Michel Wurth, président du conseil d’administration d’ArcelorMittal Luxembourg, s’inquiète du risque d’une guerre commerciale généralisée. (Photo: Maison Moderne /archives)

Michel Wurth, président du conseil d’administration d’ArcelorMittal Luxembourg, s’inquiète du risque d’une guerre commerciale généralisée. (Photo: Maison Moderne /archives)

Monsieur Wurth, quelles sont les conséquences possibles des mesures prises par Donald Trump concernant les importations d’acier et d’aluminium?

«Les exportations européennes d’acier vers les États-Unis sont généralement limitées. Il s’agit pour l’essentiel de produits de niche que les Américains sont incapables de produire eux-mêmes. À ce niveau, l’impact pourrait donc être assez limité. Sur le plan global, il faut espérer que l’on pourra éviter une guerre commerciale internationale, ce qui serait une catastrophe pour tout le monde. Enfin, au niveau des États-Unis eux-mêmes, l’acier deviendra plus cher. Les transformateurs d’acier nationaux deviendront moins compétitifs. Cela implique, dans certains cas, de recourir à des produits de substitution. Dans le bâtiment, par exemple, on pourrait voir le béton remplacer les poutrelles en acier.

Pour ArcelorMittal Luxembourg, le marché américain est important?

«Oui, il représente 10% de nos exportations. C’est une part non négligeable. Nous envoyons des produits de niche à haute valeur ajoutée, tels que les poutrelles Jumbo, qui servent à la construction des tours, et les palplanches, surtout utilisées dans les ports.

Nous envoyons vers les États-Unis des produits de niche à haute valeur ajoutée.

Michel Wurth, président d’ArcelorMittal Luxembourg

Vous imaginez développer des parades?

«Nous allons d’abord étudier la mesure dans le détail. Il semble qu’elle prévoie qu’un entrepreneur américain qui aurait un réel besoin de certains produits qu’il ne peut pas trouver sur le marché américain puisse quand même recevoir l’autorisation de les acheminer sans devoir payer ces taxes. Pour le reste, nous sommes en contact avec les autorités luxembourgeoises, et particulièrement le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn. La position européenne est de dire que c’est un problème qui relève de l’Organisation mondiale du commerce, c’est donc la Commission européenne qui est compétente pour défendre les intérêts des entreprises concernées.

Le principal risque se situe-t-il au niveau des exportations vers les États-Unis, ou est-ce plutôt le risque de voir les produis chinois bifurquer vers l’Europe?

«La première conséquence sera une diminution des exportations de produits d’acier vers les États-Unis. Des droits de douane de 25%, on ne pourra pas les absorber. Ensuite, il risque effectivement d’y avoir des effets induits. Les fabricants d’acier de pays tiers vont devoir essayer de trouver de nouveaux marchés. La question est donc de savoir si l’Europe ne devrait pas prendre des clauses de sauvegarde contre cet éventuel afflux de produits fabriqués hors de l’espace européen.»