Luxair et son actionnaire allemand misent tous les deux sur la desserte de la capitale bavaroise. Photo : Julien Becker (archives)

Luxair et son actionnaire allemand misent tous les deux sur la desserte de la capitale bavaroise. Photo : Julien Becker (archives)

Luxair augmente son offre de vols sur la ligne Luxembourg-Munich. Lufthansa fait de même, au même moment. Une concurrence frontale, alors que la compagnie allemande détient 13 % de sa voisine luxembourgeoise ?

Luxair n’a pas encore communiqué sur les services à venir. Le nouveau « timetable » est en production. Mais la compagnie luxembourgeoise confirme son augmentation de fréquence sur la ligne Luxembourg-Munich. « On passe de trois vols/jour à quatre, en semaine, développe Asko Schröder, porte-parole de Luxair. Et l’offre en week-end est considérablement améliorée, avec deux vols le samedi et trois le dimanche. »

Luxair mise clairement sur la route de Munich, un vol de proximité (une bonne heure de vol) manifestement bien demandé. Et l’amélioration des fréquences commencera le 25 mars prochain.

Le hic, c’est que, dès le lendemain, Lufthansa (actionnaire de Luxair) proposera aussi une cadence plus soutenue pour ses vols sur la même ligne. La compagnie allemande a annoncé qu’elle ajoutera une troisième liaison quotidienne, en semaine, à son offre actuelle.

Flexibilité obligatoire

Concurrence frontale ? Ou concertation amicale ? Dans les deux cas, les commentaires ne pleuvent pas. La concertation serait de très mauvais aloi vu les règles de concurrence, donc évidemment, nul ne s’engage sur ce terrain. Concurrence frontale alors ? Dans les couloirs de chez Luxair, on se contente de faire remarquer que la compagnie aérienne nationale a été la première à manifester le souhait d’en faire plus pour la liaison vers Munich. « Nous sommes sur un marché très concurrentiel. Il faut être flexible », résume M. Schröder…

On peut constater que, jusqu’au 24 mars, il y a une parfaite complémentarité horaire entre les vols Luxair et Lufthansa au départ de Luxembourg vers la capitale bavaroise. Il faudra comparer les nouveaux horaires, les tarifs et les services (au passage, on note que la société luxembourgeoise fournit le catering sur les vols du transporteur allemand), pour évaluer si les deux compagnies avancent main dans la main ou au coude à coude, voire dans une forme de bras de fer…

Le poids financier

Car des questions restent en suspens. Comme l’influence de Lufthansa dans Luxair par exemple : l’Allemand détient 13 % de l’actionnariat du Luxembourgeois. En 2009, on avait prêté à Lufthansa l’intention d’acheter davantage de parts, pouvant dépasser 20 % le cas échéant. L'annonce en avait même été faite aux députés luxembourgeois. Mais le deal ne s’est jamais fait. Une partie du Luxembourg économico-politique s’était hérissé sur la chose. Et Lufthansa n'a pas perçu l'utilié d'acheter davantage de parts sans atteindre de niveau de décision significatif.

Dans un marché du transport aérien tendu, le contexte financier de Luxair est particulier. Dans une récente interview à paperJam, Laurent Jossart, vice-président exécutif en charge des finances de LuxairGroup, déclarait notamment : « Nous ne sommes pas obnubilés par le résultat immédiat. Détenus à 55 % par l'État, nous sommes conscients que nous avons une responsabilité sociale. » Mais il avouait également que l’activité Airline perdait 11 millions d'euros en 2010 et davantage, environ 16 millions, en 2011.

Luxair entend apparemment séduire le client, se battre sur toutes les balles potentiellement rentables, se démarquer sur le niveau de service et des tarifs adaptés au plus juste. Et réagir aussi à tous les coups de la concurrence. Mais il doit également se montrer prudent, surtout lorsque, dans le cas d’espèce, le concurrent est un grand frère nourricier.