Richard Karacian, CEO de Maison Moderne, et Matthieu Croissandeau, directeur éditorial. (Photo: Maison Moderne / Jan Hanrion)

Richard Karacian, CEO de Maison Moderne, et Matthieu Croissandeau, directeur éditorial. (Photo: Maison Moderne / Jan Hanrion)

Matthieu Croissandeau, une première question en mode «pitch». Présentez-vous aux lecteurs de Paperjam en 10 mots-clés.

«C’est un exercice difficile, mais allons-y! Journalisme. Curiosité. Rigueur. Optimisme. Indépendance. Politique. Économie. Magazine. Créativité. Humour.

Vous rejoignez Maison Moderne pour occuper le poste-clé de directeur éditorial, pour l’ensemble des marques médias de l’entreprise. Pourquoi avoir accepté ce défi?

«J’ai d’abord été séduit par la qualité des articles et des contenus, que ce soit sur papier ou sur écran. Je suis aussi assez admiratif de l’écosystème particulier qu’a su créer Maison Moderne. Alors que le secteur de la presse est en pleine phase de transformation, voire de crise pour certains titres, Maison Moderne a su tirer son épingle du jeu avec audace et inventivité.

Mais ce sont surtout les valeurs du groupe qui m’ont parlé. Ma rencontre avec son fondateur, Mike Koedinger, ainsi que les nombreux échanges que j’ai pu avoir avec le CEO Richard Karacian ont été déterminants. J’ai trouvé chez eux de la passion, de l’audace et un très grand professionnalisme. Toute l’équipe travaille avec une mentalité d’outsider, même si les titres de Maison Moderne sont leaders dans leur segment. Cet état d’esprit permet l’expérimentation et l’innovation. C’est un atout essentiel pour permettre à une entreprise média de poursuivre sa croissance. 

L’indépendance est un critère fondamental et non négociable.

Matthieu Croissandeau, directeur éditorial, Maison Moderne

La valeur d’indépendance propre à Maison Moderne vous a aussi convaincu?

«L’indépendance est un critère fondamental et non négociable. Elle est à la fois la condition du bon exercice de notre métier et la garantie de la promesse que nous faisons chaque instant à nos lecteurs. Nous ferons donc tout pour continuer à la préserver. 

Parlez-nous de votre parcours. Quelles ont été les étapes principales de votre carrière avant d’arriver au Luxembourg? 

«J’ai suivi des études littéraires puis d’histoire ancienne avant d’intégrer une école de journalisme. J’ai travaillé durant 15 ans au Nouvel Observateur. Ce long chapitre m’a permis de toucher aux exercices de l’enquête, du portrait, du grand reportage dans différentes matières en France et à l’étranger, avec un attrait particulier pour l’économie et la politique. 

En 2011, je me suis frotté à un autre exercice qu’est celui de rédacteur en chef d’un grand quotidien populaire, à savoir Le Parisien. Et puis en 2014, je suis revenu au Nouvel Observateur pour en diriger la rédaction. J’ai piloté une refonte du titre, qui est devenu L’Obs, ainsi qu’une nouvelle formule récompensée en 2015 par le prix du magazine de l’année. Cette transformation de l’offre éditoriale (print et web) s’est doublée d’une adaptation du modèle économique qui a permis au titre de redevenir bénéficiaire l’an dernier, pour la première fois depuis 2004. J’ai par ailleurs travaillé comme chroniqueur ou co-intervieweur dans de nombreuses chaînes de télévision et stations de radio françaises. Ce qui je pense me donne une vision assez complète des différentes facettes de notre métier et de l’univers médiatique.

Je compte naturellement m’inscrire dans la continuité et l’histoire du groupe, mais en faisant évoluer chaque marque média.

Matthieu Croissandeau, directeur éditorial, Maison Moderne

Que retirez-vous de ces différentes expériences?

«J’ai toujours eu envie de créer. Je me suis rendu compte qu’il valait mieux occuper des postes à responsabilités pour transformer les choses en emmenant les équipes dans les projets. Mon style de management est basé sur l’enthousiasme et la rigueur. Je veux transmettre cette approche aux équipes qui ont la chance d’exercer un des plus beaux métiers du monde qu’est celui de journaliste.

Quelles seront vos prérogatives chez Maison Moderne?

«Le CEO de Maison Moderne, Richard Karacian, m’a demandé de diriger l’ensemble de l’offre éditoriale de l’entreprise. Je serai donc responsable des contenus. Je compte naturellement m’inscrire dans la continuité et l’histoire du groupe, mais en faisant évoluer chaque marque média, en étroite collaboration avec la vingtaine de collaborateurs du pôle édition de Maison Moderne.

Paperjam ne doit pas être interchangeable.

Matthieu Croissandeau, directeur éditorial, Maison Moderne

Comment définir la place d’un titre comme Paperjam dans le contexte de transformation digitale que connaît la presse?

«Paperjam possède une identité et un modèle économique qui en font une marque irremplaçable au Luxembourg. Comme tous les titres de presse, il doit composer avec la transformation digitale et, par conséquent, l’enjeu de la temporalité de l’information. Comment faire vivre un magazine tout en proposant de l’information en continu? Il est évidemment possible de faire les deux en choisissant des stratégies adaptées. 

Ceci dit, la transformation digitale doit avant tout être pensée comme une chance, une opportunité unique d’expérimenter autour d’une offre éditoriale qui, rappelons-le, doit être conçue pour répondre aux besoins des lecteurs. Dans un monde où chacun est très sollicité par les écrans, Paperjam doit se distinguer par son identité, en misant sur l’exclusivité des informations proposées, car Paperjam ne doit pas être interchangeable.


Richard Karacian, CEO de Maison Moderne; Matthieu Croissandeau, directeur éditorial de Maison Moderne, et Thierry Raizer, rédacteur en chef de Paperjam.

Quel est l’accent particulier que vous souhaitez apporter lors de votre prise de fonction? 

 «J’arrive avec humilité et beaucoup de respect pour le travail effectué par Maison Moderne.

Comment abordez-vous votre «nouvelle vie» au Luxembourg?

«Avec curiosité et une grande envie de découvrir en profondeur la vie du pays, ses spécificités, le fonctionnement des milieux politique et économique. C’est un défi passionnant de débuter une nouvelle étape dans un pays à la fois différent, mais en même temps pas si éloigné que cela de mon pays d’origine. Je veux me retrouver dans cette identité luxembourgeoise qu’il faut respecter. Je pense que mon grand appétit de découverte devrait m’y aider!»