Avec ses jouets, Marko Pavlovic est en train de conquérir le monde. Il voit le puzzle comme un symbole de la vie. (Photo: DR)

Avec ses jouets, Marko Pavlovic est en train de conquérir le monde. Il voit le puzzle comme un symbole de la vie. (Photo: DR)

Né en 1981, Marko Pavlovic n’a pas vraiment connu le communisme, ni la guerre. Il est un pur produit de cette nouvelle génération qui parle anglais, connaît les règles du marché et du commerce international et n’éprouve aucun complexe vis-à-vis de la vieille Europe. Il était de passage au Luxembourg comme un ambassadeur de la Croatie dans le cadre des festivités liées à l’adhésion de son pays à l’Union européenne.

Marko Pavlovic, comment êtes-vous devenus designer et pourquoi avoir créé des jouets?

«J’ai commencé à travailler à Zagreb dans le graphisme, mais j’ai toujours été attiré par le design d’objet. Alors en 2005, j’ai quitté mon emploi pour reprendre des études à l’école de design de Zagreb qui dépend de la faculté d’architecture. Dans le cadre d’un appel à projet, j’ai proposé le OBLO: un puzzle sous forme de sphère destiné aux enfants à partir de cinq ans. J’ai eu de la chance: mon projet a été classé troisième sur l’ensemble de l’Europe, et s’est attiré pas mal de presse… Avant même que j’aie fini mes études, j’étais contacté par un fabricant canadien qui voulait produire le jouet. OBLO est sorti en 2009, a raflé un Red Dot Design en 2011 et est désormais vendu dans le monde à 35.000 exemplaires. L’univers de l’enfance est un des rares domaines qui ne subit pas la crise: tout le monde continue à faire des enfants et à vouloir les choyer. Aussi, j’ai développé un nouveau puzzle, Logiq Tower, toujours avec le fabricant canadien Great Circle Works. C’est un casse-tête en bois, qui évoque un peu un Tetris en trois dimensions. Il sera sur le marché dans les semaines à venir.

Le fait de créer des puzzles et casse-tête est-il un symbole de votre pays?
«C’est plutôt un symbole de la façon dont je considère la vie: tout doit s’emboîter dans un certain ordre, il faut faire preuve d’imagination, de créativité et de doigté. La Croatie est, je crois, un bel exemple de cette façon de fonctionner. Nous n’avons pas attendu que l’Europe nous accepte, nous avons été de l’avant, selon nos propres modèles. Même si je pense que ça a été bien long et que certains pays nous ont grillé la priorité… C’est pour cela que j’ai accepté de servir d’ambassadeur pour célébrer l’adhésion de la Croatie à l’Europe: il faut montrer qu’il y a des projets qui fonctionnent…

Le design a-t-il le vent en poupe en Croatie? Est-il reconnu et aidé par les autorités?
«L’image de la Croatie est encore trop liée au tourisme: les eaux transparentes, les nombreuses îles, les sites classés Unesco… Mais tout ça, c’est un acquis. À préserver, certes, mais, il nous faut passer à autre chose. Je rêverais que mes objets soient fabriqués dans mon pays, ou du moins en Europe, que la scène du design se développe et devienne un modèle. Nous avons ce qu’il faut pour cela: des personnes de talent et des entreprises qui veulent travailler dans le domaine, mais les autorités ne sont pas encore prêtes à jouer cette carte. Le design, l’architecture contemporaine peuvent devenir des piliers de notre économie dans le futur.»

www.greatcircleworks.com