Une micro-entrepreneuse péruvienne améliore son activité commerciale grâce à un chauffe-eau solaire acquis avec un micro-crédit. (Photo : Fondesurco)

Une micro-entrepreneuse péruvienne améliore son activité commerciale grâce à un chauffe-eau solaire acquis avec un micro-crédit. (Photo : Fondesurco)

Le Pérou, un terrain idéal

Au Pérou, l’accès à l’énergie reste une problématique clé et un frein majeur au développement économique. Une personne sur cinq est privée d’accès à l’électricité. Le pays a pourtant le potentiel de produire quantité d’énergie à partir de sources vertes, notamment le solaire. Son taux d’ensoleillement annuel est exceptionnel : 2300 kWh/m2, contre 1100, au maximum, pour le Luxembourg. Par ailleurs, le secteur de la microfinance y est particulièrement développé, avec un marché de 3,2 millions d’emprunteurs, soit près de 10 % de la population.

Sur base de ces constats, ADA et son partenaire Microenergy International, experts dans le développement de projets liant énergie et microfinance, ont élu ce pays à l’ouest de l’Amérique du Sud, pour mettre en œuvre un projet pilote. Soutenu par la Coopération Luxembourgeoise au Développement, et mis en œuvre par les institutions de microfinance péruviennes Caja Huancayo et Fondesurco, le projet bénéficie du soutien technique d’EnDeV/GIZ Pérou, programme conjoint des coopérations au développement allemande et hollandaise.

Des équipements écologiques et plus économiques

Depuis juillet 2011, 200 micro-entrepreneurs et particuliers ont acquis un four à bois à basse consommation, un chauffe-eau solaire ou un séchoir agricole solaire au moyen d’un microcrédit. Plus économiques que les équipements à énergie fossile, ces installations préservent également la santé et l’environnement. Au Pérou, 84 % des habitants en zone rurale utilisent du bois pour cuisiner. Cela expose leur santé à des risques élevés de maladies cardiovasculaires, causées par les fumées de cuisson des fours traditionnels. Les fours à bois de basse consommation, développés et commercialisés dans le cadre du projet, écartent ce risque car ils évacuent les fumées à l’extérieur de l’habitat.

Dans le cas des micro-entreprises, les bénéfices des équipements verts se ressentent rapidement au niveau des revenus. Une aubergiste de Callalli, petit village touristique situé dans le canyon de Colca, a acquis un chauffe-eau solaire. Grâce à l’eau chaude proposée aux clients, elle a pu augmenter de 20 % le prix de la nuitée. Les restaurateurs qui utilisent le four à bois à basse consommation peuvent, quant à eux, réduire leurs coûts de production, car il consomme 50 % de bois en moins qu’un four traditionnel. Un avantage qui motive de nouveaux micro-entrepreneurs à lancer leur activité commerciale, à l'instar de la production et de la vente de pain ou de gâteaux.

Un business model viable et réplicable

Ce type de projet stimule l’économie locale à plusieurs niveaux, des producteurs d’équipements aux micro-entrepreneurs, en passant par les institutions de microfinance. À l’échelle d’un pays, l’objectif visé à long terme est le développement d’un secteur de l’énergie verte. Pour que ce secteur devienne autonome et viable, il faut d’une part développer la demande – c'est-à-dire conscientiser la population à l’existence de ces équipements et aux possibilités qu’ils ont de les acquérir. D’autre part, il faut soutenir les producteurs d’équipements et les institutions de microfinance pour qu’ils soient en mesure de répondre à la demande, avec des produits et services adaptés, tâche à laquelle s’attèlent ADA et ses partenaires.

Par ailleurs, l’approche est pensée au-delà du projet pilote mené au Pérou. L’idée est de développer un business model dont pourront s’inspirer d’autres institutions de microfinance à travers le monde, dans des régions où l’accès à l’énergie fait défaut. La possibilité de répliquer l’initiative en Afrique de l’Ouest et en Asie est d’ailleurs déjà à l’étude. Les équipements commercialisés — lampes solaires ou biodigesteurs par exemple — seront choisis en fonction des besoins des populations bénéficiaires.