Les 22 projets présélectionnés sont exposés à Belval à la Halle des poches à fonte.  (Photo: Fonds Belbal)

Les 22 projets présélectionnés sont exposés à Belval à la Halle des poches à fonte.  (Photo: Fonds Belbal)

Quand le coût de construction est important, le 1% dédié à la création artistique l’est tout autant. C’est avec une manne de 8 millions d’euros à offrir à des artistes que se trouve le Fonds Belval puisque, jusqu’ici, quelque 800 millions sont en effet investis par l’État pour les constructions des différents bâtiments qui composent le nouvel ensemble d’Esch-Belval.

Plutôt que d’acheter des œuvres existantes, nous avons opté pour un programme de résidences d’artistes.

Alex Fixmer, directeur du Fonds Belval

«Plutôt que d’acheter ou commander des œuvres existantes, nous avons opté pour un programme de résidences d’artistes. L’ampleur du budget permet d’envisager huit sessions de résidences sur environ deux ans, ce qui nous donne une vue à 15 ou 16 ans», rappelle Alex Fixmer, le directeur du Fonds Belval.

C’est le duo de curateurs franco-britannique Stéphanie Delcroix & Michael Pinsky qui a été sélectionné pour la première vague de résidences et qui a élaboré le thème BeHave jouant sur les verbes être, avoir et se comporter. Le premier appel à participation lancé internationalement a reçu 540 réponses d’artistes. Il était particulièrement important que ces derniers interrogent le passage de la production matérielle à la production immatérielle et qu’ils entrent en résonance avec les spécificités de Belval.

En mars, une présélection a été annoncée et les 22 artistes retenus ont présenté publiquement leur projet. À l’issue de ces présentations, et des délibérations menées par les directeurs artistiques de BeHave Stéphanie Delcroix & Michael Pinsky et le Conseil artistique présidé par Hubertus von Amelunxen, Public Art Experience a retenu neuf candidatures. La durée des résidences se situe entre trois et six mois. Les résidents bénéficieront d’honoraires de 4.600 euros par mois. Un budget significatif destiné à la production des œuvres sera par ailleurs disponible. Il sera établi en fonction des techniques utilisées et de l’ampleur de l’œuvre envisagée. Les œuvres seront la propriété du Fonds Belval qui entend les faire circuler et les montrer au plus grand nombre. 

Les artistes et leurs motivations

Parmi les lauréats, on retrouve Martine Feipel et Jean Bechameil qui avaient notamment représenté le Luxembourg à la 54e Biennale de Venise en 2011. «Notre projet pour le site Belval parlera de ce passage d’un état à un autre: de la transformation. Nous chercherons d’abord à retrouver la mémoire de ce lieu emblématique et à le faire revivre.»

Les autres artistes viennent essentiellement d’Europe, sauf le Californien Shimon Attie (1957, États-Unis). «J’aimerais explorer les strates du passé et en extraire les fibres. Certaines ne sont plus visibles de nos jours, d’autres le sont encore; je les tisserai ensemble afin de leur donner de nouvelles formes.»

William Engelen (1964, Pays-Bas et Allemagne): «Mon travail dans l’espace public du site de Belval prendra la forme de concerts, d'installations sonores, de performances et d'interventions. Ce travail est conçu pour le site, et dans la mesure du possible, en coopération avec les personnes qui l’utilisent et celles qui y habitent. Les œuvres 'joueront' avec l’environnement sonore industriel.»

Jan Kopp (1970, France): «Mon projet pour Belval est une invitation aux usagers quotidiens du site - voi­sins, chercheurs, étudiants, enfants, simples passants - à observer le lieu qu'ils traversent selon des temporalités différentes, et à évaluer ces temporalités.»

Neville Gabie (1959, Royaume-Uni): «J’aimerais travailler la glace à l’occasion de cette résidence. Je ne cesse de réfléchir à la relation qui existe entre le fer et la glace: deux matériaux qui se liquéfient à certaines températures.»

Alessandro de Francesco (1981, Belgique): «Je souhaiterais travailler à partir de documents d’archives et de rencontres avec les personnes liées à ce lieu afin de créer une narration visuelle et sonore qui illustre son histoire humaine.»

Giuseppe Licari (1980, Pays-Bas): «Le paysage, qui relève de la science et de l’art, agit comme un miroir et des lentilles réflexives: nous y voyons l’espace que nous nous occupons et nous nous voyons en train de l’occuper.»

Darya von Berner (1959, Espagne): «Révéler l’empathie et l’interconnectivité. Rendre le système des relations créatives visible. Transformer les relations de façon à ce qu’elles puissent être expérimentées. Je souhaite créer un monde où les personnes se sentiraient étroitement liées.»

David Rickard (1975, Royaume-Uni): «Je voudrais à travers mon projet contribuer à la transformation matérielle que ce lieu a connue précédemment et participer également aux modifications physiques urbaines plus importantes qui se produisent actuellement à Belval.»

Les premiers artistes seront accueillis sur le site de Belval à partir de septembre 2015. Le programme BeHave se déroulera jusqu’en août 2016.

Les projets des 22 artistes présélectionnés sont exposés à la Halle des poches à fonte, et ce jusqu’au 17 mai.