Yves Mersch serait le bouc émissaire «des pseudo féministes et des ennemis de l’euro». (Photo: Europaparliament)

Yves Mersch serait le bouc émissaire «des pseudo féministes et des ennemis de l’euro». (Photo: Europaparliament)

Non, et encore non. Après l’avis négatif de la commission Econ — malgré un long plaidoyer de l’intéressé – sur Yves Mersch, appelé à entrer au directoire de la banque centrale européenne, c’est l’ensemble des eurodéputés, au Parlement de l’Union à Strasbourg, qui dit non au banquier central luxembourgeois.
Plus exactement, ce n’est pas l’ensemble des députés, mais une courte majorité, qui s’oppose à la nomination de Mersch : 325 voix contre, 300 voix pour, et 49 abstentions qui, du coup, ont une lourdeur diplomatique accrue.

Car si le Parlement européen a rejeté la nomination du Luxembourgeois au directoire de la BCE, ce n’est toujours pas parce qu’il doute des compétences de l’homme, mais pour protester contre l'absence totale de femmes au sein de cette instance, ce qui arriverait si le poste vacant était dévolu à Yves Mersch.

Avis consultatif

En tout cas, les groupes libéraux et socialistes essentiellement, en appelant à voter contre la nomination, entendaient rappeler que le Parlement européen réclame depuis des mois au Conseil (qui représente les gouvernements) non pas un nom, mais une liste de noms, comprenant aussi des femmes.

En outre, si cet avis parlementaire n'est que consultatif dans la procédure, et si le candidat luxembourgeois jouit de soutiens politiques appuyés au sein des gouvernements des États membres, le double non devrait embarrasser ces mêmes gouvernements de l'Union. Ce sont eux qui ont à charge de désigner, au bout du compte, les membres de la BCE. Mais aller systématiquement à l’encontre de leurs élus ferait tache dans un tel dossier.

Ainsi, Yves Mersch, 63 ans, choisi par les ministres européens des Finances pour succéder à l'Espagnol José Manuel González Paramo, se retrouve dans le rôle ingrat du filet dans la partie de ping-pong. Les représentants des 17 gouvernements de la zone euro ont désormais le choix de prendre en compte le vote du Parlement ou de passer outre… et de confirmer M. Mersch.

Bouc émissaire

« Il nous faut davantage que des négociations boiteuses et des promesses insatisfaisantes, si nous voulons obtenir la parité au sein de la BCE. Il s'agit d'une question qui touche de nombreuses institutions publiques, et pas seulement la BCE », a affirmé, pour sa part, la présidente de la commission des Affaires économiques du Parlement, la Britannique Sharon Bowles, citée par l’AFP.

Quant à l’eurodéputé luxembourgeois Robert Goebbels, qui évoque un « vote minimaliste », il commente l’affaire sous un autre jour. « La BCE est la banque centrale de la zone euro, à laquelle appartiennent 17 pays, représentés au Parlement par 481 députés. 273 députés viennent de pays non membres de la zone euro. Ces derniers ont également participé à ce vote, qui ne concernait, en fait, que la seule zone euro. Parmi ces 273 députés il y a beaucoup d'anti-européens, qui ont voté contre M. Mersch, bouc émissaire non seulement pour de pseudo féministes, mais également pour les ennemis de l'Europe, et, surtout, de l'euro. »