBL au Luxembourg. Selon les déclarations du procureur d’État de l’époque, Robert Biever, cité par l’hebdomadaire d’Lëtzebuerger Land, Castiglia était un des intermédiaires et sans doute aussi un porteur de valises bourrées de petites coupures et même parfois de sachets en plastique qui s’échangeaient avec des responsables d’IBL dans un parking souterrain du boulevard Royal.   

«Futur président de l’association des banquiers»

Cette affaire Air Holland se termina en queue de poisson par un non-lieu. Son principal protagoniste Raoul Berthaumieu, un Belgo-Canadien qui opérait à partir du Luxembourg, sans y résider, avait fait 10 ans de prison aux États-Unis pour des escroqueries financières.

Nico Castiglia bénéficia lui aussi d’un non-lieu dans cette affaire Air Holland/IBL. En revanche, il fut condamné en 2005 à 30 mois de prison et 2.500 euros d’amende pour abus de biens sociaux (la condamnation fut confirmée en appel en 2006) après la plainte d’une vieille dame fortunée qui lui avait confié une partie de ses économies, soit environ 30.000 euros. Les fonds devaient être investis dans la société CIBS qui devait se faire coter à la Bourse et alimenter la création de la compagnie aérienne luxembourgeoise Solid’air, qui n’a jamais pu faire décoller le moindre avion du Findel et dont les principaux dirigeants ont terminé derrière les barreaux.

Lors de son procès en première instance, le ministère public avait décrit Castiglia comme un détrousseur des économies de vieilles dames. L’arrêt de 2006 ayant conformé sa condamnation à la prison souligne que Nico Castiglia, qui n’avait pas d’agrément financier, parlait d’investir les économies de la dame en actions de la société d’aviation en promettant un rendement de 100% après une période de six mois. Il s’était présenté à sa victime comme le «futur président de l’association des banquiers luxembourgeois».