En master, Khouloud Fortas s’est penchée sur la stratégie RSE. Son mémoire a épaté le jury du MLQE. (Photo: MLQE)

En master, Khouloud Fortas s’est penchée sur la stratégie RSE. Son mémoire a épaté le jury du MLQE. (Photo: MLQE)

Madame Fortas, comment décririez-vous votre projet en quelques mots?

«L’entreprise a pour objectif d’être rentable en créant de la valeur financière et extrafinancière. Le contexte de mondialisation dans lequel nous vivons actuellement pousse les acteurs économiques à être plus compétitifs, mais également à intégrer d’autres types de préoccupations. La démarche de responsabilité sociale des entreprises (RSE) – concept encore flou pour beaucoup d’entreprises – permet d’allier ces deux aspects en créant de la valeur ‘partagée’. Il manque néanmoins des outils d’aide à la décision qui permettent d’englober et d’identifier la valeur extrafinancière à travers l’ensemble du capital ‘immatériel’ de l’entreprise tout en intégrant la RSE.

Faire de la RSE un facteur de performance.

Khouloud Fortas, responsable de la démarche RSE chez LSC Engineering Group

Le sujet de mon mémoire de fin d’études a donc été de mettre la stratégie RSE au service de la compétitivité qualitative. J’ai mené une réflexion sur l’approche RSE en tant que démarche d’amélioration continue à travers le suivi des actifs immatériels d’une entreprise. En résumé, l’objectif de mon projet est de mettre en place une évaluation responsable, qualitative et extrafinancière de la performance d’une entreprise. J’aimerais démontrer qu’il est possible de faire de la RSE un facteur de performance à condition que celle-ci soit intégrée dans la stratégie d’entreprise. Une collaboration étroite est nécessaire avec le top management, c’est-à-dire le principal organe décisionnel (conseil d’administration, gérants) afin de réfléchir à une ‘combinaison gagnante’ dans la définition des objectifs stratégiques.

Offrir un outil d’aide à la décision, simple et intuitif.

Khouloud Fortas, responsable de la démarche RSE chez LSC Engineering Group

Il existe néanmoins deux principaux freins à l’adoption d’une approche RSE: la méconnaissance du concept et le scepticisme envers son efficacité. Les entreprises ne manquent pas de volonté, il est clair qu’elles aimeraient ‘bien faire ET bien gagner’, mais cela engendre des coûts et du temps. Le projet sur lequel je travaille se propose donc d’offrir un outil d’aide à la décision, simple et intuitif, à travers l’identification des sources de valeur immatérielles.

Quels sont les points forts de ce projet?

«Il existe déjà des méthodes et des théories sur la composition du capital immatériel d’une entreprise, mais aucune d’elles n’intègre la démarche RSE. Je suis partie sur la base d’un questionnaire développé dans le cadre d’une analyse comptable du capital immatériel (développé par un dénommé Stéphane Quere), je me suis également renseignée sur la typologie des actifs immatériels, notamment par le biais des études menées par l’Ordre des experts-comptables (en France) et l’Observatoire de l’immatériel.

Le principal point fort de mon projet est son caractère à la fois holistique et ciblé.

Khouloud Fortas, responsable de la démarche RSE chez LSC Engineering Group

La phase la plus délicate du projet a été la sélection des actifs immatériels considérés comme ‘stratégiques’. En effet, cela varie d’une entreprise à l’autre, l’intérêt est donc de pouvoir sélectionner une typologie qui est représentative de l’activité et de la taille de l’entreprise. Je dirais donc que le principal point fort de mon projet est son caractère à la fois holistique et ciblé. Les différentes fonctions de l’entreprise sont évaluées (structure générale, production, comptabilité et finance, juridique, etc.) ainsi que l’ensemble des composantes contribuant à la création de valeur au sens large telles que les thématiques liées à la démarche RSE (sociales, environnementales et de gouvernance), les relations avec les salariés, les clients, les partenaires et autres parties prenantes.

L’autre point fort qu’on peut citer est la simplicité et l’automatisation de l’outil d’analyse du capital immatériel (ACI) qui a été développé. Actuellement, c’est un fichier qui intègre non seulement le questionnaire après modification et intégration des enjeux RSE, mais également un système de notation permettant d’identifier les forces et faiblesses en fonction de chaque catégorie d’actifs.

Enfin, le dernier point fort du projet est la centralisation des informations relatives à l’environnement interne et externe de l’entreprise dans une seule et même analyse. Grâce à l’outil ACI, il est possible de présenter les résultats sous forme d’une matrice quantitative, une matrice qualitative et une matrice Swot (forces, faiblesses, opportunités et menaces). Cette dernière tire ses opportunités et menaces d’une analyse de l’environnement externe appelée Pestel (politique, économique, sociologique, technologique, écologique, légale). Le top management peut ainsi prendre des décisions éclairées et optimiser ses chances d’évoluer efficacement.

Quel impact pensez-vous que cette distinction aura sur votre activité?

«À vrai dire, le but premier de ma participation à ce concours était avant tout de partager ma vision de la RSE, l’importance qu’elle peut avoir dans le management stratégique et opérationnel, et surtout la nécessité d’évoluer vers un système de croissance plus durable. J’étais déjà très satisfaite d’avoir été sélectionnée, ma joie n’en était que plus grande lorsque j’ai gagné le prix. Cette distinction me permet de faire connaître le travail que j’entreprends et que je continue de développer.

La création de ce poste rend compte d’une volonté de l’entreprise à aller plus loin dans la démarche.

Khouloud Fortas, responsable de la démarche RSE chez LSC Engineering Group

Quelles sont vos ambitions pour les années à venir?

«Passer de stagiaire à responsable dans mon domaine d’étude est déjà un grand bond en avant! Le poste a spécialement été créé après mon stage. En effet, l’ensemble des actions RSE étaient concrétisées par des membres de l’entreprise dont le corps de métier était différent (ingénieurs, responsables des ressources humaines, etc.). La création de ce poste rend compte d’une volonté de l’entreprise à aller plus loin dans la démarche, je compte donc rester, relever le challenge et gagner en expérience. J’ai du mal à me complaire dans la routine, mais comme j’ai des idées plein la tête, je pense que j’ai de quoi faire pendant encore quelques années. Pour la suite, on verra bien ce que l’avenir me réserve…»