Le bon vieux stade Barthel est toujours d’actualité. Et le match pour sa succession alimente la tribune politique. (Photo : Racing.lu)

Le bon vieux stade Barthel est toujours d’actualité. Et le match pour sa succession alimente la tribune politique. (Photo : Racing.lu)

Ce vendredi soir, débute le championnat d’Europe des nations. Avoir la Grèce pour donner le coup d’envoi de l’Euro se jouant à l’est, cela relève déjà du symbole, voire du clin d’œil malicieux. Le Luxembourg n’est certes pas qualifié pour cet Euro, pour celui du foot en tout cas. Mais les questions de stades et de gros sous, on connaît. Elles commencent sérieusement à déborder des vestiaires. Et la coupe est déjà presque pleine !

L’affaire dite de Livange-Wickrange n’en finit plus de rebondir comme un ballon fou. Il est clair que cette partie-là n’est pas finie, parce qu’elle se joue aussi – surtout ? – sur le terrain politique. Si elle devait aller plus loin, le tribunal arbitral du sport n’y suffirait pas.

Les forces en présence dans ce match obscur peuvent d’ailleurs paraître saugrenues, de prime abord. Le club CSV-LSAP, avec son maillot orange et rouge que certains trouvent toujours d’un goût douteux, a tendance à botter en touche, assez systématiquement. Ce faisant, il casse le jeu et, surtout, semble se priver de toute velléité de contre-attaque. La stratégie de Juncker - à la fois porteur du brassard de capitaine et chargé de coacher l'équipe gouvernementale -, régulièrement appelé à quitter le tableau noir pour monter à la tribune, serait-elle de jouer la montre ?

En face, il y a une opposition qui semble déjà secouée par le mercato. En tout cas, les vedettes semblent vouloir se mettre en valeur sous les projecteurs médiatiques, comme pour attirer le regard de quelque manager fortuné. Doit-on s’attendre à un rachat qatari ? Ou à de gros transferts ? Ou à la mise sur la touche de quelques vieilles gloires ? La levée de drapeaux suffira-t-elle à décréter qu’il y a des attaquants hors-jeu et des défenseurs en retard ?

En tout cas, on voit d’improbables une-deux entre tuniques vertes et vareuses bleues, suivant ou précédant des échappées en solo, d’un élu écologiste ou d’un leader DP. Le jeu est rugueux, les tackles se font à hauteur de genou et tous les coups ne sont pas francs.

C’est décidément une étrange joute, dont les enjeux sont flous. On ne sait plus très bien qui sont les meneurs de jeu. Et on n’est pas sûr que le public-citoyen se passionne pour toutes les phases au demeurant. Dans les loges, comme sur les barrières latérales arborant le nom des parrains, on pressent un ballet, de banquiers, de promoteurs, d’administrateurs, de hauts fonctionnaires, d’amis-ennemis.

La qualité s’en ressent. Les débats s’enlisent un peu au milieu du terrain. La nouvelle enceinte, pendant ce temps, demeure au stade des promesses.

L’opposition a placé de nouvelles banderilles et, en évoquant corruption et jeu d’influence, diffuse des parfums sulfureux aux relents de foot italien. La semaine prochaine, l’équipe au pouvoir pourra espérer le match retour. Le premier ministre-avant centre fera sa séance de dribbles le 13 juin, face aux députés. Sera-t-il suffisamment offensif pour enflammer ses supporters ? Sera-t-il assez tacticien pour calmer le jeu ? But atteint, penalty manqué ou l’inverse ? Les juges feront-ils la ligne ? Les spectateurs et les commentateurs seront les arbitres. Les paris sont ouverts. Mais il se dit déjà, chez de discrets bookmakers, que l’on risque le match nul.