Nev Hyman s’est aperçu du désastre des déchets plastiques en surfant sur les différentes mers du globe. (Photo: Nev Hyman)

Nev Hyman s’est aperçu du désastre des déchets plastiques en surfant sur les différentes mers du globe. (Photo: Nev Hyman)

Nev Hyman est plus connu des surfeurs que des investisseurs. Pendant 35 ans, l’Australien, quand il n’était pas à la recherche des plus belles vagues, a conçu des planches pour les meilleurs compétiteurs. Mondialement reconnu dans le milieu, le designer a aussi créé deux marques reconnues: Nev Future Shapes et, plus récemment, Firewire Surfboards.

Aujourd’hui, ce citoyen des Antipodes se consacre à un autre business: le développement de bâtiments en panneaux modulaires, conçus à partir de plastique recyclé. Des habitations qui peuvent prendre la forme de maisons unifamiliales, de bâtiments scolaires ou de dispensaires. Au départ, ces «maisons Playmobil», nécessitant deux à trois tonnes de plastique, ont été imaginées pour rapidement reconstruire des villages après le passage de cyclones ou ouragans.

Passer à la vitesse supérieure

Pour en accélérer le développement, ce philanthro-capitaliste vient de créer un fonds social au Luxembourg. Le fonds NevEarth a été lancé en mai dernier et a pris la forme d’un RAIF (fonds alternatif). Il prévoit un engagement minimum de 125.000 euros par investisseur. «Nous estimons pouvoir assurer un retour sur investissement de 8%», a expliqué à Paperjam.lu Nev Hyman, lors d’un passage au Luxembourg à la fin octobre.

Grâce à ce fonds, il entend donner un grand coup d’accélérateur à ses projets d’offrir un abri à de nombreux habitants de pays défavorisés. «Le fonds est limité à 200 millions d’euros, précise-t-il. Son premier objectif est de nous permettre de créer l’écosystème nécessaire à la construction des «Nev Houses», à raison d’une usine par continent.» Un système qui va de la récolte locale de plastiques usagés jusqu’à la construction des maisons modulaires.

Les maisons modulaires de Nev Hyman sont conçues pour offrir un abri aux populations des des pays en développement.

Comment passe-t-on de l’univers du surf au recyclage? «Le plus simplement du monde, réplique le surfeur. Quand j’étais dans l’eau, je voyais de plus en plus de déchets plastiques flotter à la surface. J’ai décidé d’agir à ma façon pour l’environnement.» Il estime d’ailleurs que les surfeurs devraient être les meilleurs ambassadeurs d’une planète propre, étant donné ce qu’ils observent le long des plages.

Pour les investisseurs, le passage par un fonds luxembourgeois est un réel gage de sécurité.

Nev Hyman

Dès 2004, il investit dans une unité de recyclage de plastique qui transforme le polymère en substituts de palettes en bois. En 2009, à la mort du fondateur et principal actionnaire, il reprend les rênes de l’entreprise et la transforme peu à peu selon ses nouveaux objectifs de bâtisseur.

En 2016, NevHouse a bouclé son plus important chantier à ce jour: la construction d’un village à 14 structures au Vanuatu après le passage du cyclone Pam. Mais ses équipes travaillent désormais sur des projets en Inde, au Sri Lanka, au Mexique et au Pérou.

Convaincre au plus haut niveau

Nev Hyman ne s’attend évidemment pas à vendre ses maisons à des particuliers. Il veut avant tout convaincre des grandes organisations internationales comme les Nations unies ou l’Union européenne de l’intérêt de ses structures modulaires assemblables en quelques jours.

Et par rapport à cet objectif, il estime que son nouveau fonds luxembourgeois sera une pièce maîtresse de sa crédibilité. «Le Luxembourg est au cœur de l’industrie mondiale des fonds d’investissement. Pour les investisseurs qui voudraient soutenir nos projets, passer par l’intermédiaire d’un fonds luxembourgeois est un réel gage de sécurité.»

Les NevHouses, conçues à partir de panneaux plastiques, peuvent être assemblées en quelques jours.