Véronique Degbomont (Arpeggio) (Photo: Olivier Minaire)

Véronique Degbomont (Arpeggio) (Photo: Olivier Minaire)

Parler devant un groupe, convaincre, emporter l’enthousiasme… Mission impossible pour de nombreux managers, paralysés par l’angoisse, lorsque plus que deux paires d’yeux les regardent… Comment faire pour s’améliorer?

Madame Degbomont, certains managers ont du mal à s’exprimer face à un groupe. Mais d’où viennent ces ‘problèmes’ lorsque l’on doit prendre la parole en public?

«Les sources de stress sont nombreuses: la difficulté à gérer ses émotions, le trac qui nous paralyse, le manque de préparation sur le fond et sur la forme, la crainte d’être jugé, la peur de l’inconnu, le manque de pratique… Il faut apprendre à mobiliser ses ressources physiques – comment respirer, comment articuler – et psychologiques, c’est important.

On parle de quelques orateurs de grand talent, de ‘gourous’, comme Steve Jobs... Y a-t-il des ‘grandes règles’ de la réussite pour ce type d’exercice?

«John-Fitzgerald Kennedy a dit: ‘Public speaking is the art of diluting a two-minute idea with a two-hour vocabulary’ (S’exprimer en public est l’art de diluer une idée de deux minutes en un discours de deux heures, ndlr.).

Le charisme n’est pas une compétence que l’on acquiert, mais prendre la parole en public est un exercice qui s’apprend. Idéalement, caméra à l’appui.

Lors de la préparation, identifier les deux ou trois messages clés à retenir puis en faire une sorte de refrain. Difficile, aujourd’hui, de ne pas associer des formules telles que ‘Yes, we can’ ou ‘Ich bin ein Berliner’ à ceux qui les ont un jour déclamées avec talent. Situer la zone de confort de l’auditoire pour identifier les enjeux d’une transmission réussie, être capable d’adapter son message sont d’autres facteurs de réussite.

Quel est le risque, pour un manager, de ne pas réussir à prendre ‘correctement’ la parole en public?

«On ne parle pas comme on écrit, des ajustements sont inévitables. Plus de 90% des messages sont transmis de manière non verbale, que ce soit à travers notre voix ou nos gestes. C’est donc davantage la forme que le fond qui impacte nos interlocuteurs, mais il est primordial que les deux constituent un tout cohérent. Un manager doit identifier ses forces et ses faiblesses dans un tel exercice, afin de pouvoir toujours améliorer sa performance et de s’avérer convaincant.

A force d’exercice, peut-on véritablement progresser dans la qualité de sa prise de parole en public?

«Absolument! Mais il faut conscientiser le fait que tous les individus ne sont pas égaux face à l’exercice. D’une personne à l’autre, la dose d’énergie à déployer sera très différente.

Comprendre les clivages potentiels entre la perception que nous avons de notre propre intervention et celle de l’auditoire est un premier pas très constructif.

Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, rien ne remplace la pratique. Cette récurrence contribuera à contrôler ses craintes. Contrôler, car il ne s’agit pas d’éliminer complètement nos peurs. L’adrénaline peut s’avérer nécessaire pour délivrer un message avec passion. L’enjeu consistera plutôt à sélectionner les papillons que nous avons dans le ventre afin de ne garder que ceux qui vont nous galvaniser.»