Isabelle Saint-Antoine (Agilis-Engineering) (Photo: Olivier Minaire)

Isabelle Saint-Antoine (Agilis-Engineering) (Photo: Olivier Minaire)

Entre fin 2008 et début 2009, alors que les annonces de plans sociaux tombent tels des couperets dans le secteur industriel, l’idée germe chez nos entrepreneurs en herbe de proposer des produits et services visant à réduire le coût total d’équipement; autrement dit, de créer une société capable de diminuer le coût d’un processus industriel en repensant l’intégralité du cycle d’utilisation d’une pièce, pour autant qu’elle soit liée à l’utilisation de fours à haute température. Active dans les secteurs de l’automobile, des métaux durs, de la verrerie, de la fibre optique ou du photovoltaïque, Isabelle Saint-Antoine reconnaît l’importance du contexte: «Commencer en pleine crise avec un positionnement de réduction de coûts intéresse grandement le client.»

Les cofondateurs, transfuges d’une société d’usinage de pièces en graphite, matériau avec lequel ils travaillent principalement, peuvent faire valoir une expérience technico-commerciale idoine dans un marché de niche hautement spécialisé. Pour se positionner en amont, Agilis-Engineering doit amener au client une solution technologique lui garantissant un meilleur retour sur investissement. La société conçoit la pièce et chiffre son coût total de possession (TCO), en le comparant à la situation initiale: «On fournit un package.»

La taille modeste de l’entreprise lui confère une réactivité et une disponibilité permettant de fournir des prestations sur mesure: «Notre approche se différencie de celle des grands groupes, car nous sommes plus à l’écoute.» Elle évolue sur un segment propre aux niches où la concurrence se fait moins sentir, mais où les volumes restent faibles: «Nous ne nous voyons pas comme une multinationale, en tout cas pas tout de suite.»
Après une année d’exploitation, l’équipe dirigeante peut dorénavant croire en la pérennité de l’activité et envisage des investissements relativement importants, afin de fidéliser sa clientèle et trouver de nouveaux débouchés. La directrice commerciale prévoit une croissance du chiffre d’affaires équivalent à un million d’euros par an, afin d’atteindre 4,5 millions d’euros à l’horizon 2013.

Parallèlement à ces développements, Mme Saint-Antoine table sur un recrutement de personnel conséquent. La PME compterait, selon le business plan, «huit employés à l’échéance 2013». L’entreprise, «avec l’aide de chercheurs purs», tenterait alors d’améliorer le procédé thermagas pour parvenir à purifier les fragiles supports en graphite utilisés dans les fours sans les abîmer. Ce qui n’est, techniquement, actuellement pas permis. Définir des débouchés aux pièces en fin de vie serait l’autre objectif affiché par la start-up. Il répondrait à des principes de développement durable propres à la philosophie d’entreprise et à l’analyse TCO.

Cherche place au soleil

Cet axe stratégique repose sur des dispositions fiscales et subventions, provenant respectivement de la loi luxembourgeoise du 5 juin 2009 relative à la promotion de la recherche, du développement et de l’innovation, et des programmes de financement de l’UE dans le domaine de l’environnement. Outre les aspects «recyclage» déjà évoqués, Agilis-Engineering peut bénéficier, directement ou indirectement, des aides au marché du photovoltaïque, auquel elle voue une importance majeure.
Les deux administrateurs délégués participaient d’ailleurs, à Valence (Espagne) au début du mois de septembre, à la 25e  Conférence internationale du photovoltaïque et de l’énergie solaire. Ils n’y ont pas tenu de stand, mais ont pu identifier des partenaires potentiels en vue de développer, le cas échéant, des produits liés à ce marché. Agilis-Engineering achèverait actuellement sa phase de décollage et trouverait donc sa vitesse de croisière lors des deux prochaines années.
Elle incarne à cet égard une réussite du projet 1,2,3 Go, initié en 2000 par l’asbl Business Initiative, la Chambre de Commerce du Luxembourg, la Fedil et Luxinnovation. Elle naît de cette volonté de diversifier les sources de revenus au Luxembourg. Agilis-Engineering compte parmi les sociétés qui ont su profiter de cette émulation par la compétition, de ce tutorat entrepreneurial, de cette émancipation par l’innovation.

Isabelle Saint-Antoine reconnaît bien volontiers les vertus de ce concours mettant en compétition les start-up innovantes de la Grande Région, de surcroît dans un «petit pays très riche en connections». Elle loue encore davantage ces incubateurs créés à l’initiative du gouvernement pour accompagner les entreprises naissantes: «Si Luxinnovation ou Ecostart ont des structures cousines dans les pays voisins, notamment Oséo en France, ces organismes font preuve de davantage de dynamisme  au Luxembourg».   Ces partenariats pourraient enrichir la prochaine génération d’entreprises luxembourgeoises et sortir le pays de sa dépendance au secteur financier.