Fritz Schmitt (Medentic): «Nous avons un produit qui peut apporter quelque chose au Luxembourg» (Photo : Christian Wilmes)

Fritz Schmitt (Medentic): «Nous avons un produit qui peut apporter quelque chose au Luxembourg» (Photo : Christian Wilmes)

Établie à Wasserbillig, la société travaille sur la mise au point d’un appareil révolutionnaire dans le domaine de la prise d’empreinte dentaire.

Le Luxembourg, terre d’accueil d’une technologie qui pourrait révolutionner le monde médical, en particulier l’orthodontie ? Peut-être. Le projet iTray, développé par la société Medentic, établie à Wasserbillig depuis 2006, se profile en tous les cas comme une incroyable avancée dans le domaine de la conception d’implants et de prothèses dentaires. À son origine, Fritz Schmitt, un inventeur en série allemand, qui a déjà déposé une vingtaine de brevets au cours du dernier quart de siècle.

Technicien dentaire de formation, il connaît les besoins à la fois des patients et des professionnels, mais aussi les freins que ses inventions peuvent susciter. « Je me suis aperçu que si ces produits bousculent la logique économique existante, alors l’in­dustrie n’en veut pas, explique-t-il. Maintenant, j’ai un certain âge et l’iTray, c’est mon bébé. Je veux le voir implanté, car le marché attend un tel produit. »

La conception de prothèses ou d’appareils dentaires se base généralement sur un moulage de la mâchoire dans une matière à mi-chemin entre la pâte à modeler et le plâtre, que le patient doit mordre pendant de longues minutes. Puis est venue la digitalisation directe des données au moyen de scanners ou de caméras numériques, nécessitant une formation spéciale et ne garan­tissant pas un résultat systématiquement optimal compte tenu des nombreuses imperfections de la matière photographiée.

iTray, c’est un porte-empreinte classique en apparence, mais truffé de micro-caméras digitales, qui peuvent directement mesurer et enregistrer la forme des dents, puis transmettre ces informations à un ordinateur qui transforme le tout en images 3D. « Pour le patient, c’est plus confortable, et pour le professionnel, c’est facile, car l’utilisation de l’appareil ne nécessite qu’une très courte formation. Et le résultat obtenu est fiable », assure M. Schmitt.

À la recherche de fonds

Présenté il y a trois ans au salon professionnel IDS à Cologne, dans un petit stand de quelques mètres carrés, le concept théorique a été développé et en est arrivé à la phase prototype. L’instant est crucial pour Medentic, confrontée à l’étape charnière de l’appel de fonds pour passer à la vitesse supérieure. « Nous avons trouvé beaucoup de gens qui soutiennent notre produit et qui nous accompagnent, que ce soit le ministère ou Luxinnovation. Mais le volet financier, l’appel aux investisseurs, c’est en revanche plus compliqué. »

Au ministère de l’Économie, Mario Grotz, conseiller de direction à la DG Développement économique, industrie et entreprises, suit en effet le dossier de près. « Nous attendons encore les derniers éléments pour savoir si ce dossier est éligible pour une aide à la recherche et au développement ou s’il répond davantage au régime cadre des jeunes entreprises innovantes, explique-t-il. Une fois tous les éléments réunis, l’octroi de l’aide peut être décidé endéans quatre semaines, en général à hauteur d’un tiers des besoins exprimés. »

Fritz Schmitt souhaite pourvoir retourner, en 2013, au salon IDS de Cologne pour présenter iTray en mode démonstration. Il espère aussi et surtout poursuivre cette aventure au Grand-Duché. « Nous avons un produit qui peut apporter quelque chose au pays. Nous avons envie d’y développer une politique de niche, de créer des emplois, d’apporter un nouveau secteur, une diversification. »

Ce n’est pas Jacques Hornbeck qui dira le contraire. Fondateur d’Alkom Digital au Luxembourg, société spécialisée dans la digitalisation et l’usinage d’implants et de prothèses dentaires, il a rencontré M. Schmitt il y a trois ans au salon IDS et garde un œil attentif sur l’évolution de ce projet : « On utilise souvent le terme ‘révolutionnaire’ de manière exagérée. Mais si iTray va au bout de son développement, ce sera vraiment le cas. Car tous les systèmes de caméra digitale intra-buccale existants pourront être directement jetés à la poubelle. »