Monsieur Le Goff, l’idée de la création d’un tournoi ATP pour 2016 au Luxembourg a été rendue publique au début du mois de mai. Mais votre projet est différent de celui présenté et est resté dans l’ombre jusqu’à présent. Pourquoi?
«Notre volonté était de rester discrets, car c’est dans notre nature déjà et puisque cela fait déjà un an que nous travaillons sur ce projet en interne et avec l’ATP. Jusqu’à présent, nous avons estimé que cela n’était pas utile d’évoquer publiquement notre projet, mais maintenant qu’on me le propose, nous n’avons rien à cacher. Nous sommes une société luxembourgeoise destinée à apporter quelques services dans le domaine du sport et notre idée pour le tournoi de tennis était de créer un événement important au Luxembourg. Pour cela, nous travaillons sur la mise en place d’un tournoi ATP 250 ou 500, en fonction de la date que nous pourrions acquérir au niveau de l’ATP.
Il semblerait que vous pourriez bénéficier d’un créneau issu de la modification envisagée du tournoi de Birmingham…
«En fait, le plateau de Birmingham qui se joue juste avant Wimbledon est tellement large que l’ATP souhaite scinder le tournoi. Une partie serait conservée et l’autre serait envoyée à l’extérieur, mais sur gazon. C’est une possibilité que nous avons envisagée, mais qui est techniquement compliquée car il faut trouver le terrain, entretenir le gazon toute l’année, etc. Au Luxembourg, cela n’existe pas. Avec le ministère des Sports, nous pourrions trouver l’endroit mais il faut créer les infrastructures autour, donc ça coûte. De notre côté, nous sommes plutôt orientés, et le ministère des Sports nous l’a aussi confirmé, vers un tournoi indoor qui aurait lieu en début d’année.
Et cela se ferait à la Coque?
«À la Coque, oui, car l’enceinte s’y prête parfaitement. En plus avec l’esplanade où l’on peut installer un système VIP et toute une caravane de sponsors, c’est l’endroit situé au cœur de Luxembourg qui est le plus approprié pour ce type d’événement.
Pour l’instant, possédez-vous des sponsors, des soutiens financiers?
«Aujourd’hui, nous avons des engagements verbaux qui peuvent se concrétiser demain et, si nécessaire, peuvent se faire par des engagements écrits. Cela concerne deux banques de la Place qui ne sont pas habituées à être dans le sponsoring. Ce ne sera donc ni la BGL, ni ING. Nos partenaires réaliseraient leur première expérience dans ce domaine, mais ils ne manquent ni de moyens, ni de volonté d’expansion.
L’identité de ces deux banques peut-elle être dévoilée?
«Ce n’est pas top secret mais je peux juste préciser que ce ne sont pas des banques européennes.
À quelle date votre projet doit-il concrètement voir le jour?
«Il faut que nous bouclions l’ensemble pour le 15 juillet de cette année pour pouvoir organiser l’événement au début de l’année prochaine. Pour le moment, les chances de réussite pour 2016 sont entre 50 et 60%. Et si cela ne se fait pas, on sera obligé de le reporter à 2017. Mais à l’inverse, si cela se fait, nous allons créer une dizaine d’emplois dédiés quasi exclusivement au tournoi, que ce soit dans la communication, la logistique ou le catering.
Donc vous aussi vous souhaitez mettre en place un tournoi «haut de gamme»?
«Oui. Avec a priori au moins deux joueurs du top 10 du classement ATP et un plateau riche en termes de joueurs. L’objectif est d’arriver à un tournoi ATP 500, une catégorie qui est juste sous les tournois qui se déroulent juste avant les épreuves du Grand Chelem. L’idée est donc de créer un tournoi du niveau de Zurich. Nous ne voulons pas faire un tournoi comme celui de Kockelscheuer, car nous voulons monter en gamme. Les sponsors que nous avons sur la table sont habitués à avoir des choses plutôt de qualité et plutôt huppées.
Quelles seraient les retombées pour le sport luxembourgeois de cet événement commercial qui se construit avec des partenaires non luxembourgeois?
«Nous avons l’intention par exemple d’impliquer Gilles Muller (n°1 du tennis luxembourgeois, ndlr) dans le projet. Car non seulement c’est un garçon charmant et qui joue bien au tennis, mais qui est aussi dans ses bonnes années. Il pourrait être, tout comme Mike Vermeer, un ambassadeur du projet. Ce dernier a d’ailleurs donné son accord. Pour Gilles Muller, nous n’avons pas encore entamé les démarches d’approche, mais cela pourrait se faire.
Pourquoi?
«Car à partir du moment où vous avez un environnement économique qui se prête à quelque chose de cohérent et de durable, les gens ont automatiquement envie de s’impliquer. Mais ce qui va faire que les sponsors vont venir, que les spectateurs vont venir, c’est le fait d’attirer un Federer, un Nadal ou un autre joueur du top 5.
Faire venir de tels joueurs a un coût. Quel est le montant global de votre projet?
«C’est de l’ordre de 6 millions d’euros tout compris. Il y aura une petite partie qui sera apportée par la Ville et par le pays, ce qui doit représenter 10% du budget. Soit entre 600.000 et 700.000 euros. Et la plus grande partie par des sponsors privés. Cela passera notamment par la vente des droits télévisés. L’un des associés de 4EverSports est le patron de TV Sport en Allemagne, un ancien de chez Sky. Nous avons déjà des accords de principe avec des chaînes européennes, mais aussi du Moyen-Orient, voire asiatiques pour la retransmission de notre événement.
Et comme pour les banques sponsors, les noms sont top secret?
«Non. Bein Sport ou Al Jazeera, qui sont de la même maison, sont intéressés. CCT Sport et Shanghai TV pour la Chine se sont aussi manifestés. Et nous sommes en discussion avec Sky pour la partie anglo-saxonne. Pour les autres, nous avons prévu d’attendre d’avoir les dates pour débuter les échanges.»