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L'événement est loin d'être anecdotique et il suffit de la présence des plus hautes instances dirigeantes du groupe pour s'en convaincre. Outre le CEO Marc Beuls et le président du conseil d'administration Daniel Johannesson, Cristina Stenbeck, en personne, était présente. La jeune fille (âgée de 30 ans) du regretté Jan Hugo Stenbeck, entrepreneur de génie, fondateur de la galaxie Kinnevik et de quelques-unes de ses plus brillantes étoiles (Metro International, Millicom, Transcom, mais aussi le réseau luxembourgeois Tango) est membre du conseil d'administration de Millicom - au sein duquel siège également le Luxembourgeois Ernest Cravatte, directeur de la Banque Raiffeisen - mais elle est aussi la toute nouvelle présidente du groupe Kinnevik, actionnaire de référence (38%) de Millicom. Le portrait de son père, décédé en août 2002 d'un arrêt cardiaque à Paris, trône toujours sur un mur dans un des espaces de la société.

Fondé en 1992, Millicom International Cellular (MIC) compte, à ce jour, 16,5 millions d'abonnés répartis dans 16 pays d'Amérique centrale et du Sud (où Millicom réalise 75% de son chiffre d'affaires), d'Afrique et d'Asie, couvrant une population potentielle de 280 millions de personnes. Sa stratégie vise exclusivement les pays où le taux de pénétration de la téléphonie mobile est encore très faible. Ainsi, dans la majorité des pays où le groupe est actif, moins de 50% de la population dispose d'un téléphone mobile. Un taux qui descend même sous les 10% dans des pays comme la Sierra Leone, la République démocratique du Congo ou le Tchad.

Entre le premier trimestre 2006 et le premier trimestre 2007, Millicom a réalisé des résultats vertigineux, passant de 8,5 à 16,5 millions d'abonnés (+94%) et enregistrant une progression de 86% du chiffre d'affaires à 563 millions de dollars US. Millicom récolte, là, le fruit de ses efforts en termes d'investissements, puisqu'en 2006, pas moins de 800 millions de dollars ont été investis dans les équipements et les réseaux. "Nous avons triplé ce chiffre en trois ans", précise Marc Beuls. Coté en Bourse sur le Nasdaq, le groupe affiche une capitalisation boursière de 8,5 milliards de dollars US.

Tigo davantage connu que Coca Cola!

Dans les pays où il est actif, Millicom est essentiellement connu sous la marque Tigo, lancée en 2004 et brandie comme un véritable étendard dans 14 des 16 pays où le groupe est présent (seuls l'Ile Maurice et le Cambodge n'ont pas encore pu adopter ce branding, compte tenu de quelques spécificités sur place). "La marque Tigo, dans certains pays, comme le Guatemala, a même une notoriété plus grande que Coca-Cola", se réjouit M. Beuls, qui ne manque pas de rappeler non plus que Tigo devance, sur plusieurs marchés, de grands noms comme Telefonica ou América Móvil. "Ce qui prouve que ce n'est pas forcément la taille qui compte, mais surtout la qualité du service". MIC a, ainsi, bâti sa stratégie autour du concept (anglophone) des 3A: Affordability-Accessibility-Availability (Abordabilité-Accessibilité-Disponibilité), qui se traduit, concrètement, par des services tels que la facturation à la seconde ou encore des recharges selon le modèle "e-PIN" (y compris pour des sommes inférieures à 1 dollar).

Au Luxembourg, à la fin des années 90, Millicom Luxembourg (filiale à 100% de MIC) se partageait, à parité avec l'Entreprise des P&T, l'actionnariat du provider Mobilux. Et c'est Millicom Luxembourg qui, à l'automne 1997, décrocha la deuxième licence de téléphonie mobile - Tango -, ce qui l'obligea évidemment à céder sa participation à l'opérateur historique. Ce n'est qu'en 1999 que le rapprochement avec Tele2 - titulaire, de son côté, d'une licence de téléphonie fixe - s'est opéré, via la création d'une structure commune de commercialisation, SEC Services Luxembourg.

Aujourd'hui, Millicom n'a plus rien à voir avec le réseau Tango, même si un certain nombre de synergies avec Tele2 - notamment pour ce qui est de l'achat d'équipements - est toujours mis en oeuvre. Le déménagement à Leudelange, d'une certaine manière, a définitivement coupé le cordon. Dans ses nouveaux locaux de 1.500m2 (trois fois plus qu'à Bertrange), Millicom assure la coordination de l'ensemble de ses opérations "étrangères". Une cinquantaine de personnes y est employée, mais la société souhaiterait en recruter une bonne quinzaine supplémentaire avant la fin de l'année.