Un MBA coûte très cher: il faut compter environ 80.000 euros par an, selon Marc Niederkorn (McKinsey), sachant que, pendant l'année ou les deux années d'études, l'ancien salarié ne touche plus de rémunération, si ce n'est pour les stages d'été, pour lesquels il peut espérer percevoir entre 8.000 et 15.000 euros. "C'est un risque de faire un MBA. Celui qui s'engage est prêt à trouver le financement. Les aides publiques sont très faibles, elles ne représentent guère que 3% du budget. Toute la valeur se trouve déjà dans le fait d'être accepté à un MBA. En outre, cet investissement montre que l'on a confiance en soi", ajoute M. Niederkorn.
Beaucoup de modèles de financement sont applicables: négocier un signing bonus lorsque l'on est engagé, qui permet ainsi de rembourser, en partie, le prix des études. Il arrive que des entreprises donnent un coup de pouce à leur employé, à condition que celui-ci s'engage à revenir. Ce cas de figure est plutôt rare, car l'une des motivations principales à se lancer dans un MBA, c'est la réorientation professionnelle. Ce qui ne veut pas dire que ce modèle ne se développera pas et que les grosses sociétés en manque de MBA n'inciteront pas les plus motivés de leurs employés à embrasser ce cursus. Ainsi, Fortis mène actuellement des discussions en interne à ce sujet. Marc Lenert, membre du comité de direction de Fortis Luxembourg estime d'ailleurs que l'investissement serait rentable sur cinq ans.
Le meilleur moyen reste encore le prêt auprès d'une banque, qui comprenne qu'il s'agit d'un bon investissement. A côté de cela, l'Etat luxembourgeois accorde, à travers le Cedies, des aides financières pour études supérieures.
"Il n'y a pas de limite d'âge. Le législateur l'a clairement voulu ainsi, afin de favoriser le lifelong learning. Il faut être inscrit dans un cycle d'études supérieures, peu importe le pays. La seule condition, c'est que la formation soit reconnue comme études supérieures dans le pays dans lequel elle sera suivie", explique la directrice du Cedies, Dominique Faber.
Et ces aides étatiques s'adressent aux résidents, qu'ils soient luxembourgeois, ressortissant d'un pays membre de l'UE, d'un Etat tiers et résidant depuis au moins cinq ans dans le pays, ou réfugié politique.
"Le principe général de l'aide financière se compose de deux parties: une bourse et un prêt. Le montant de base, indexé chaque année, est identique pour tout le monde", explique Mme Faber. En 2006 2007, le montant maximal atteignait 7.331 euros par année académique pour les moins de 27 ans et 9.812 euros pour les autres.
Une pondération s'opère entre la bourse et le prêt, en fonction du revenu imposable de la personne. Si celui-là est très élevé, il se peut qu'il ne perçoive pas de bourse, mais reçoive 100% du montant sous forme de prêt. Dans le cas contraire, un maximum de 50% de l'aide sera accordé sous forme de bourse.
Pour les étudiants qui suivent un MBA, si la personne arrête de travailler, elle recevra le maximum bourse et prêt, si elle conserve son emploi et suit un MBA en cours du soir, il sera tenu compte du revenu de l'année précédente.
"Par exemple, un étudiant de plus de 27 ans sans enfant, n'aura pas droit à la bourse si son revenu annuel imposable est de 36.000 euros, mais il percevra 9.812 euros en prêt. Un étudiant de plus de 27 ans avec un enfant devra toucher au moins 47.500 euros par an pour ne pas percevoir de bourse. Avec deux enfants à charge, son salaire ne devra pas dépasser 59.500 euros, explique Mme Faber.
Les frais d'inscription ne sont pas pris en compte dans le calcul des revenus et peuvent être pris en charge à hauteur de 3.700 euros maximum par an. Ces frais sont ajoutés pour moitié à la bourse et pour moitié au prêt", ajoute-t-elle.
Le prêt bénéficie d'un taux fixe de 2%. La différence avec le taux d'intérêt réel (qui est de plus de 4%) est prise en charge par l'Etat. L'étudiant a ensuite dix ans pour rembourser ce prêt - cinq ans s'il a plus de 35 ans -, après une période moratoire de deux ans.
Le Cedies, créé en 1999 avec pour missions d'informer sur l'enseignement supérieur et gérer les aides financières de l'Etat, reçoit environ 7.500 dossiers d'aides par an, mais seulement une douzaine, sur les deux dernières années, concernant des MBA. Deux délais sont à respecter: introduire sa demande avant le 31 octobre et fournir les documents d'inscription pour le 30 novembre.
"La loi du 22 juin 2000, qui régit les aides financières, prévoit aussi les primes d'encouragement, à
savoir un montant attribué aux étudiants qui ont accompli leurs études dans la durée officielle", ajoute
Mme Faber. En ce qui concerne le MBA, il s'agit d'un 3e cycle, elle est de 2.000 euros par an. Le maximum étant de 8.000 euros pour les doctorants.
Durant l'année académique 2005-2006, le Cedies a reçu 7.380 demandes d'aides financières, dont 53,24% provenant de femmes, et 7.095 d'entre elles ont été accordées, pour un montant total de 9,88 millions d'euros sous forme de bourses et de 42,8 millions sous forme de prêts. Par ailleurs, les frais d'inscription pris en compte se sont élevés à 3,75 millions d'euros.